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Cartescade­aux : quand des fraudeurs volent Noël

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En pleine saison des Fêtes, et des cadeaux trouvés au dernier moment, les cartes-cadeaux sont bien souvent prisées, mais plu‐ sieurs clients alertent quant aux cartes fraudu‐ leuses. Plusieurs sont en réalité fausses et servent plutôt à faire des cadeaux aux fraudeurs.

Il y a trois semaines, Ni‐ chelle Laus pensait acheter une carte-cadeau PlayStatio­n d’une valeur de 100 $ à la pharmacie près de chez elle. Il s'agit d'un cadeau qui ferait plaisir et rapide d’accès.

Pourtant, arrivée à la caisse, c’est la surprise. La même chose s'est produite avec une carte-cadeau d'un autre détaillant.

J’ai pris une carte Winners. La caissière l'a touchée, véri‐ fiée et soudain elle a dit "oh, celle-ci est fausse". Je n’ai pas compris ce qu’il se passait. Je ne connaissai­s pas ces fraudes aux cartes-cadeaux avant qu’elle ne m’en parle, ra‐ conte-t-elle.

Très active sur les réseaux sociaux, elle a fait de nom‐ breuses vidéos pour alerter sa communauté et les inter‐ nautes sur les risques d’ache‐ ter une fausse carte-cadeau.

J’ai eu des centaines de commentair­es de gens qui ont partagé aussi leurs his‐ toires. Des gens qui ne com‐ prenaient pas pourquoi leur carte ne marchait pas. C’est tellement répandu que ça me rend folle de savoir que les fraudeurs s’en sortent si facile‐ ment avec ça, insiste-t-elle.

Le stratagème est très simple, comme l’explique Ri‐ tesh Kotak , analyste en cy‐ bersécurit­é.

[Les fraudeurs] collent un code-barres d'une autre carte-cadeau sur une carte prête à acheter qu’ils re‐ mettent en place. Et quand vous pensez charger votre carte, vous chargez en vérité leur carte.

Il reconnaît que la tech‐ nique ne nécessite pas de connaissan­ces particuliè­re‐ ment complexes et que les protection­s sont quasi inexis‐ tantes pour ce type de fraude.

Si on compare la sécurité avec celle d’une carte de cré‐ dit, une carte-cadeau vous avez juste à la scanner, il n’y a pas de code, pas de numéro associé avec un nom. Les fraudeurs le savent et uti‐ lisent ces failles, souligne-t-il.

Ritesh Kotak ajoute que les magasins dans lesquels les cartes-cadeaux sont volées puis replacées doivent être choisis scrupuleus­ement. Cela est seulement possible dans les magasins qui ont des par‐ tenariats avec les marques des cartes et des accès à leur système. Les caissiers peuvent ainsi facilement re‐ charger une carte différente de celle présentée sans forcé‐ ment s’en rendre compte.

D'autres personnes comme Kevin Wilson à Surrey en Colombie-Britanniqu­e cri‐ tiquent la possibilit­é d’utiliser les cartes sans contrôle d’un caissier.

Il a eu la triste surprise de constater que deux cartes-ca‐ deaux de chez Walmart se sont révélées vides. Près de 700 $ ont ainsi été dérobés. Selon les relevés de transac‐ tion, une carte avait été utili‐ sée à Richmond en ColombieBr­itannique et l'autre à Missis‐ sauga en Ontario.

Il a fait l'expérience par luimême de la facilité avec la‐ quelle les cartes peuvent être utilisées à mauvais escient.

Avec ma femme, on a fait le test presque par hasard. On a été à la caisse parce qu’on croyait qu’il fallait charger la carte avec l’aide d’un caissier. Il y avait une longue file d’at‐ tente. Donc, en attendant j’ai pris une photo de la carte avec le code-barres. On a été à la caisse et on a chargé cinq dollars dans la carte. On est retourné dans le magasin. On a acheté un gâteau pour 4,25 $. Je suis allé aux caisses automatiqu­es et avec la pho‐ to de la carte que j’avais faite avant de l’activer et j’ai scanné la photo sur mon téléphone. Et bip… ça a été approuvé, ra‐ conte-t-il.

Il explique avoir été d’au‐ tant plus étonné lorsque le re‐ çu affichait également le solde restant sur la carte. Pour lui, c’est la porte ouverte à la fraude.

Ils n’ont qu’à prendre une photo d'une carte, faire un petit achat et comme ça sa‐ voir l’argent qu’ils ont à dispo‐ sition. [Les magasins] pour‐ raient déjà annuler la possibi‐ lité d’utiliser les cartes-ca‐ deaux à la caisse automa‐ tique, propose-t-il.

Il regrette aussi que le code NIP des cartes soit direc‐ tement accessible en grattant une surface à cet effet au dos des cartes.

Depuis sa triste surprise le 6 décembre dernier, Kevin Wilson dit ne toujours pas avoir été remboursé par Wal‐ mart.

De son côté, l'entreprise américaine dit être au courant de la situation et qu'elle en‐ quête sur ce dossier. Elle ajoute que dans les cas de fraude, elle rembourse systé‐ matiquemen­t les clients lésés.

Elle rappelle à ces derniers de toujours vérifier les embal‐ lages des cartes et de ne ja‐ mais partager sa carte ou des informatio­ns de la carte avec des personnes inconnues.

Ritesh Kotak propose quant à lui quelques conseils simples pour éviter les cartes frauduleus­es.

Vérifiez que tous les nu‐ méros correspond­ent, vérifiez votre reçu. Si vous avez payé avec votre carte de crédit, contactez votre banque, il peut y avoir des moyens de récupérer votre argent, in‐ dique-t-il.

Avec les informatio­ns de Philippe de Montigny

adolescent­s (LSJPA). Ces der‐ niers ont toutefois enregistré des plaidoyers de culpabilit­é l’année dernière devant le tri‐ bunal pour adolescent­s. Ils étaient accusés d’agression sexuelle.

Selon l’exposé des faits produit par les deux accusés d’âge mineur, la plaignante ne connaissai­t pas les deux joueurs des Voltigeurs avant de les rencontrer le soir de l’agression. Elle fréquentai­t le troisième jeune homme de‐ puis quelques semaines, mais elle n’était pas en couple avec lui.

Après avoir passé une par‐ tie de la soirée dans un res‐ taurant à vocation sportive, le groupe s’est déplacé au domi‐ cile de la victime. Des initia‐ tives sexuelles ont alors été entreprise­s auprès de la vic‐ time et ont progressé jusqu’à une activité sexuelle de groupe à laquelle la victime n’a pas consenti.

Durant l’agression, l’un des accusés d’âge mineur a capté une vidéo avec son téléphone cellulaire.

Un à un, les trois hommes ont ensuite quitté la chambre de la victime et l’un des deux accusés d’âge mineur a remar‐ qué que la victime pleurait. ***

La plaignante, dont l’iden‐ tité fait l’objet d’une ordon‐ nance de non-publicatio­n, poursuivai­t ses études secon‐ daires à l’époque. Elle dit avoir traversé une période extrê‐ mement difficile après cette agression. À ce jour, elle en ressent encore des séquelles.

J’ai d’abord tenté de l’effa‐ cer de ma mémoire, confie-telle.

Elle dit avoir reconnu deux de ses agresseurs plusieurs semaines plus tard, au Centre Marcel-Dionne. Elle venait d’assister à un match des Vol‐ tigeurs lorsqu’elle est passée devant un mur sur lequel étaient affichées les photos des joueurs de l’équipe.

Je les ai identifiés comme ça, sinon je n’aurais jamais su qu’ils étaient des hockeyeurs. […] Je me suis mise à pleurer direct. J’imagine que de réali‐ ser qu’ils étaient juste là, que je venais de les encourager pour qu’ils gagnent... on dirait que tout a remonté d’un coup, raconte-t-elle.

Au printemps 2017, aux prises avec des idées suici‐ daires, la victime dit avoir été admise en psychiatri­e dans un établissem­ent montréa‐ lais.

Il lui a fallu plus d’un an avant de se sentir capable de parler de cette agression à ses proches. La psychologu­e de son école l’a ensuite référée à un Centre d’aide et de lutte contre les agressions à carac‐ tère sexuel (CALACS) où elle a été suivie pendant plus de trois ans.

Suite à ces événements, j’ai développé une sorte de pho‐ bie sociale. Je suis entrée dans un bar pour la première fois cet automne (2022) et ça a été difficile. Encore aujourd’hui, même quand je vais dans un endroit public comme un res‐ taurant, il faut que je sois en mesure de voir tous ceux qui sont dans la pièce. Il ne faut pas que j’aie l’impression que quelque chose puisse m’arri‐ ver depuis l’arrière. C’était la même chose à l’école. (Après l’agression) Il fallait tout le temps que je sois assise à l’ar‐ rière de la classe, explique-telle.

***

Tant les dirigeants actuels des Voltigeurs de Drummond‐ ville que ceux de l’époque disent n’avoir jamais été infor‐ més de ces allégation­s, ni des enquêtes, ni du processus ju‐ diciaire qui s’en est suivi. Même son de cloche du côté de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Quand la victime a porté plainte, les deux hockeyeurs avaient quitté l’organisati­on depuis longtemps. Noah Cor‐ son a été libéré par les Volti‐ geurs et soumis au ballotage au début de janvier 2017. Il avait ensuite été réclamé par Baie-Comeau.

Le journal L’Express de Drummondvi­lle avait alors rapporté que les entraîneur­s des Voltigeurs n’étaient pas satisfaits de l’attitude et des habitudes de travail de Noah Corson. En entrevue avec Ra‐ dio-Canada Sports, l’entraî‐ neur et directeur général des Voltigeurs à cette époque, Do‐ minique Ducharme, a corro‐ boré cette version des événe‐ ments.

Si nous avions entendu parler de cette histoire, nous aurions rapidement contacté les Voltigeurs de Drummond‐ ville et nous aurions élaboré un plan. Mais nous ne l’avons jamais su. C’est inexcusabl­e qu’une situation comme cellelà soit survenue et j’ai des pensées pour la jeune femme qui a eu à subir cela, a indiqué le commissair­e de la LHJMQ, Gilles Courteau.

Jamais, au grand jamais, quelqu’un de l’organisati­on n’a été mis au courant de cela. J’ai été renversé, je n’en re‐ viens toujours pas. C’est contre toutes les valeurs de l’organisati­on. On dénonce les situations comme celles-là et s’il y a collaborat­ion à avoir avec l’enquête on va collabo‐ rer, a pour sa part réagi le pré‐ sident des Voltigeurs, Éric Ver‐ rier.

Tendance inquiétant­e

En l’espace de quelques années, c’est la troisième fois que des corps policiers ouvrent des enquêtes et/ou que des accusation­s sont por‐ tées à la suite des allégation­s d’agressions sexuelles com‐ mises par des hockeyeurs de la LHJMQ.

En 2015, une jeune femme avait fait une sortie média‐ tique pour dénoncer un viol collectif qui, alléguait-elle, avait été commis par quatre joueurs des Olympiques de Gatineau.

La police de Québec n’avait pas porté d’accusa‐ tions en 2015. Mais en sep‐ tembre dernier, la présumée victime a révélé à des journa‐ listes qu’elle avait été contac‐ tée à nouveau par le même service de police, qui souhai‐ tait reprendre sa déposition.

À ce jour, aucune accusa‐ tion n’a été portée dans ce dossier.

Par ailleurs, en octobre 2021, deux joueurs de 19 ans des Tigres de Victoriavi­lle, Ni‐ colas Daigle et Massimo Sici‐ liano, ont été accusés d’avoir agressé sexuelleme­nt une jeune femme de 17 ans.

Les faits allégués se se‐ raient produits en juin 2021, à Lac-Beauport, alors que les Tigres célébraien­t leur pre‐ mière conquête de la coupe du Président.

Ce dossier chemine tou‐ jours devant les tribunaux. Une date de procès devrait être fixée à la mi-février.

Le 22 septembre dernier, la LHJMQ a annoncé la pré‐ sentation d’ateliers sur le consenteme­nt et les violences sexuelles auxquels ont été te‐ nus de participer les joueurs, les entraîneur­s et le personnel des équipes.

Ces ateliers ont été animés par la réalisatri­ce, documenta‐ riste, autrice et politicolo­gue Léa Clermont-Dion.

Selon la LHJMQ, l’objectif de ces ateliers consiste à conscienti­ser les membres de la ligue sur les impacts des agressions, mais également sur l’importance du respect dans les relations et sur le concept du consenteme­nt.

Hockey Canada donne pas l'exemple ne

Depuis le mois de mai der‐ nier, la culture du hockey est fortement remise en question à la grandeur du pays.

Les dirigeants de Hockey Canada (la plupart ont démis‐ sionné depuis) ont illustré à quel point cette culture est déficiente. Le printemps der‐ nier, ils ont conclu une en‐ tente à l’amiable, assortie d’une clause de confidenti­ali‐ té, avec une jeune femme allé‐ guant avoir été agressée sexuelleme­nt par huit joueurs d’Équipe Canada junior en juin 2018.

Poursuivie conjointem­ent pour une somme de 3,55 mil‐ lions, Hockey Canada a rapi‐ dement réglé l’affaire sans sa‐ voir ce qui s’était réellement passé et sans connaître l’iden‐ tité des présumés agresseurs. Ces derniers ont ainsi été pro‐ tégés.

Les dirigeants de HC avaient été mis au courant de cette présumée agression en juin 2018 dans les heures sui‐ vant sa commission. Ils avaient alors commandé une enquête privée qui n’avait pas abouti, notamment parce que la fédération n’avait pas obli‐ gé les joueurs d’Équipe Cana‐ da junior à collaborer.

En 2018, l’enquête menée par la police de London n’avait donné lieu à aucune accusation. Dans la foulée des révélation­s médiatique­s de mai dernier, le corps policier a toutefois repris l’enquête, dont on ne connaît toujours pas les résultats.

La LNH a aussi mené une enquête sur cette affaire, mais ses conclusion­s n’ont tou‐ jours pas été révélées.

Le tollé public soulevé par cette histoire a aussi incité Hockey Canada à commander une nouvelle enquête au même cabinet d’avocats qui s’était fait confier ce mandat en 2018. Encore là, aucune conclusion n’a été rendue pu‐ blique.

Par ailleurs, d’autres alléga‐ tions de viol collectif impli‐ quant des joueurs d’Équipe Canada junior ont aussi refait surface l’été dernier. Selon ces allégation­s, qui seraient ap‐ puyées par une vidéo, une jeune femme inconscien­te au‐ rait été agressée par environ six joueurs de l’équipe cana‐ dienne, à Halifax, durant le Championna­t mondial junior de 2003.

Une enquête policière a été déclenchée à la suite de ces allégation­s. Aucune accu‐ sation n’a été portée à ce jour.

En tenant compte d’un ré‐ cent relevé effectué par nos collègues de l’émission The Fifth Estate, de CBC, au moins 14 enquêtes policières ont été déclenchée­s au Canada de‐ puis 1989 concernant des allé‐ gations d’agressions sexuelles collective­s commises par au moins 45 hockeyeurs juniors.

Onze de ces enquêtes ont mené à des accusation­s de‐ vant les tribunaux.

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