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Chambre des représenta­nts américaine : le choix d’un président reporté à jeudi

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Alors que les votes se suc‐ cèdent en cascade depuis mardi, les républicai­ns n'ont toujours pas réussi à élire celui ou celle qui oc‐ cupera la présidence de la Chambre des représen‐ tants. Après avoir suspen‐ du une première fois la séance jusqu'à 20 h mercre‐ di, les élus ont ensuite voté pour reporter les débats à jeudi midi.

Les élus républicai­ns ont continué d'afficher leur divi‐ sion mercredi après-midi en accordant 201 voix au repré‐ sentant de la Californie, Kevin McCarthy – le favori –, contre 20 pour l'élu de la Flo‐ ride, Byron Donalds, lors d'un sixième vote infructueu­x.

Kevin McCarthy a besoin de 218 votes afin d'obtenir la majorité nécessaire pour ac‐ céder à la présidence de la Chambre des représenta­nts. Ce seuil pourrait éventuelle‐ ment bouger en cas d'absten‐ tions.

Pour tenter de faire pro‐ gresser les choses, l'ex-pré‐ sident Donald Trump a luimême appelé ses partisans mercredi matin à soutenir la candidatur­e de Kevin McCar‐ thy.

Il est désormais temps pour nos grands élus républi‐ cains à la Chambre de voter pour Kevin, a-t-il déclaré sur son réseau Truth Social. Mais en vain.

Après avoir ravi le contrôle de la Chambre aux démo‐ crates lors des élections de mi-mandat, les républicai­ns n’y détiennent qu’une mince majorité. Le refus d’une ving‐ taine de représenta­nts d’ap‐ puyer la candidatur­e de Kevin McCarthy bloque ainsi l'élec‐ tion d'un nouveau président. Ces élus estiment que M. Mc‐ Carthy est trop centriste pour occuper cette fonction.

Sans leur soutien, Kevin McCarthy a été devancé à chaque vote par son adver‐ saire démocrate de l'État de New York, Hakeem Jeffries, qui jouit de l'appui en bloc des 212 élus de son parti. Il s'agit d'une première place stricte‐ ment symbolique puisque M. Jeffries ne peut pas espérer récolter les voix nécessaire­s pour l'emporter, les démo‐ crates étant minoritair­es à la Chambre des représenta­nts.

Les républicai­ns dé‐ tiennent actuelleme­nt 222 des 435 sièges votants à la

Chambre des représenta­nts, contre 212 pour les démo‐ crates. Un siège est vacant.

Dans la mesure où il faut au moins 218 votes aux répu‐ blicains pour faire élire un pré‐ sident à la Chambre, la ving‐ taine d'opposants à la candi‐ dature de Kevin McCarthy peuvent faire durer le sus‐ pense encore un moment, croit Rafael Jacob, chercheur associé à l’Observatoi­re sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand.

Avoir une majorité aussi courte […], ça fait en sorte que vous avez besoin de seule‐ ment une poignée de législa‐ teurs qui s’unissent pour blo‐ quer la voie à qui que ce soit. Et ils sont en mesure de le faire.

Rafael Jacob, chercheur as‐ socié à l’Observatoi­re sur les États-Unis de la Chaire RaoulDandu­rand

Crédibilit­é

La division au sein des ré‐ publicains incarnée par l'entê‐ tement de cette faction plus radicale nuit grandement à la crédibilit­é du parti, souligne pour sa part Antoine Yoshina‐ ka, professeur de science poli‐ tique à l'Université de l’État de New York à Buffalo.

Ça démontre qu’ils ne sont pas en mesure de gouverner. […] On a l’impression parfois que certains membres de cette faction anti-McCarthy sont presque juvéniles. On est rendu au point où on s’op‐ pose juste pour s’opposer, es‐ time M. Yoshinaka.

Il y a des donateurs du Parti républicai­n qui sont en panique en ce moment et qui se disent : "On n’a pas l’air sé‐ rieux, là!"

Embarrassa­nt, Joe Biden selon

Interrogé sur le blocage qui persiste à la Chambre basse, le président Joe Biden s’est dit préoccupé par le fait que les États-Unis n’aient tou‐ jours pas un Congrès fonc‐ tionnel.

Premièreme­nt, c'est em‐ barrassant pour le pays. Et je veux dire littéralem­ent : je ne fais pas de partisaner­ie. Avoir un Congrès qui ne peut pas fonctionne­r est tout simple‐ ment embarrassa­nt, a déplo‐ ré le président.

Nous sommes le meilleur pays du monde, comment ce‐ la est-il possible?

Joe Biden, président des États-Unis

Nous avons déjà eu beau‐ coup de problèmes avec les attaques contre nos institu‐ tions. Et c'est ce qui m'in‐ quiète le plus, a poursuivi Joe Biden en faisant référence à l’assaut contre le Capitole du 6 janvier 2021.

Un poste important

L’élection du président de la Chambre des représen‐ tants, ça peut avoir l’air un peu lointain; or, c’est d’une importance capitale, souligne le chercheur Rafael Jacob.

D’un point de vue consti‐ tutionnel, le président de la Chambre, c’est le deuxième dans la ligne de succession présidenti­elle après le viceprésid­ent […]. D’un point de vue législatif, il est la personne la plus importante du Congrès américain. Pourquoi? Parce que pour que tout pro‐ jet de loi devienne une loi aux États-Unis, il doit absolument passer par la Chambre des re‐ présentant­s. Et tout projet de loi qui doit passer par la Chambre doit passer par le président, qui a une espèce de droit de veto, si on veut, sur tout ce qui est législatio­n fédérale, a expliqué M. Jacob sur les ondes d’ICI RDI.

Rappelons que les démo‐ crates contrôlent actuelle‐ ment la présidence (Joe Bi‐ den) ainsi que le Sénat des États-Unis. La Chambre des représenta­nts, qui est le troi‐ sième organe législatif, est quant à elle aux mains des ré‐ publicains depuis l'automne.

Le poste de président de la Chambre était occupé de‐ puis 2019 par la représen‐ tante démocrate Nancy Pelo‐ si, première femme à occuper ce poste aux États-Unis (20072011).

Mme Pelosi, dont le mari a été gravement blessé lors d’une attaque contre son do‐ micile, en octobre dernier, par un homme qui s’était donné pour mission de briser les jambes de Mme Pelosi, a re‐ noncé à diriger les troupes dé‐ mocrates en novembre der‐ nier.

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