Sur les langues officielles, Blaine Higgs est convaincu d’avoir raison
Au milieu des appels à son retrait de la vie politique, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, reste évasif. Il parle des dossiers qu’il veut régler et ne prend aucune responsabilité sur les ten‐ sions linguistiques qui règnent dans la province.
Depuis des mois, Blaine Higgs s’attire les foudres des francophones : non seule‐ ment il a accueilli dans ses rangs des membres d’un parti peu sympathique au bilin‐ guisme officiel, il s’est aussi contenté d’une réponse tar‐ dive et minimaliste sur la révi‐ sion de la Loi sur les langues officielles.
Au moment de faire le point sur son année, le pre‐ mier ministre est pourtant très serein. Et encore une fois, c’est surtout du système d’éducation anglophone dont il veut parler. Il ne s’en excuse pas.
À la question Avez-vous l’impression de comprendre la population francophone du Nouveau-Brunswick?, le pre‐ mier ministre hésite légère‐ ment. Je ne pense pas que ce soit juste de dire que je com‐ prends pleinement les franco‐ phones. Non.
Je peux voir les défis des francophones qui veulent maintenir leur culture dans une mer d’anglais. Je sais que c’est une réalité. Mon focus est de rendre ça accessible à tous.
Blaine Higgs, premier mi‐ nistre du Nouveau-Brunswick
Le ça dont parle le premier ministre, c’est la culture fran‐ cophone et acadienne qu’il souhaite rendre accessible aux anglophones.
C’est ainsi qu’il explique l’élimination du programme d’immersion française dans les écoles anglaises, au profit d’un programme moins struc‐ turé où les élèves anglo‐ phones passeront la moitié de leur journée en français.
L’objectif avoué est d’avoir des anglophones capables de converser en français à la fin de leur secondaire.
Blaine Higgs défend avec vigueur sa décision. Ma fille m’a dit : "Papa, dans notre programme d’immersion fran‐ çaise, nous n’avons jamais rien appris de la culture aca‐ dienne, de son aspect social et vibrant. Nous n'apprenons que l’aspect académique — les maths, la science, la langue — et ce n’est pas amu‐ sant". C’est ce que tout le monde me dit : ce n’est pas amusant.
Higgs tiques rejette les cri‐
Oui, j’imagine que je peux comprendre [que les franco‐ phones ne se sentent pas in‐ clus], répond le premier mi‐ nistre. Mais en même temps, comment pouvons-nous de‐ venir meilleurs si nous ne de‐ venons jamais bilingues?
Blaine Higgs parle de cette idée des anglophones bi‐ lingues comme d’une obses‐ sion. Et il rejette du revers de la main les propos de ceux qui lui reprochent d’être une source de division entre les deux communautés linguis‐ tiques.
Je prends de front des pro‐ blèmes que les autres pré‐ fèrent ignorer. C’est le cas avec l’immersion française. Je n’aime pas repousser les pro‐ blèmes à plus tard.
Je vois des choses qui causent des frictions dans notre province. Parfois, pour avoir un chemin devant nous, pour avoir un avenir com‐ mun, nous devons avoir une discussion franche.
Blaine Higgs, premier mi‐ nistre du Nouveau-Brunswick
Il soutient d’ailleurs qu’en 53 ans de bilinguisme officiel au Nouveau-Brunswick, les anglophones n’ont jamais réussi à devenir bilingues. Nous n’avons pas vu d’amélio‐ ration dans le système d’édu‐