L’aide humanitaire aux Afghans en péril après la suspension d’activités d’ONG
Quatre ONG jouant un rôle crucial dans l'aide aux po‐ pulations afghanes ont an‐ noncé dimanche qu’elles ne pourraient continuer leurs activités dans le pays, après s’être vu interdites la veille d’employer des femmes.
Nous ne pouvons pas ai‐ der efficacement les enfants, les femmes et les hommes désespérément dans le be‐ soin en Afghanistan sans notre personnel féminin, dé‐ clarent dans un communiqué le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) et les orga‐ nismes CARE et Save The Chil‐ dren.
Au-delà des conséquences sur l’assistance vitale que nous fournissons, cela tou‐ chera des milliers d'emplois en plein milieu d'une énorme crise économique.
Le Conseil norvégien pour les réfugiés et les organismes CARE et Save The Children
Le Comité international de secours a, quant à lui, affirmé qu’il ne sera pas en mesure d'offrir des services dans le pays sans les 3000 femmes qu’il emploie.
Samedi, le ministère de l’Économie afghan a interdit dans une lettre le travail de toute femme dans des ONG et a menacé de retirer les li‐ cences des organisations si la mesure n’était pas respectée.
Il y a eu des plaintes sé‐ rieuses concernant le non-res‐ pect du hidjab islamique ainsi que d'autres règles et règle‐ ments relatifs au travail des femmes dans les organisa‐ tions nationales et internatio‐ nales, justifie le ministère.
Un pays en crise
Jan Egeland, secrétaire gé‐ néral du NRC, est sous le choc. Ça ne pourrait pas arri‐ ver à un pire moment, dé‐ plore-t-il.
La situation est horrible en Afghanistan. Des millions de personnes gèlent. Il fait un froid glacial et elles n’ont pas de refuge adéquat. Plusieurs sont dans de petites huttes sans toit ou sans fenêtre.
Jan Egeland, secrétaire gé‐ néral du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC)
Selon une récente analyse de l’ONU, 20 millions d’Af‐ ghans, soit la moitié de la po‐ pulation du pays, seront en si‐ tuation d'insécurité alimen‐ taire grave entre no‐ vembre 2022 et mars 2023.
Les deux tiers de la popu‐ lation nécessiteront une aide humanitaire en 2023, ajoute l’ONU.
Le travail de nos organisa‐ tions permet de fournir un service à des millions de per‐ sonnes, souligne Jan Egeland, et plusieurs ONG qui n’ont pas encore annoncé la sus‐ pension de leurs activités s’apprêtent à le faire, ajoute-til.
Une violation de droits fondamentaux, selon l'ONU
Dans un communiqué, l’ONU condamne la nouvelle mesure du gouvernement af‐ ghan et soutient qu’un tel ordre va à l’encontre des droits les plus fondamentaux des femmes, en plus de constituer une violation mani‐ feste des principes humani‐ taires.
Cette dernière décision ne fera que nuire davantage aux personnes les plus vulné‐ rables, en particulier les femmes et les filles.
L'ONU, dans un communi‐ qué
Depuis le retour au pou‐ voir des talibans en Afghanis‐ tan en août 2021, les restric‐ tions à l’égard des droits des femmes se multiplient.
Exemples d'interdic‐ tions à l'intention des Af‐ ghanes mises en place par les talibans
Aller dans les parcs et les jardins; Fréquenter les univer‐ sités publiques et privées; Fré‐ quenter les écoles secon‐ daires; Voyager sans être ac‐ compagnées d’un parent masculin.
Le Comité international de la Croix-Rouge affirme dans un communiqué que cette succession de mesures mène‐ ra à des conséquences huma‐ nitaires catastrophiques à court terme.
Avec les informations de Camille Feireisen, de CBC/Ra‐ dio-Canada