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L’inflation pousse de petits commerces à fermer leurs portes dans le Sud-Ouest

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Les propriétai­res de petites entreprise­s de Windsor-Es‐ sex disent qu'ils ont du mal à se maintenir à flot dans un contexte de flambée des prix des produits ali‐ mentaires et de change‐ ment des habitudes des clients.

Robbie Bornais, proprié‐ taire de Robbie's Sausage Company, va fermer son en‐ treprise à la fin de l'année, après neuf ans d'existence.

C’est tellement triste. J’adore ce que je fais. Mais c’est bien la vie, explique-t-il.

Il explique avoir tenté d'augmenter les prix pour es‐ sayer de couvrir le manque à gagner dû à l'inflation, sans succès.

Depuis le mois d'août 2021, on a perdu au-dessus de 1000 clients ; une moyenne de 44 $ par consommate­ur, ce qui équivaut à mon salaire, constate Robbie Bornais.

Il n'y a personne à blâmer, c’est juste l'état de l’économie.

On a perdu beaucoup d’ar‐ gent.

Robbie Bornais, proprié‐ taire de Robbie's Sausage Company

Pourtant, ce n'est pas l'in‐ térêt du public pour son com‐ merce qui manque.

Si vous regardez Google, nous avons plus d'avis posi‐ tifs cinq étoiles. Notre popula‐ rité et le respect dont nous jouissons sont donc très éle‐ vés, souligne-t-il.

M. Bornais est loin d'être le seul à fermer les portes de sa boutique avant la fin de l’an‐ née.

L'enseigne Bad Witch Bake‐ ry mettra la clé sous la porte à la même date.

La décision était dure à prendre, confie sa proprié‐ taire Gabby Jedlinski.

Face aux pénuries d'ap‐ provisionn­ement, l'inflation et l'épuisement lié à la gestion d'une petite entreprise, c'en était trop.

Gabby Jedlinski, proprié‐ taire de Bad Witch Bakery

C'est épuisant [...] On a l'impression de courir prati‐ quement un marathon tous les jours, explique-t-elle.

D'autres fermetures à prévoir

Selon le PDG de la Chambre de commerce de Windsor-Essex, Rakesh Naidu, les nouvelles ne sont malheu‐ reusement pas bonnes pour les petites entreprise­s. Selon lui, la courbe de l'inflation est inquiétant­e.

Certains des ingrédient­s très normaux qu'ils utilisent, par exemple l'huile de canola a augmenté de 135 %, ex‐ plique M. Naidu.

Ils sont coincés. Ils ont un coût d'entrée énorme et ils ne peuvent pas vraiment réper‐ cuter ce coût sur le client final.

Rakesh Naidu, PDG de la Chambre de commerce de Windsor-Essex

Pour lui, le niveau élevé d'inflation, les coûts élevés à tous les niveaux et les pro‐ blèmes récurrents de maind'oeuvre constituen­t un véri‐ table casse-tête, même pour ceux qui tiennent encore, af‐ firme -t-il.

Adriano Ciotoli, fondateur de Windsor Eats, met en va‐ leur les restaurant­s et les bars de Windsor-Essex par le biais de son site Web et de ses vi‐ sites gastronomi­ques.

Il n'est pas très optimiste pour les prochains mois.

Nous connaisson­s de nombreuses entreprise­s qui sont en train de planifier l'an‐ nonce de leur fermeture, af‐ firme-t-il.

M. Ciotoli dit connaître d'autres propriétai­res de pe‐ tites entreprise­s qui ont dû prendre un deuxième emploi pour payer le personnel parce qu'il n'y a pas assez de reve‐ nus.

Windsor Eats existe depuis plus de 18 ans, et c'est proba‐ blement la pire année que nous ayons connue.

Adriano Ciotoli, fondateur de Windsor Eats

Selon M. Ciotoli, les habi‐ tudes des clients ont changé depuis la pandémie.

Carley Noelle a ouvert son épicerie végétalien­ne de Wal‐ kerville, Ethos Grocery, en septembre dernier. Le manque de clients a été, pour elle, une surprise.

J'ai dû réduire mes heures d'ouverture parce qu'à l'heure actuelle, il n'y a que moi et un employé le week-end, in‐ dique-t-elle.

Je vais continuer aussi longtemps que possible.

Carley Noelle, propriétai­re d'Ethos Grocery

Selon Mme Noelle, si la si‐ tuation ne s'améliore pas, ce sera un défi de faire entrer son entreprise dans la nou‐ velle année, mais cela ne signi‐ fie pas qu'elle abandonne.

Quel soutien aux pe‐ tites entreprise­s?

Nakesh Naidu se demande comment certaines entre‐ prises vont parvenir à passer cette période difficile, il garde toutefois espoir que les choses vont s'améliorer.

Je suis presque sûr que les choses vont changer.

Rakesh Naidu, PDG de la chambre de commerce de Windsor-Essex

En attendant, il estime que ces entreprise­s pourraient avoir du repit grâce aux diffé‐ rents ordes de gouverneme­nt qui peuvent mettre en place des aides sous plusieurs formes, notamment l'aide à la formation, des programmes de rétention de personnel ou encore la suppressio­n des frais de permis d'exploitati­on.

Gabriel Nikundana et des informatio­ns de CBC

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