Au Brésil, une Autochtone devient ministre pour la première fois
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a nom‐ mé pour la première fois une Autochtone à la tête d’un ministère dans ce pays. Sonia Guajajara, mili‐ tante de longue date pour les droits autochtones, se‐ ra ministre des Affaires au‐ tochtones, un nouveau mi‐ nistère promis par Lula lors de la campagne électorale.
Sonia Guajajara, âgée de 48 ans et issue du peuple
Guajajara-Tentehar, est la troi‐ sième personne autochtone à être élue au Congrès brésilien.
« C’est un jour historique, le résultat de luttes de plu‐ sieurs siècles, menées par beaucoup de peuples et de caciques indigènes qui ont ouvert le chemin », a-t-elle af‐ firmé lors d’une entrevue ac‐ cordée au journal Le Monde.
Rebâtir après l’ère Bol‐ sonaro
Le ministère dont elle aura la charge est attendu depuis longtemps par les Autoch‐
tones brésiliens.
Pendant le mandat de l’exprésident d'extrême droite Jair Bolsonaro, de nombreux Autochtones ont réclamé plus ardemment la création d’un ministère consacré à leurs réalités, qui pourrait entre autres mobiliser les forces de sécurité pour les protéger.
Ainsi, le mandat de Mme Guajajara sera vaste et portera sur des problèmes territoriaux, économiques, sa‐ nitaires et de sécuritaires.
La reconnaissance de nos droits a été paralysée par Bol‐ sonaro, a-t-elle dit à Reuters. Il faut se remettre rapidement au travail pour protéger les Autochtones et les environne‐ mentalistes sur le terrain.
Sous Bolsonaro, que Lula a battu de justesse le 30 oc‐ tobre dernier, la violence contre les Autochtones s’est intensifiée.
Avec l’assouplissement des lois sur l’exploitation des terres mené par le gouverne‐ ment Bolsonaro, la présence des orpailleurs et des bûche‐
rons s’est accentuée sur les terres autochtones.
Mme Guajajara, qui était la directrice de l’Articulation des
peuples autochtones du Bré‐ sil avant son élection, est bien au fait de cette réalité puisque cinq membres de sa commu‐ nauté qui luttaient contre l’ex‐ ploitation illégale de leurs terres ont été assassinés en 2020.
La violence du crime orga‐ nisé a augmenté dans les
zones frontalières, a-t-elle dit à Reuters.
Ça a été notamment le cas dans la vallée de Javari, à la
frontière du Pérou, où le jour‐ naliste britannique Don Phil‐ lips et l'expert brésilien Bruno Pereira ont été assassinés par des pêcheurs illégaux en juin 2022.