L’absence de financement à long terme « fragilise » les services d’accueil, dit la FFTNL
L’absence de financement stable à long terme « fragi‐ lise » les services d’établis‐ sement offerts aux nou‐ veaux arrivants, selon le di‐ recteur général de la Fédé‐ ration des francophones de Terre-Neuve et du Labra‐ dor (FFTNL).
À un moment où le gou‐ vernement se félicite d’ac‐ cueillir un nombre record d’immigrants, la province ne signe que des ententes ponc‐ tuelles de financement avec les organismes fournissant des services d'accompagne‐ ment, affirme Gaël Corbineau.
Souvent les ententes sont finalisées avec des mois de re‐ tard, selon M. Corbineau. Si l’année financière commence en mars, le budget provincial est souvent adopté en avril et les ententes de financement, qui doivent être renouvelées chaque année, ne sont noti‐ fiées que six ou même huit mois après, explique-t-il.
C'est vraiment probléma‐ tique parce que vous recevez votre entente au mois de no‐ vembre avec le montant, plus ou moins, que vous avez de‐ mandé, mais vous pouvez comprendre que s’il n’y a pas d’effet rétroactif, on se re‐ trouve avec un budget de 12 mois à dépenser dans les quatre derniers mois de l'an‐ née financière.
Gaël Corbineau, directeur général, FFTNL
Quelquefois, il y a un effet rétroactif, quelquefois ça ne l'est pas, c'est toujours un peu une loterie pour nous. On ne sait pas sur quel pied on va danser.
Le service COMPAS de la FFTNL, qui compte deux tra‐ vailleurs, aide les nouveaux arrivants francophones à trouver un logement et un emploi, et à suivre des cours de langue. Les services sont essentiels, mais l’absence de financement à long terme fait en sorte que la FFTNL peine à garder des employés.
L’organisme peut prendre le risque et prolonger le contrat de ses travailleurs, en espérant que le gouverne‐ ment remboursera finale‐ ment l’argent. Mais il a déjà dû remercier des travailleurs à la fin mars parce que je savais que je n'aurais pas de finance‐ ment de façon immédiate et qu’il y avait le risque que ça ne soit pas couvert.
C'est beaucoup plus diffi‐ cile, surtout en période de pé‐ nurie d'emplois, de recruter des gens en leur disant qu'on a seulement quelques mois d'emploi à leur offrir, ajoute-til.
Un nouveau modèle de financement demandé de‐ puis 4 ans
Des lettres et des notes d’information obtenues par Radio-Canada montrent que la FFTNL demande un nou‐ veau modèle de financement depuis au moins septembre 2018.
Cette situation occasionne un manque de stabilité dans la délivrance des services au public cible, par un arrêt forcé des services durant plusieurs mois et dans l’attente de la si‐ gnature d’une nouvelle en‐ tente, a écrit la présidente de la FFTNL, Sophie Thibodeau, dans une lettre envoyée au Bureau du premier ministre, le 24 septembre 2018.
Dans une réplique, un mois plus tard, Dwight Ball, premier ministre à l’époque, a expliqué que 22 organismes communautaires avaient reçu un financement pluriannuel et qu’après une évaluation ex‐ haustive de cette première phase, nous avons I'intention d'étendre cette approche a davantage de groupes com‐ munautaires.
Gaël Corbineau explique que son organisme a depuis réitéré sa demande à plu‐ sieurs reprises. Des notes d'in‐ formation obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'infor‐ mation montrent qu'une ren‐ contre à ce sujet a été organi‐ sée avec la ministre des Af‐ faires francophones, Sarah Stoodley, en février dernier. Encore une fois, les efforts de la FFTNL n’ont pas porté fruit.
On a toujours eu, pour le moment, une réponse polie, mais pour dire que ce n'était pas encore possible. [...] La plupart des autres gouverne‐ ments, par exemple, le fédé‐ ral, où on a déjà des ententes de jusqu'à cinq ans. Les autres provinces, la plupart, à ma connaissance, le font, des en‐ tentes pluriannuelles.
Gaël Corbineau, directeur général, FFTNL
Un révision à l'horizon
Dans une déclaration, la porte-parole du Conseil du Trésor, Victoria Barbour, af‐ firme que le gouvernement provincial a donné 585 585 $ au service COMPAS depuis 2017, dont 164 234 $ en 20222023. Elle ajoute que COMPAS reçoit aussi du financement du gouvernement fédéral.
Elle rappelle aussi que le 14 décembre, le gouverne‐ ment provincial a annoncé l’élaboration d’un nouveau processus de financement communautaire dans le but d'améliorer la prestation des services à la population de la province.
Le gouvernement a pro‐ mis de mener des consulta‐ tions dans un proche avenir. La FFTNL dit vouloir y partici‐ per.
On aimerait que ça puisse changer puisqu'on parle de services qui devraient être as‐ surés de façon permanente, d’année en année, affirme Gaël Corbineau, en soulignant que le manque de finance‐ ment pluriannuel touche plu‐ sieurs organismes du secteur communautaire, dont l’Asso‐ ciation for New Canadians.