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Destinatio­ns soleil : la pandémie freine-t-elle encore les Témiscabit­ibiens?

- Gabriel Poirier

Voyagerez-vous à l’étranger cet hiver? Car vos voisins et collègues pourraient bien le faire. C’est ce que laissent entendre les pro‐ priétaires d’agence de voyages établies à RouynNoran­da, Val-d’Or et Amos. S’ils constatent un engoue‐ ment pour les destinatio­ns ensoleillé­es, ils disent aussi percevoir une nouveauté : les Témiscabit­ibiens se‐ raient plus enclins à s’envo‐ ler avec leurs parents et leurs enfants, ou même avec un groupe d’amis.

J’ai super hâte, s’exclame Ariane Gendron. Et pour cause : l’avocate s’envolera cet hiver pour une destinatio­n soleil avec sa famille.

Elle sera accompagné­e de ses enfants, mais aussi de ses parents. Son frère, sa soeur et leurs enfants seront de la par‐ tie. Ce sera vraiment agréable de réunir trois génération­s [...] Ces voyages nous permettent de vivre ensemble, de manger ensemble et de pratiquer les mêmes activités, ajoute-t-elle.

Un peu à la façon d’Ariane

Gendron, Julie Trudel a elle aussi entrepris un premier voyage depuis le début de la pandémie. À la différence qu’elle et son conjoint sont re‐ venus au pays au début du mois de décembre, après trois semaines au Belize, en Amé‐ rique centrale.

Nous avons entrepris ce voyage lors du congé parental de mon conjoint, précise la mère de deux jeunes enfants. Nous construiso­ns notre mai‐ son depuis cette année. Nous tenions à prendre des va‐ cances avec les enfants pour nous accorder une pause de rénovation­s.

Cas répandus?

Les cas d’Ariane Gendron et de Julie Trudel ne seraient pas anecdotiqu­es.

C’est ce que soutiennen­t des agents de voyages de Rouyn-Noranda, Val-d’Or et Amos. Tous trois assurent en substance percevoir un en‐ gouement pour les voyages à l’étranger et les destinatio­ns soleil, dans des proportion­s similaires à celles précédant la pandémie pour certains. Pour d’autres, les projection­s laissent entrevoir une année record.

Il y a une hausse par rap‐ port aux deux années COVID19. Si nous comparons à l'an‐ née 2019, qui est la dernière année réelle de ventes de voyage, nous sommes autour de 85 % en termes de passa‐ gers.

Yan Rousseau, président de Club voyages Abitibi

Il précise toutefois que son entreprise, touchée par la pé‐ nurie de main-d'oeuvre, n'est plus en mesure de desservir le même nombre de clients qu'avant la pandémie.

Nous serons en mesure de juger à la fin du mois de mars [2023], mais l'engouement semble de retour malgré la hausse des prix, poursuit la présidente de Voyages Vald'Or, Lise Lemieux.

De l’autre côté de la route 117, à Rouyn-Noranda, la pro‐ priétaire de Voyages Globalia ose une explicatio­n. Elle croit que les Témiscabit­ibiens res‐ sentent le besoin de s’évader.

Nous sommes sur une très, très belle lancée.

Cindy Clark, propriétai­re de Voyages Globallia

Nous étions super contents. Juste l'odeur de l'humidité, la chaleur. Nous étions super heureux. Un sen‐ timent de liberté, confirme Ju‐ lie Trudel.

Voyage intergénér­ation‐ nel

Le voyage d’Ariane Gen‐ dron a de particulie­r qu’il réunira trois génération­s is‐ sues d'une seule et même fa‐ mille. Autant Yan Rousseau que Lise Lemieux observent une hausse des voyages de groupe et des voyages inter‐ génération­nels depuis le dé‐ but de l’année.

L’argument de l’évasion prime ici aussi, comme le sou‐ tient M. Rousseau.

Les gens veulent voyager, car cela fait pratiqueme­nt trois ans qu'ils ne l'ont pas fait, argue Yan Rousseau. Nous organisons beaucoup de voyage multigénér­ation‐ nel. Après deux années avec des restrictio­ns à Noël, on di‐ rait que les gens se re‐ prennent à l'étranger.

Cindy Clark reconnaît que son entreprise chapeaute des voyages de groupe, mais elle tempère en précisant qu’il en était de même avant la pan‐

démie.

Et la pandémie ?

Comme M. Rousseau et Mme Clark, Mme Lemieux mesure une hausse de ses ac‐ tivités, tout en admettant que les tarifs des voyages n’échappent pas à l’inflation comme les autres services et biens de consommati­on.

Elle sent ainsi que la pan‐ démie est plus susceptibl­e de freiner les voyageurs que la hausse des prix.

Certains restent scep‐ tiques. Ils ont peur que de nouvelles mesures [contre la COVID-19] soient mises en place. Une certaine portion de la clientèle tend ainsi à réser‐ ver leur voyage à la dernière minute et à prendre des assu‐ rances, concède-t-elle.

Julie Trudel en sait quelque chose puisque sa famille a été malade lors de la dernière se‐ maine de vacances. C’était un cauchemar, s’exprime-t-elle au sujet de celle-ci.

Je pensais que nous se‐ rions un peu protégés, men‐ tionne la mère d'un enfant de trois ans et d'un enfant de cinq mois. Nous avons dû dé‐ bourser entre 500 et 600 $ de frais médicaux sur place, pré‐ cise Julie Trudel.

Je suis satisfaite de nos deux premières semaines de vacances, mais je regrette si nous considéron­s seulement la dernière semaine, soutientel­le.

Partir d'ailleurs

Pour éviter des désagré‐ ments à leurs clients, les trois agences de voyages rencon‐ trées déconseill­ent à leurs clients d'opter pour des vols en partance de l'Abitibi-Témis‐ camingue en raison des risques d'annulation.

Ils leur recommande­nt d'opter pour un autre point de départ.

Pour les gens qui veulent absolument partir de RouynNoran­da, nous leur conseillon­s de partir la jour‐ née d'avant lorsque le vol est possible et d'assumer des frais d'hôtel à Montréal, ex‐ plique Cindy Clark.

Espérer le mieux

Ariane Gendron, qui s’es‐ time chanceuse de voyager avec 13 membres de sa fa‐ mille et ses parents de 77 ans, souhaite pour sa part que tout se déroule bien.

J'ai très hâte de revoir la mer et de me baigner. Nous sommes tous des poissons. Nous adorons l'eau. Ce sera le plaisir de jouer dans les vagues et d'être dans l'eau, complète Mme Gendron.

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