Radio-Canada Info

2022 en culture, un retour « à la normale » un peu essoufflan­t

- Miguelle-Éloïse Lachance

L’année qui se termine a été marquée par le retour de nombreux évènements et festivals en présentiel dans le Nord de l’Ontario, mais aussi de nouveaux lieux de rassemblem­ent culturels.

Il y avait beaucoup d’incer‐ titudes en début d’année lors de l’organisati­on de la pro‐ grammation printanièr­e de la Slague, rappelle le directeur général et culturel du Carre‐ four francophon­e, Stéphane Gauthier.

L’ouverture de la Place des Arts du Grand Sudbury a été un évènement majeur.

Ça a commencé sur les chapeaux de roues, affirme M. Gauthier.

Les évènements se sont succédé depuis la fin avril, avec parfois plus d’un spec‐ tacle la même journée.

Le directeur général du Carrefour francophon­e sou‐ ligne que le spectacle Stef Pa‐ quette Symphoniqu­e, en sep‐ tembre, et celui de Kizaba, en novembre, ont permis de voir le potentiel de la Place des Arts.

Son équipe et lui conti‐ nuent d’expériment­er pour mieux apprivoise­r la Place des Arts, ainsi que le nouveau sys‐ tème de billetteri­e, avec une échelle de prix adaptée aux moyens financiers des specta‐ teurs.

Pour sa part, Danielle Tremblay, la directrice géné‐ rale de la Galerie du NouvelOnta­rio (GNO), affirme que les nouveaux locaux ont per‐ mis d’attirer beaucoup de visi‐ teurs.

Elle note que le passage au mode virtuel pendant la pan‐ démie a permis d’atteindre de nouveaux publics. On savait que le défi qu’on avait en re‐ venant ici, c’était de retrouver notre public qui venait nous fréquenter en 2019.

On est super emballés, on a un espace rêvé, avec plein d’équipement­s, plein de choses à offrir à la commu‐ nauté et aux artistes.

Danielle Tremblay, direc‐ trice générale de la Galerie du Nouvel-Ontario

Mme Tremblay

affirme que beaucoup d’efforts ont été déployés autour des acti‐ vités d’animation, pour aller au-delà des simples exposi‐ tions.

La GNO tient jusqu’au 13 janvier 2023 sa tradition‐ nelle exposition et vente d’art, le Nouveau Louvre.

Ça a été vraiment le fun d’accueillir le public dans ce type d’exposition là où il y a une centaine d’artistes, confie la directrice générale de la GNO.

De nombreuses autres ex‐ positions ont précédé celle-ci depuis le mois d’avril

Un retour timide des spectateur­s dans certains cas

À Chapleau, le Centre culturel Louis-Hémon a ac‐ cueilli plus de spectacles qu’à l’habitude, notamment parce qu’il avait reçu des subven‐ tions qui devaient être dépen‐ sées avant une certaine date.

La coordonnat­rice de ce centre, Monique O’Hearn, note qu’en général, les spec‐ tacles ont attiré un nombre semblable de spectateur­s, même si certains ont mieux fonctionné que d’autres.

Je dirais que ça doit dé‐ pendre des saisons, et aussi du virus qui est présent en ville lors des spectacles.

Tout le monde s’attendait à des défis pour repartir après avoir été fermé. Je trouve que je m’étais fait une idée plus sombre que la réalité. Je m’at‐ tendais à voir un gros déclin de spectateur­s à nos spec‐ tacles, ce qui n’a pas été le cas.

Monique O’Hearn, coor‐ donnatrice du Centre culturel Louis-Hémon

Martin Blanchet, contre‐ bassiste et directeur des opé‐ rations pour l’Orchestre sym‐ phonique de Thunder Bay, note que les spectateur­s ne sont pas encore de retour en aussi grand nombre qu’avant la pandémie, mais ajoute que les choses s’améliorent.

Le musicien, qui se produit aussi avec son quintuor de jazz, a participé cet automne au Franco-Festival Thunder Bay, qui était de retour en présentiel.

Du côté de Hearst, où il y a aussi une Place des Arts, les spectateur­s ont été de retour relativeme­nt en grand nombre, dépendamme­nt du type de spectacle, affirme Va‐ lérie Picard, directrice du Conseil des Arts de Hearst (CDAH).

L’organisme a reçu presque tous les fonds pour lesquels une demande de subvention avait été déposée. On a dû faire une program‐ mation quand même assez grande, d’envergure.

Valérie Picard ajoute que le CDAH fait face à une grande compétitio­n pour l’attention du public, et que les coûts pour présenter des spectacles augmentent constammen­t.

Stéphane Gauthier fait re‐ marquer que l’inflation rend difficile de prévoir les compor‐ tements de la population en matière de divertisse­ment.

Le musicien Martin Blan‐ chet raconte que certains ar‐ tistes ont décidé, un peu à contre-courant, de diminuer leur cachet. C’est un peu triste [pour les artistes], mais au moins ça a pu offrir à cer‐ taines personnes la possibilit­é de sortir, parce que les choses sont vraiment plus chères.

Valérie Picard souligne un certain épuisement du per‐ sonnel, en raison du rythme effréné depuis le retour. Je parle de moi, de mes coéqui‐ pières, des bénévoles, vrai‐ ment de tout le monde dans les équipes. [...] Il faut qu’on soit vigilant.

C’est une réalité qui est ressentie pas mal partout. Nous venons de perdre quel‐ qu’un qui a dû trancher au ni‐ veau de la conciliati­on familletra­vail.

Valérie Picard, directrice du Conseil des Arts de Hearst

C’est difficile d’aller cher‐ cher des gens, ajoute-t-elle, ci‐ tant la difficulté d’offrir des sa‐ laires compétitif­s. Le CDAH a par ailleurs récemment adop‐ té la semaine de 4 jours de travail, comme un outil pour le bien-être du personnel et le recrutemen­t.

La représenta­tion de VACHES, The Musical à Hearst a dû être annulée au début de décembre, faute de pouvoir fournir une équipe complète de technicien­s de scène.

Stéphane Gauthier abonde dans le même sens. Il souligne qu’il y a un impor‐ tant roulement de personnel au Carrefour francophon­e, autant du côté des services à l’enfance que dans l’équipe de diffusion de spectacles.

Il admet que la Slague de‐ vra peut-être voir à la baisse le nombre de spectacles, en tentant de viser juste pour maximiser le nombre de spec‐ tateurs et attirer de nouvelles personnes.

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