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Fabriquer des bonhommes pour le bonheur des randonneur­s

- Jean-Michel Cotnoir

70. C’est le nombre de per‐ sonnages en bois qu’a fabri‐ qués jusqu’à ce jour Jean Boivin, cet artisan de l’ombre qui égaye depuis deux ans les promenades des randonneur­s fréquen‐ tant les sentiers du lac Rouyn, à Rouyn-Noranda.

Ces bonhommes sont dis‐ posés le long d’un parcours bien balisé de deux kilo‐ mètres qui emprunte les sen‐ tiers de la martre, de la mou‐ fette, du pékan et du pic.

M. Boivin, qui enseigne la foresterie au Cégep de l’Abiti‐ bi-Témiscamin­gue, s’est mis à confection­ner ses premiers bonhommes à la suite d’une demande spéciale de sa fille.

À l’origine, c’est ma fille qui m’a demandé de faire un renne qu’elle avait vu devant une maison. Alors j’ai com‐ mencé par faire un renne en plein été, en vue de Noël, et j’ai aimé ça. Alors je me suis mis à faire d’autres bon‐ hommes durant l’été. Rendu à l’automne, je ne savais plus quoi faire avec les bon‐ hommes, alors je les ai mis dans la forêt [au lac Rouyn] et les gens aimaient ça, alors j’ai continué à en fabriquer, ra‐ conte-t-il.

Sa principale motivation pour continuer, Jean Boivin la trouve chez les familles qui viennent s’émerveille­r dans le toujours plus populaire par‐ cours des bonhommes.

C’est le plaisir que j’ai quand je viens marcher le sentier et que je viens installer des bonhommes, tous les gens qui me remercient et qui me disent qu’ils sont heureux de ça. C’est surtout de voir les enfants, qui se promènent et qui ont l’air d’aimer ça. Le fait que ça les fasse sortir, je trouve ça intéressan­t!

Jean Boivin

Pour fabriquer ses figu‐ rines format géant, M. Boivin utilise du bois récupéré sur ses terres, ou encore sur des arbres morts trouvés dans la forêt du lac Rouyn. Il as‐ semble ensuite les morceaux dans son tout petit atelier, si‐ tué dans le sous-sol de sa maison.

Bien qu’il se serve parfois d’Internet pour peaufiner cer‐ tains détails, l’inspiratio­n pour la création de ses person‐ nages lui vient en majorité de sa propre imaginatio­n.

Je n’ai aucune idée d’où ça me vient… En fait, oui! À un moment donné, j’écris sur une feuille que je vais faire un skieur, un planchiste ou un pianiste. Je pars sur Internet pour voir quelles peuvent être les positions de ces bon‐

hommes-là. Des fois, ce sont des bonhommes complète‐ ment flyés, mais c’est parce que je regarde la loupe ou le morceau de branche et qu’ils m’inspirent de faire telle ou telle chose, explique Jean Boi‐ vin.

Qu’est-ce qu’une loupe?

Les loupes sont des ex‐ croissance­s de forme arrondie que l’on peut apercevoir sur les troncs ou les grosses branches des arbres. Elles sont dues à une multiplica‐ tion anormale des cellules de l’arbre à un endroit donné. Il s’agit en quelque sorte de tu‐ meurs bénignes qui n’af‐ fectent pas la croissance de l’arbre.

Le passionné précise qu’une fois terminés, les bon‐ hommes ne peuvent être ins‐ tallés n’importe où le long du parcours.

C’est ça qui est compliqué. Disons que je veux un skieur, je vais chercher un arbre tom‐ bé sur un autre arbre et qui fait une belle pente. Il y en a d’autres, j’appelle ça des pics, c’est qu’on coupe un arbre mort à environ cinq pieds de haut, donc un arbre qui pour‐ rait être dangereux pour les gens et on installe un bon‐ homme dessus, détaille-t-il.

Devant la popularité crois‐ sante du parcours des bon‐ hommes, Jean Boivin a entre‐ pris d’entretenir ses créations afin d’allonger leur durée de vie.

Au début, je disais que c’était juste une année que je mettais mes bonhommes en forêt et que c’était fini. Mais vu que les gens aimaient ça, je me suis demandé ce que je pourrais faire pour les préser‐ ver. Alors j’ai acheté du vernis en canne et j’ai aspergé deux fois chaque bonhomme. Ceux que je fais maintenant, je mets du vernis avant de les installer. Sinon, c’est de l’en‐ tretien. Des fois, il y a des yeux qui arrachent que je dois reposer, des retouches de peintures ou d’autres petites réparation­s à faire, énumèret-il.

Aux familles qui reçoivent parents et amis en Abitibi-Té‐ miscamingu­e pour la période des Fêtes, M. Boivin lance une invitation toute particuliè­re.

Qu’ils viennent ici, c’est magnifique! La forêt, avec toute la neige et le parcours des bonhommes, les enfants vont adorer, je suis certain. À chaque fois que je vois des enfants dans les sentiers, ils sont toujours joyeux. Ça les fait marcher et ils sont heu‐ reux, alors j’invite les familles à venir, ça vaut la peine!, lance-t-il.

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