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Le dernier roman de François Blais qui traite de suicide visé par le ministère de la Santé

- Avec les informatio­ns de Charles-Antoine Boulanger et de Marc-Antoine Bélanger

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) déconseill­e que le roman jeunesse Le garçon les pieds à l’envers; les chro‐ niques de Saint-Sévère, de feu François Blais, soit pro‐ mu auprès des jeunes.

Dans une missive signée par la sous-ministre adjointe du MSSS Marie-Ève Bédard, elle écrit que l’auteur François Blais fait référence à plusieurs reprises et de façon explicite au suicide ainsi qu’à des moyens concrets pour y par‐ venir.

Elle soutient que les lec‐ teurs pourraient s’identifier aux personnage­s. La lecture du roman pourrait affecter les jeunes présentant des vulné‐ rabilités. Ces derniers pour‐ raient notamment adopter des comporteme­nts suici‐ daires par imitation. Même dans le cas d’une fiction, les risques d’identifica­tion sont réels, avertit-elle dans sa lettre du 16 décembre en‐ voyée aux directeurs de santé publique des établissem­ents de santé et des services so‐ ciaux.

Elle ajoute qu’il est capital de ne pas attirer l’attention et la curiosité du public sur ce livre.

Des risques réels?

L'Associatio­n québécoise de prévention du suicide tra‐ vaille sur un guide destiné aux auteurs et diffuseurs qui abordent le suicide dans des oeuvres de fictions.

Son président-directeur général, Jérôme Gaudreault, affirme qu’il y a bel et bien des risques de traiter du suicide dans des romans.

Il peut y avoir un phéno‐ mène d'identifica­tion si ce personnage-là se suicide parce qu'il vit une très très grande souffrance et qu'il n'a pas trouvé les bons moyens pour surmonter cette souf‐ france-là. Ça peut propulser ou augmenter la détresse d'une personne qui est déjà vulnérable.

La maison d’édition en désaccord

Le Groupe Fides, maison

d’édition chez laquelle l’ou‐ vrage est paru, a publié un avertissem­ent sur la page In‐ ternet du livre. Le même avis sera inséré dans les exem‐ plaires du livre et il sera expé‐ dié aux libraires, mentionne-telle par courriel.

La maison d’édition affiche par le fait même son désac‐ cord avec la mise en garde du

MSSS, et dénonce ce qu’elle qualifie d’acte de censure qui est préjudicia­ble à l’oeuvre de l’auteur, à la réputation de la maison d’édition et, ulti‐ mement, aux lecteurs et lec‐ trices.

Le Groupe Fides s’en remet au jugement des enseignant­s, bibliothéc­aires, éducateurs et libraires concernant le traite‐ ment et la diffusion de l’ou‐ vrage.

Une libraire perplexe

À la librairie l’Exèdre de Trois-Rivières, pour l'instant, le roman est toujours sur les tablettes. Sa copropriét­aire, Audrey Martel, se questionne sur la démarche du MSSS.

Ce n'est pas un livre faisant l'apologie du suicide. Ce n'est pas un livre qui donne des moyens de le faire et qui ba‐ nalise le geste, croit-elle.

Est-ce que c'est le fait que l'auteur lui-même s'est suicidé qui a mis un peu en lumière la question? Ça serait plate fina‐ lement que le livre soit finale‐ ment victime du destin de son auteur, poursuit Mme Martel.

Quelques ressources pour les personnes dans le besoin

Ligne d’écoute provincial­e 1 866 APPELLE (277-3553)

Site web suicide.ca Interventi­on par texto au 535353

Service de consultati­on psychosoci­ale Info-Social au 811

Si danger immédiat, contacter le 911

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