La GRC a dépensé près de 50 M$ pour faire respecter des injonctions en C.-B.
Un groupe spécifique de la Gendarmerie royale du Ca‐ nada (GRC) en ColombieBritannique, le Groupe d’intervention pour la sé‐ curité de la collectivité et de l’industrie (GISCI), a dé‐ pensé près de 50 millions de dollars depuis sa créa‐ tion, en 2017, pour faire respecter des injonctions obtenues par les secteurs pétrolier et forestier dans la province. CBC/Radio-Ca‐ nada a obtenu des données comptables internes en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.
Des membres de Pre‐ mières Nations et des organi‐ sations dénoncent, de leur cô‐ té, un manque de surveillance gouvernementale des dé‐ penses et des actions de ce groupe.
Trois projets énergétiques et forestiers de la ColombieBritannique ont mobilisé les opérations du GISCI, dont la mission est d’assurer une sur‐ veillance stratégique des inci‐ dents dans le secteur de l’in‐ dustrie de l’énergie et des questions d’ordre public, de sécurité nationale et de crimi‐ nalité qui en découlent , selon le site web de la GRC.
Les opérations du GISCI entourant l’expansion du pi‐ peline Trans Mountain ont ainsi coûté 3,5 millions de dol‐ lars depuis 2017. Celles liées à la construction du gazoduc Coastal GasLink s’élèvent à 27,6 millions de dollars de‐ puis 2018.
Enfin, les activités du groupe en lien avec l'exploita‐ tion de forêts anciennes à Fai‐ ry Creek, sur l'île de Vancou‐ ver, ont atteint 18,7 millions de dollars en 16 mois seule‐ ment.
Au total, entre le 1er avril 2017 et le 31 juillet 2022, la GRC a dépen‐ sé un total de 49,9 millions de dollars pour la surveillance de ces chantiers.
À ce jour, les dépenses du GISCI ont probablement dé‐ passé ce montant, car la de‐ mande d'accès à l’information de CBC/Radio-Canada ne couvre pas la fin de l’an‐
née 2022.
Un groupe créé pour les incidents de l'industrie de l'énergie
Les données obtenues par CBC/Radio-Canada indiquent que le GISCI était initialement chargé de faire obstacle aux protestations des Premières Nations et des environne‐ mentalistes contre les projets d'expansion de Trans Moun‐ tain et Coastal GasLink.
La GRC a d’ailleurs effectué plusieurs raids en territoire wet'suwet'en pour démante‐ ler les barrages qui entra‐ vaient la construction du ga‐ zoduc Coastal GasLink. En 2019-2020, elle a dépensé 9,6 millions de dollars pour des opérations liées à ce pro‐ jet.
Cette année-là, des mani‐ festations et des blocages de voies ferrées en soutien à la Nation Wet'suwet'en ont eu lieu partout au pays.
Une impression chèque en blanc de
Comme le GISCI n'a pas de juridiction territoriale définie, un nombre inconnu de membres et pas de cadre budgétaire, certains craignent que le groupe ait carte blanche pour ses agisse‐ ments.
Les droits humains, les droits des Autochtones de ce pays sont affaiblis jour après jour en permettant que cet argent soit dépensé pour des unités telles que le GISCI, qui n'existait pas il y a quelques années, croit Na'moks, un chef héréditaire de la Nation Wet'suwet'en.
Alors que le GISCI affirme avoir besoin d’un mandat flexible pour répondre aux manifestations imprévisibles, des groupes autochtones et des organisations estiment qu’il devrait assumer la res‐ ponsabilité des dommages qui sont causés.