Radio-Canada Info

Québec veut faire cohabiter des maisons des aînés avec des garderies

- Thomas Gerbet

Inspiré d'un concept très populaire en Europe du Nord, la cohabitati­on entre des garderies et des milieux d'hébergemen­t pour personnes âgées va se développer au Québec, en 2023. Le ministère de la Santé et des Services so‐ ciaux (MSSS) va profiter de la constructi­on de maisons des aînés pour offrir un es‐ pace locatif à des centres de la petite enfance (CPE), à la même adresse.

Le directeur du CPE Cacha‐ lot, Stéphane Cadieux, a hâte de déménager son installa‐ tion de 80 places dans la mai‐ son des aînés toute neuve de Châteaugua­y, qui verra le jour au printemps prochain. Il ima‐ gine déjà la coopératio­n qui pourra se faire entre les géné‐ rations.

Ça serait intéressan­t qu'à chaque jour, les enfants puissent rendre visite aux personnes âgées et inverse‐ ment, dit-il. On pourrait faire des activités avec eux comme de la peinture, de la danse... Les aînés pourraient même nous aider dans les moments difficiles de la journée, comme pour habiller les enfants.

Selon le concept envisagé par le gouverneme­nt, le MSSS est propriétai­re du bâtiment hébergeant la maison des aî‐ nés et louera un espace au CPE qui sera responsabl­e d'aménager ses locaux.

Au moins cinq projets déjà confirmés :

CPE Cachalot (80 places) dans la maison des aînés de Châteaugua­y CPE Mon monde à moi (80 places) dans la maison des aînés de Cari‐ gnan CPE La Campinoise (80 places ) dans la maison des aî‐ nés de Salaberry-de-Valley‐ field CPE L’arbre enchanté (70 places) dans la maison des aî‐ nés de Trois-Rivières CPE des Cantons (42 places) dans la maison des aînés de Rivièredu-Loup

D'autres projets pour‐ raient voir le jour, selon le gouverneme­nt du Québec.

Un concept qui donne déjà des résultats positifs au Québec

Quelques rares exemples de cohabitati­on entre une garderie et un milieu de vie pour aînés existent dans la province. Il y a une garderie en milieu familial dans le CHSLD Yvon-Brunet, à Mont‐ réal, où les 6 enfants mangent avec les aînés. Une autre pe‐ tite garderie de 6 enfants existe depuis près de 30 ans au sein du CHSLD privé Ma‐ noir Soleil, à Chambly.

Pour contrer la solitude des personnes aînées, un CPE de 80 places est jumelé au Do‐ maine Saint-Dominique, à Québec, depuis trois ans. Les enfants et les aînés partagent des activités comme le jardi‐ nage à ce CHSLD privé, mais ils ne vivent pas dans le même bâtiment.

L'exemple qui ressemble le plus au modèle d'arrimage souhaité par le gouverne‐ ment, c'est celui du CPE Les Petits Mulots, à Québec. Une des installati­ons, la Ribam‐ belle des souriceaux, compte 61 enfants et se trouve dans la même bâtisse que le CHSLD Champlain-des-Montagnes où sont hébergés 93 aînés. Ils ont même une grande salle commune.

C’est comme si on était dans une maison et qu’on se réunissait tous dans le salon.

Louise Touchette, direc‐ trice générale du CPE Les Pe‐ tits Mulots

On vit ensemble, explique la directrice générale Louise Touchette, en poste depuis 17 ans. Quand les aînés font une activité, ils nous invitent et quand, au CPE, on fait quelque chose qui pourrait les intéresser, on les invite.

Quand l'orchestre des Vio‐ lons du Roy est venu au CHSLD, les enfants ont été conviés. Quand un clown est venu au CPE, les aînés ont été invités.

Les aînés aiment beau‐ coup leur présence, surtout ceux qui ne voient pas beau‐ coup leurs petits-enfants ou arrière-petits-enfants.

Louise Touchette, direc‐ trice générale du CPE Les Pe‐ tits Mulots

Le mercredi, les enfants de trois ans et plus montent sur les étages du CHSLD. Ils font toutes sortes d'activités avec les personnes âgées : zoothé‐ rapie, jeux de mémoire, activi‐ tés physiques… Il y a aussi l'heure du conte.

Ce sont les aînés qui ra‐ content l'histoire aux enfants, explique Louise Touchette. Et ils en ont des choses à dire, ils en ont, ils en ont…

Les enfants trouvent ça drôle d'aller sur les étages, poursuit la directrice. Certains s'amusent à peser sur les pi‐ tons pour remonter le lit. Des fois ça rentre dans la chambre et ça dit à l’aîné : "pourquoi t’es pas encore habillé?"

Les personnes aînées qui ne sont pas intéressée­s à re‐ cevoir de la visite ne seront pas dérangées.

Pour les aînés, quand on amène les poupons, ça fait leur année. C’est du bonheur pas cher qu’on leur procure.

Louise Touchette, direc‐ trice générale du CPE Les Pe‐ tits Mulots

La directrice relate sou‐ vent l’histoire d’un vieux mon‐ sieur qui ne sortait jamais de sa chambre et qui ne parlait plus depuis qu’il était au CHSLD. Son fils l’a encouragé à descendre pour la fête de l’Halloween avec les poupons. Quand le vieil homme a vu un poupon costumé, il s'est sou‐ dainement mis à parler et dire : T’es donc bien beau en grenouille!. Louise Touchette s'en félicite : Ça a été sa joie de l’année.

Évidemment, durant la pandémie, les activités com‐ munes ont pris fin et la direc‐ trice a bien hâte qu'elles re‐ prennent. Mais les aînés ont quand même pu regarder les enfants jouer dans la cour, par leur fenêtre de chambre.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada