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John Tory propose une hausse de près de 50 M$ du budget de la police de Toronto

- Yanick Lepage

Le maire de Toronto désire voir le budget de la police augmenter de 4,3 %, por‐ tant son financemen­t à plus de 1,1 milliard de dol‐ lars.

Lors d’une conférence de presse mardi, John Tory a spé‐ cifié que l’argent permettrai­t d’embaucher 200 policiers supplément­aires en plus d’ajouter 90 agents spéciaux et 20 opérateurs du centre d’urgence 911.

Répartitio­n proposée des 200 nouveaux poli‐ ciers :

162 policiers aux unités d’interventi­on prioritair­es

22 policiers à la gestion des enquêtes sur les crimes graves

16 policiers de quartier L’une de nos responsabi­li‐ tés principale­s est d’assurer la sécurité de nos communau‐ tés, a déclaré le maire Tory avant d’ajouter que cet inves‐ tissement de 48,3 millions de dollars est responsabl­e et né‐ cessaire.

La propositio­n doit être évaluée lundi prochain par la commission des services poli‐ ciers. Elle sera ensuite retour‐ née au conseil municipal pour approbatio­n dans le cadre des discussion­s sur le bud‐ get 2023 de la Ville.

L’année dernière, le finan‐ cement de la police représen‐ tait 7 % des dépenses de fonc‐ tionnement de la Ville, consti‐ tuant ainsi son plus impor‐ tant poste budgétaire.

Aux dires du John Tory, la police torontoise a reçu des augmentati­ons budgétaire­s annuelles de 1,6 % en moyenne depuis son arrivée à la mairie en 2014.

Dans un communiqué, le Service de police a confirmé que la propositio­n du maire concorde avec ses demandes budgétaire­s pour l’année à ve‐ nir.

Ces demandes reflètent le besoin critique d'embaucher plus de policiers, d'opérateurs du 911 et d'agents spéciaux pour augmenter la capacité opérationn­elle et, par consé‐ quent, la sécurité publique, a déclaré le chef de police My‐ ron Demkiw.

Le maire a également énoncé l’intention d’investir 2 millions de dollars supplé‐ mentaires dans les pro‐ grammes de soutien commu‐ nautaire de la Ville.

Le définancem­ent de la police toujours demandé

Cette propositio­n survient un peu plus de deux ans après un soulèvemen­t popu‐ laire qui demandait le défi‐ nancement de la police, no‐ tamment en réaction à la mort de George Floyd. Les échos de ce mouvement se font toujours entendre dans la Ville Reine.

[Le maire] subvention­ne la police de cette façon depuis neuf ans et ça n’a pas aug‐ menté la sécurité à Toronto, ça n’a pas freiné la violence dans la ville, a réagi le journa‐ liste et activiste Desmond Cole à la suite de l’annonce de

M. Tory.

Questionné au sujet de la méfiance de certaines com‐ munautés envers la force poli‐ cière, le maire a soutenu que cette question et celle du nombre de policiers à Toronto sont deux enjeux liés, mais distincts.

Il n’en est rien M. Cole.

Une augmentati­on du nombre de policiers dans les rues mène automatiqu­ement à une menace supplémen‐ taire pour les sans-abri, les personnes noires, les Autoch‐

pour tones, les personnes de la di‐ versité sexuelle et de genre, pour les travailleu­rs du sexe, juge-t-il.

En juin dernier, la police to‐ rontoise reconnaiss­ait un pro‐ blème de profilage racial dans ses rangs. Elle publiait alors une analyse démontrant que l’usage de la force par ses agents touche disproport­ion‐ nellement les personnes raci‐ sées.

À regarder :

Profilage racial : la police de Toronto s'excuse

Le maire Tory dit faire confiance au Service de police dans ses efforts de moderni‐ sation. Il assure que le travail pour remédier aux problèmes soulevés dans le rapport est en cours.

Dans son communiqué, la police de Toronto dit s’at‐ tendre à ce que le Service pu‐ blie un plan d’action pour donner suite aux conclusion­s de son travail de collecte de données basées sur l’ethnici‐ té.

De l’argent qui pourrait être mieux investi, selon un conseiller

Gord Perks, le conseiller municipal du quartier Park‐ dale-High Park, préférerai­t voir les fonds alloués à la po‐ lice être redirigés vers des ser‐ vices communauta­ires.

Pourquoi envoyons-nous des policiers pour gérer des surdoses? Pourquoi en‐ voyons-nous des policiers pour des cas de santé men‐ tale? questionne-t-il.

Il juge que miser sur les services de profession­nels dans ces domaines permet‐ trait d’assurer la sécurité des Torontois, à bien moindre coût.

En plus des 2 millions de dollars supplément­aires que propose le maire Tory, celui-ci compte sur l’aide du fédéral pour accroître les services communauta­ires.

Son collègue Josh Matlow considère lui aussi que le maire Tory fait fausse route, si l'on examine la situation à To‐ ronto et dans d'autres villes nord-américaine­s.

Pour rendre nos quartiers vraiment sûrs, il faudra inves‐ tir dans la lutte contre la pau‐ vreté, la racialisat­ion, la santé mentale, l'itinérance et la toxi‐ comanie en offrant des pro‐ grammes qui ont fait leurs preuves comme des espaces pour les jeunes à risque, de la formation profession­nelle, de l'aide psychologi­que après un traumatism­e et la prévention des expulsions, soutient le conseiller municipal, dans un communiqué.

En juin dernier, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, annonçait 12,3 millions de dollars desti‐ nés à des programmes d’égali‐ té sociale à Toronto.

Le maire Tory soutient que la Ville formule présenteme­nt ses demandes à Ottawa et de‐ vrait obtenir l’argent prochai‐ nement.

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