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Le Roi Pelé n’est plus

- Robert Frosi

Pelé, la légende brésilienn­e du soccer, est mort jeudi à l'âge de 82 ans. Son agent a confirmé l'informatio­n. L'octogénair­e avait été hos‐ pitalisé à de nombreuses reprises au cours des der‐ niers mois et n'avait pas quitté l'hôpital Albert-Ein‐ stein depuis le 29 no‐ vembre dernier.

Il est né Edson Arantes Do Nascimento en 1940, dans la petite ville de Três Coraçoes, dans le sud-est du Brésil. C’est dans une favela qu'il fera ses débuts avec un ballon. En fait de ballon, c’était plutôt de vieilles chaussette­s enroulées entre elles sur lesquelles il ta‐ pait.

À cette époque, celui qui allait devenir Pelé jouait pieds nus, ce qui a valu à son équipe le surnom des sans chaussures. C’est sans doute là qu’il a pu développer sa dextérité hors du commun.

À l’âge de neuf ans, en 1950, il regarde avec son papa la finale de la Coupe du monde entre le Brésil et l’Uru‐ guay. Ce jour-là, il voit son père pleurer pour la première fois en voyant son équipe perdre. Pour tenter de le consoler, il lui dit : Je la gagne‐ rai un jour, je te le promets.

Il fait ses débuts profes‐ sionnels à 15 ans avec le club local de Bauru. C’est là que l’on va remarquer ses pre‐ miers exploits. Deux ans plus tard, il se joint à la Seleçao, la sélection nationale brési‐ lienne, pour la Coupe du monde de 1958.

Il devra attendre les quarts de finale contre le Pays de Galles pour marquer son pre‐ mier but. À 17 ans, il sera le plus jeune joueur de l’histoire à marquer un but en Coupe du monde. Un record jusqu’ici inégalé.

En demi-finale, il réussit un tour du chapeau contre la France pour propulser le Bré‐ sil en finale. Il ajoute deux buts contre les Suédois et remporte sa première Coupe du monde.

Il en remportera deux autres et deviendra le seul joueur de l'histoire à avoir ga‐ gné trois fois ce trophée.

La légende Pelé est née!

Des buts,

il en marquera plus de 1300. On aurait pu croire qu’une carrière interna‐ tionale lucrative allait s’ouvrir pour le gamin des bidonville­s. Cependant, au Brésil, on dé‐ crète qu'on ne se débarrasse pas comme ça d’un trésor na‐ tional. Il sera fidèle à son pays et surtout au célèbre club Santos FC jusqu'à son départ aux États-Unis.

Ce n’est qu’en fin de car‐ rière, en 1975, que l’Amérique du Nord pourra le voir évo‐ luer. Pelé va signer un contrat faramineux pour l'époque; on parle même du transfert du siècle. Le président brésilien d'alors, Ernesto Geisel, de‐ mandera à Pelé de reconsidé‐ rer sa décision.

Henry Kissinger, alors se‐ crétaire d'État américain, in‐ terviendra auprès de Geisel en insistant sur le fait que Pe‐ lé à New York confortera­it les relations entre les deux pays.

Le contrat de sept millions de dollars est enfin signé. Su‐ bitement, les stades améri‐ cains se remplissen­t à la vi‐ tesse de l'éclair et tout le monde veut voir le prodige brésilien.

Les joueurs du Manic de

Montréal ont l’occasion de l’af‐ fronter alors qu'il évolue avec le célèbre Cosmos de New York.

Ses compagnons d’armes sont l’Italien Chinaglia, l’Alle‐ mand Beckenbaue­r et le Bré‐ silien Carlos Alberto, son an‐ cien coéquipier.

La perle noire, un autre de ses nombreux surnoms, sera sacré joueur du 20e siècle par la FIFA. Curieuseme­nt, il ne se‐ ra jamais couronné du titre du Ballon d’or malgré ses suc‐ cès.

Il faut dire que ce titre était décerné jusqu’en 1995 uni‐ quement aux joueurs euro‐ péens. Cette bourde, la FIFA va la réparer en 2013, en sa‐ crant Pelé Ballon d’or d’hon‐ neur.

Après sa carrière de foot‐ balleur, Pelé va consacrer la plupart de son temps aux plus démunis. Il sera ambas‐ sadeur pour l’ONU et pour l’UNESCO. Il deviendra aussi ministre des Sports de son pays.

Pelé reste incontesta­ble‐ ment l’un des plus grands joueurs de tous les temps dans l’histoire du ballon rond. On n’hésite pas à parler de lé‐ gende, un autre qualificat­if justifié.

Celui qui a parcouru des milliers de kilomètres ballon au pied peut maintenant se reposer. Il raccroche définiti‐

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