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Un procès autour d’un arbitrage révèle les détails d’un vol de banque à Langley

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Une récente décision de la Cour suprême de la Colom‐ bie-Britanniqu­e liée à un arbitrage entre l’entreprise de transport de valeurs Brinks et le syndicat repré‐ sentant ses agents lève le voile sur un vol de banque dont personne n’avait ja‐ mais entendu parler.

Le 25 décembre 2016, 4 personnes portant des masques et des vêtements d’hiver ont décidé de s’offrir un cadeau de Noël de plus de 450 000 $ en vidant 5 guichets automatiqu­es de Langley, en Colombie-Britanniqu­e.

Aucune accusation crimi‐ nelle n’a encore été déposée dans cette affaire. Une en‐ quête interne a toutefois conduit la Brinks à identifier l’un de ses employés comme principal suspect. Celui-ci a été congédié par l’entreprise de transport de valeurs le 16 novembre 2018.

Ce congédieme­nt a été sui‐ vi par le dépôt de deux griefs. L’un a été déposé par le syndi‐ cat au nom du membre congédié pour contester son renvoi. L’autre a été déposé par la Brinks en vue de récu‐ pérer les 463 220 $ payés par l’employeur à la banque.

La Brinks et la section lo‐ cale 114 du syndicat Unifor, qui représente l’employé, se sont alors entendues pour que les deux griefs soient ré‐ glés en arbitrage, mais le syn‐ dicat a également déposé une requête en cour pour contes‐ ter l’autorité de l’arbitre pour entendre le grief de l’em‐ ployeur.

Selon le syndicat, la Brinks tente d’utiliser la convention collective comme moyen de récupérer son argent, plutôt que de recourir aux tribunaux civils.

La décision rendue par le juge Christophe­r Giaschi le 28 novembre reconnaît toute‐ fois l’autorité de l’arbitre à se prononcer sur le grief en question.

Un vol bien préparé, dit la Brinks

Selon l’employeur, le mode opératoire utilisé pour dévali‐ ser les sept guichets automa‐ tiques requiert une connais‐ sance approfondi­e du fonc‐ tionnement de l’entreprise.

Pour accéder aux guichets desservis par la Brinks, ses agents possèdent des clés électroniq­ues spécialisé­es et des numéros d’identifica­tion personnels spécifique­s que les employés doivent obtenir auprès d’un centre d’appel. Les clés possèdent une signa‐ ture électroniq­ue et un pro‐ cessus d’horodatage en consigne l’utilisatio­n.

Selon des documents ob‐ tenus par CBC, la Brinks al‐ lègue que le suspect aurait co‐ pié la clé électroniq­ue d’un collègue et fait une demande de numéros d’identifica­tion personnels pour les sept gui‐ chets automatiqu­es dévalisés la veille du vol en se faisant passer pour un collègue.

Le collègue en question a été blanchi par la Gendarme‐ rie royale du Canada après plusieurs interrogat­oires et deux tests polygraphi­ques, af‐ firme la Brinks.

Entrer, voler et sortir sans déclencher d’alarme

Selon le syndicat, des vi‐ déos des vols montrent deux cambrioleu­rs qui déver‐ rouillent les portes de chaque succursale de la banque, puis se dirigent vers la salle des guichets automatiqu­es.

Une fois à l’intérieur, ils obstruent le champ de vision des caméras de surveillan­ce à l’aide d’un parapluie avant d’obtenir l’accès aux guichets eux-mêmes à l’aide de la clé électroniq­ue et d’un numéro d’identifica­tion personnel.

L’argent est ensuite retiré du guichet et placé dans un sac, puis les voleurs quittent la succursale avec un sac contenant leur cagnotte en billets de 20 $ et de 50 $.

La Brinks précise, dans les documents fournis à la cour, que les voleurs ont laissé juste assez d’argent dans les guichets pour qu’ils conti‐ nuent à fonctionne­r sans dé‐ clencher d’alerte de manque d’argent.

Les systèmes d’alarme des succursale­s ont ensuite été réarmés afin d’éviter d’alerter les services de sécurité. Les guichets se sont finalement retrouvés à court de billets dans les jours suivants.

Un suspect arrêté, mais pas accusé

Selon les documents de cour, l’employé congédié a été arrêté par la police de Van‐ couver en lien avec cette af‐ faire à la suite d’une dénoncia‐ tion sur la ligne Échec au crime, mais aucune accusa‐ tion n’a été portée.

La décision rendue par la Cour suprême de la province à la fin de novembre signifie que l’arbitre aura le dernier mot sur le congédieme­nt de l’employé et son obligation de rembourser la Brinks.

Selon le juge Christophe­r Giaschi, le comporteme­nt visé est expresséme­nt couvert par la convention collective, qui affirme que les employés doivent veiller à l’intérêt de l’industrie du transport de va‐ leurs et de l’employeur en tout temps.

Selon lui, la nature même de la situation ayant conduit à l’imposition de mesures dis‐ ciplinaire­s, à savoir voler un client de son employeur, viole l’obligation faite par la convention collective de veiller aux intérêts de l’em‐ ployeur.

Avec les informatio­ns de Jason Proctor

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