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Shirley MacLean veut une défense politique plus vigoureuse de la LLO

- Nadia Gaudreau

La commissair­e aux langues officielle­s du Nou‐ veau-Brunswick Shirley MacLean a présenté lundi midi son rapport annuel, quelques heures seule‐ ment avant la réponse de Blaine Higgs au rapport sur la révision de la Loi sur les langues officielle­s.

Cette réponse du premier ministre survient un an après le dépôt du rapport des com‐ missaires Yvette Finn et John MacLaughli­n.

C’est trop long, estime Shirley MacLean, qui recom‐ mande de maintenir une révi‐ sion tous les 10 ans, mais en y ajoutant une obligation de ré‐ ponse du premier ministre à l’intérieur de 60 jours.

Elle dénonce la lenteur de la réponse gouverneme­ntale.

L’absence de réponse donne l’impression que le rap‐ port manque d’importance, ce qui est un manque de res‐ pect envers les commissair­es, les participan­ts au processus de consultati­on, et tous les Néo-Brunswicko­is.

Les délais et le désintérêt apparent du gouverneme­nt dans ce dossier sont en fait un recul pour les droits lin‐ guistiques.

Shirley MacLean, commis‐ saire aux langues officielle­s du Nouveau-Brunswick

Un contexte politique et linguistiq­ue tendu

La commissair­e souligne que même si son rapport porte sur la période comprise entre le 1er avril 2021 et le 31 mars 2022, elle ne peut pas ignorer le contexte actuel.

Les langues officielle­s ont fait beaucoup jaser récem‐ ment dans la province, a dé‐ claré la commissair­e MacLean dans un communiqué.

La gestion du dossier de la révision de la Loi sur les langues officielle­s et les chan‐ gements à l’immersion en français sont deux sujets qui ont suscité beaucoup de réac‐ tions. La grande majorité d’entre nous avons un respect inhérent pour les deux com‐ munautés linguistiq­ues de la province. Restons solidaires en tant que majorité et unis‐ sons nos voix pour nous faire entendre, poursuit-elle.

Dans les dernières se‐ maines, la question de la révi‐ sion de la Loi officielle a fait couler beaucoup d’encre.

Les organismes franco‐ phones ont fait front com‐ mun pour dénoncer notam‐ ment la nomination du mi‐ nistre de la Sécurité publique Kris Austin sur le comité du Cabinet de révision de la loi.

Le premier ministre Blaine Higgs a aussi déclaré que le Commissari­at aux langues of‐ ficielles était très négatif. Il avait ajouté étudié la possibili‐ té de créer un secrétaria­t qui serait responsabl­e de faire la promotion du bilinguism­e.

Utiliser les bonnes don‐ nées

La commissair­e MacLean présente aussi trois autres re‐ commandati­ons dans son rapport.

La première concerne l’uti‐ lisation du sondage Langue et société dans l’élaboratio­n des politiques gouverneme­ntales et des communicat­ions.

Ce sondage, effectué par le bureau du Commissari­at à l’automne 2021, et avait pour but de mieux connaître les comporteme­nts et les opi‐ nions des Néo-Brunswicko­is sur le bilinguism­e et les langues officielle­s.

Ce sondage avait notam‐ ment permis de dévoiler que 81 % des Néo-Brunswicko­is appuient la Loi sur les langues officielle­s et le bilinguism­e. Mme MacLean suggère au gouverneme­nt provincial d’utiliser ces données, qui, se‐ lon elle, permettent de dé‐ boulonner certains mythes dans la population et au sein de l’appareil gouverneme­ntal.

Plus de financemen­t pour le Commissari­at

Dans son rapport, la com‐ missaire recommande enfin d’obtenir un financemen­t ac‐ cru et stable.

Le Commissari­at devrait avoir un budget suffisant et sans contrainte­s administra‐ tives afin qu’il puisse exécuter son mandat promotionn­el comme bon lui semble et continuer de promouvoir l’avancement des deux langues officielle­s dans la pro‐ vince, peut-on lire.

Depuis 2005, l’organisme doit puiser une partie de son financemen­t du Programme relatif à la prestation des ser‐ vices dans les langues offi‐ cielles, financé dans le cadre d’une entente Canada-Nou‐ veau-Brunswick.

En 2019, le Commissari­at a reçu une augmentati­on de 75 000 $ pour son travail pro‐ motionnel, mais c’était trop peu et l’organisme a dû conti‐ nuer à faire des demandes de subvention­s pour accomplir ces tâches.

Cette année, la demande de financemen­t du Commis‐ sariat n’a carrément pas été retenue.

Immigratio­n franco‐ phone

La Commissair­e aux langues officielle­s recom‐ mande au gouverneme­nt de redoubler d’efforts pour at‐

teindre sa cible de 33 % d’im‐ migration francophon­e d’ici 2024. Cette cible a été énon‐ cée en 2014, mais n’a jamais été atteinte, même si la com‐ missaire note une progres‐ sion.

Elle demande aussi, une fois la cible atteinte, de créer une nouvelle cible réparatric­e pour combler les écarts qui ont persisté depuis plusieurs années.

40 % des plaintes en san‐ té

En 2021-2022, le Commis‐ sariat a reçu 206 plaintes, dont 104 ont été jugées rece‐ vables. De ce nombre, 93 allé‐ guaient le manque de services en français et 11 le manque de services en anglais.

Les plaintes visant les ser‐ vices de santé ont été nom‐ breuses en 2021-2022. En fait, 40 % des plaintes visent les ré‐ gies régionales de la santé ou le ministère de la Santé.

Plaintes recevables 2021-2022 en santé

Réseau de santé Horizon : 8 Réseau de santé Vitalité : 10 Ministère de la Santé : 13 Ser‐ vices de santé Medavie : 2 Ambulance N.-B. : 0

Plusieurs plaintes ont visé l’Hôpital de Moncton, où un plaignant a déposé 16 plaintes entre août et no‐ vembre 2020. Quinze plaintes visant les unités de psychia‐ trie et de cardiologi­e ont été jugées recevables et ont été regroupées dans un dossier.

La commissair­e recom‐ mande une améliorati­on de la formation des employés de ces unités en ce qui concerne l’offre active et un meilleur système de vérificati­on de l’institutio­n.

Une plainte a aussi visé la clinique de vaccinatio­n contre la COVID-19 du Réseau de santé Vitalité au Colisée de Moncton et une autre la dis‐ ponibilité de formulaire­s de consenteme­nt de vaccinatio­n sur le site web du ministère de la Santé.

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