2022, une année de succès technos
Du grand retour en présen‐ tiel des événements tech‐ nos au triomphe des stu‐ dios de jeux vidéo indépen‐ dants aux Game Awards… L’année 2022 a été ponc‐ tuée de bonnes nouvelles en technos. Le chroni‐ queur Carl-Edwin Michel dresse le bilan des meilleurs coups des 12 der‐ niers mois. Les studios de jeux indé‐ pendants
Bien sûr, en 2022, il y a eu les grands succès des super‐ productions Elden Ring et God of War: Ragnarök. Mais tout au long de l’année, des jeux vidéo de petits studios indépendants ont conquis le coeur de la communauté de joueurs et de joueuses.
Beaucoup de grands stu‐ dios de jeux vidéo ont ralenti la production et les em‐ bauches cette année. Ça a laissé plus de place aux jeux indies de petits créateurs, qui ont connu des succès viraux, croit Carl-Edwin Michel, fon‐ dateur de l’entreprise de sport électronique Northern Arena.
Carl-Edwin Michel souligne notamment le travail de Luca Galante, derrière le titre Vam‐ pire Survivors, un jeu de rôle offert sur PC, consoles et télé‐ phones iOS et Android, qui se démarque par sa simplicité.
Le studio français BlueT‐ welve a pour sa part réussi un coup de maître avec Stray, un jeu dans lequel les joueurs et joueuses évoluent dans la peau d’un chat de gouttière. Il a même remporté les prix du meilleur jeu indépendant et du meilleur départ pour un studio indépendant lors des Game Awards, les Oscars du jeu vidéo, remis au début du mois de décembre.
Marvel Snap, un jeu de cartes mobile du studio indé‐ pendant Second Dinner, a aussi connu ses moments de gloire, remportant lui aussi un prix aux Game Awards, celui du meilleur jeu mobile.
Et que dire du jeu vidéo de rythme Trombone Champ, le succès Steam qui nous a fait pleurer de rire à coup de fausses notes!
Le studio montréalais Tri‐ bute Games a fait vibrer les nostalgiques des jeux de la console Super Nintendo avec son titre rétro Teenage Mu‐ tant Ninja Turtles: Shredder’s Revenge, paru en juin.
Le jeu a cumulé plus de 1 million de téléchargements à sa première semaine de lance‐ ment, et était même en lice contre de grands titres lors des Game Awards pour le prix du meilleur jeu d’action (rem‐ porté par Bayonetta 3) et ce‐ lui du meilleur jeu multijoueur (remporté par Splatoon 3).
30 ans célébrés en grand pour Behaviour Interactif
Du côté du Québec, le plus grand studio indépendant au pays, Behaviour Interactif, qui célèbre cette année ses 30 ans à Montréal, a su tirer son épingle du jeu en 2022.
Ouverture d’un deuxième studio à Toronto, dévoile‐ ment de gros projets, dont le nouveau jeu Meet Your Ma‐ ker… Ils en ont fait beaucoup cette année, estime Carl-Ed‐ win Michel.
Leur jeu d’horreur Dead By Daylight est une vache à lait qui fonctionne très bien pour le studio. Mais ils ont su se ré‐ inventer et user de créativité. Carl-Edwin Michel
Pour se réinventer, le stu‐ dio du Mile-End le fait, et avec brio! Il a notamment lancé un jeu de simulation de ren‐ contres (dating sim) mettant en scène les personnages de son jeu d’horreur vedette.
Les gens ne s’attendaient pas à ça. C'est drôle, c'est cool, c'est rafraîchissant, ajoute-t-il.
Le retour en présentiel des événements technos
Après deux années d’évé‐ nements virtuels et hybrides, l’année 2022 a été marquée par le grand retour des ras‐ semblements en présentiel.
Outre quelques excep‐ tions, dont l’annulation de l’E3 en 2022 – un des plus grands salons de jeux vidéo qui a dé‐ jà annoncé son retour en 2023 –, les artisans et les arti‐ sanes ont pu se retrouver, parler des nouvelles ten‐ dances face à face, souligne Carl-Edwin Michel.
Après un creux, on peut dire que la machine est repar‐ tie.
Carl-Edwin Michel
Les Game Awards étaient de retour en présentiel en dé‐ cembre, et le Consumer Elec‐ tronic Show (CES) s'apprête à ouvrir ses portes en janvier. Le MEGAMIGS, ce grand ren‐ dez-vous de l’industrie du jeu vidéo qui s’est tenu en oc‐ tobre à Montréal, a redonné de l’énergie aux têtes créa‐ trices de l’industrie, croit le chroniqueur.
Tout le monde était content de se revoir en per‐ sonne. Ça met de l’énergie, les projets reviennent, c’est un gros plus et c’est bon pour l’économie en général, sou‐ ligne-t-il.
La transformation verte d’Ethereum
Les cryptomonnaies et la technologie de la chaîne de blocs (blockchain) ont eu des hauts et des bas (surtout) en 2022, mais s’il y a un succès à souligner, c’est celui d’Ethe‐ reum.
Cette deuxième plus im‐ portante chaîne de blocs après Bitcoin, qui sert notam‐ ment aux jetons non fon‐ gibles (JNF, ou non-fungible token, NFT, en anglais), s’est entièrement convertie en sep‐ tembre pour adopter un pro‐ cédé à 99 % moins énergivore.
Il s’agissait d’une opération risquée, que des spécialistes ont comparée au remplace‐ ment d’un moteur diesel par un moteur électrique sur un véhicule en marche.
L’intelligence artificielle et le nuage
L'intelligence artificielle (IA) pourrait très bien se trouver dans les flops technos de 2022, notamment pour les IA qui volent le travail d’artistes, pointe Carl-Edwin Michel.
Mais selon le chroniqueur, la démocratisation de cette technologie, et ses multiples avancées impressionnantes font pencher la balance du cô‐ té des succès.
L'avenir de l’IA et de l’ap‐ prentissage machine est tout simplement incroyable. Carl-Edwin Michel
Avec le télétravail, les en‐ treprises sont de plus en plus nombreuses à utiliser l’IA et le nuage (cloud) au quotidien. On n’a qu’à penser au bureau virtuel, comme la suite Google, ou encore à Amazon Web Services, qui fournit des serveurs à nombre d'entre‐ prises.
Ces éléments très puis‐ sants que nous avons entre
nos mains font partie de ce dont on a besoin pour faire fonctionner le métavers, pré‐ cise-t-il.
L’interopérabilité, ou com‐ ment être capable de sauter d’un univers à l’autre en gar‐ dant nos acquis d’un univers, c’est avec le nuage, l’intelli‐ gence artificielle et l’apprentis‐ sage machine [qu’on peut y arriver].
Carl-Edwin Michel
Le métavers
C’est la deuxième fois que le métavers se retrouve dans nos succès technos de l’an‐ née. Ce n’est pas par hasard : il s’agit d’un concept auquel croit beaucoup Carl-Edwin Mi‐ chel, qui affirme sans équi‐ voque qu’il est là pour de bon, malgré les sceptiques.
Les casques de réalités vir‐ tuelle et augmentée sont plus accessibles, et on en parle de plus en plus. C’est bien, car les gens comprennent mieux ce que c’est, le métavers, in‐ dique-t-il, soulignant des exemples concrets tels que Fortnite et Roblox.
Carl-Edwin Michel de‐ meure lucide : L’an dernier, Fa‐ cebook a changé de nom pour Meta, et ça avait l’air d’un coup marketing plus qu’autre chose. Oui, le géant met énormément d’argent làdessus, et c’est peut-être un peu trop. Il va toujours y avoir des critiques.
Le chroniqueur souligne par ailleurs l’arrivée immi‐ nente d’Apple sur le marché des casques immersifs, ce qui va permettre un déclic chez les gens, selon lui.
On doit donner ça à Apple. Ils sont bons pour rendre les appareils électroniques simples à comprendre. Quand Apple s’en mêle, ça devient plus mainstream.
Carl-Edwin Michel
Pour les personnes déjà converties, de nouveaux ap‐ pareils haut de gamme ar‐ rivent sur le marché. En oc‐ tobre, Meta a lancé le Meta Quest Pro, un casque à haute performance qui combine à la fois la réalité virtuelle et la réa‐ lité augmentée, et compte sur une fonction de traçage ocu‐ laire.
Sony s'apprête pour sa part à lancer en février le PS‐ VR2, un casque de réalité vir‐ tuelle très puissant, compa‐ tible avec la console PlaySta‐ tion 5, dont les stocks de‐ vraient être renfloués bientôt, selon Carl-Edwin Michel.
Ce qu’ils ont voulu faire, c’est un produit destiné seule‐ ment aux jeux vidéo. C’est de niche, ils ne vont pas vendre 50 millions d’exemplaires, croit-il.
La publicité sur Netflix
Les plateformes de diffu‐ sion en continu se sont livré une guerre sans merci cette année. Netflix, par exemple, a enregistré pour la première fois de son histoire en avril une baisse de son nombre d’abonnements, avant de rap‐ porter un rebond de celui-ci à l’automne.
Pour tenter d’attirer plus de gens sur sa plateforme, tout en restant compétitive, l’entreprise a lancé une for‐ mule d’abonnement plus ac‐ cessible, avec des publicités.
On dirait un retour en ar‐ rière, mais [...] je trouve que c’est positif d’avoir une option pour les personnes moins nanties, surtout dans le contexte économique actuel, indique Carl-Edwin Michel.
Le chroniqueur va même jusqu’à prédire que plus de contenus gratuits soutenus par la publicité verront le jour en 2023.
C’est le retour au modèle des chaînes de télé linéaires, mais sur le web et avec la pu‐ blicité.
Carl-Edwin Michel Au Canada et aux ÉtatsUnis, l’application Tubi TV, of‐ ferte sur Chromecast, Apple TV, Xbox et PS4, entre autres, prend déjà du poil de la bête. Rappelons aussi que Roku, qui a mis la main sur les pro‐ ductions de l’application de diffusion en continu Quibi, dé‐ branchée après six mois seulement, a rendu accessible gratuitement son catalogue, avec des publicités.
C’est à surveiller, selon Carl-Edwin Michel.
L’application BeReal
Le succès de BeReal n’est plus à prouver, l’application s’étant faufilée au sommet des palmarès maison des ma‐ gasins en ligne Google Play Store et l’App Store.
Il s’agit d’un outil de par‐ tage de photos spontanées qui se veut plus authentique que ce que propose la concur‐ rence. Une fois par jour, ses adeptes ont une fenêtre de deux minutes pour publier une photo sans filtre et en utilisant simultanément les caméras avant et arrière de leur téléphone intelligent.
Ce que j’ai vu sur BeReal, ce sont des jeunes qui pu‐ blient des photos pas très lé‐ chées, même parfois floues et pas très belles, mentionne Carl-Edwin Michel.
Ce sont des photos qui ne se retrouveraient pas sur Ins‐ tagram. Donc oui, on peut dire que c’est plus authen‐ tique.
Carl-Edwin Michel L’application a pris de court les géants des réseaux sociaux, qui ont été nom‐ breux à se doter de fonction‐ nalités semblables à celles qui ont popularisé l’application, de Snapchat à Instagram, en passant même par TikTok.