Toujours sans président, la Chambre des représentants reporte ses travaux à vendredi
La Chambre des représen‐ tants des États-Unis ne s’entend pas sur le choix de son président, et ce, après 11 votes en trois jours consécutifs. Une première en plus d'un siècle. Les élus ont finalement voté, jeudi soir, pour reprendre les tra‐ vaux vendredi.
Le chaos politique s'est poursuivi, jeudi, à propos de l'élection du républicain Kevin McCarthy, favori pour rempla‐ cer Nancy Pelosi comme nou‐ veau président. Après 11 votes en trois jours consé‐ cutifs, une vingtaine de répu‐ blicains refusent toujours de le soutenir, le laissant bien en deçà des 218 votes néces‐ saires pour occuper la prési‐ dence.
Ces irréductibles du Free‐ dom Caucus (Caucus de la li‐ berté, en français), un groupe parlementaire d’extrême droite, lui reprochent d'être trop modéré.
M. McCarthy avait pour‐ tant tendu la main en offrant des concessions de taille à ces élus jouant les trouble-fête. En vain.
Membres de la frange la plus conservatrice du parti, ces élus trumpistes profitent de la très mince majorité ré‐ publicaine décrochée aux élections de mi-mandat de novembre pour poser leurs conditions. M. McCarthy, qui ne peut pas être élu sans leur soutien, a notamment accédé à une de leurs requêtes visant à faciliter l'éviction du spea‐ ker, d'après plusieurs médias américains. Mais l'opposition à sa candidature semblait se cristalliser.
Nous sommes déterminés à changer en profondeur cette institution qui fait fausse route, a justifié le tur‐ bulent élu de Caroline du Nord Dan Bishop depuis l'hé‐ micycle.
C’est la première fois en 100 ans que la Chambre ne s’entend pas sur le choix de son président dès le premier tour. Neuf tours de vote avaient été nécessaires en 1923.
Les républicains ont rem‐ porté la majorité à la Chambre des représentants lors des élections de mi-man‐ dat, en novembre, et dis‐ posent de 222 sièges sur 435.
Ce blocage a des répercus‐ sions très concrètes : sans président de la Chambre, les élus ne peuvent pas prêter serment, ni donc adopter un quelconque projet de loi.
Les élus continueront à voter jusqu'à ce qu'un pré‐ sident de la Chambre des re‐ présentants soit élu. Ce qui devait être l'affaire de quelques heures pourrait s'étendre sur plusieurs se‐ maines : en 1856, les élus du Congrès ne s'étaient enten‐ dus qu'au bout de deux mois et 133 tours de scrutin.
Il ne fait pas de doute que les problèmes qui nous di‐ visent aujourd'hui sont bien moins graves que ceux que nous avions en 1856, a lancé l'élu John James, en appelant ses collègues à se ranger sans attendre aux côtés de Kevin
McCarthy.
Une aubaine pour Bi‐ den?
Le président démocrate Joe Biden a qualifié mercredi cette situation d'embarras‐ sante, assurant que le reste du monde suivait de près la pagaille au Congrès.
L'agacement et l'impa‐ tience se faisaient aussi sentir dans les rangs du Grand Old Party, qui soutiennent très largement la candidature de Kevin McCarthy, donnant lieu à des débats très animés dans l'hémicycle.
Les républicains se trouvent ainsi dans l'incapaci‐ té, pour le moment, d'ouvrir les nombreuses enquêtes qu'ils avaient promises contre Joe Biden.
Une situation que les dé‐ mocrates observent avec un certain amusement, entre rires narquois et applaudisse‐ ments destinés à leurs col‐ lègues républicains. Le parti de Joe Biden fait bloc autour de la candidature du chef Ha‐ keem Jeffries, mais l'élu ne dis‐ pose pas non plus d'assez de voix pour accéder au per‐ choir.
Être face à une Chambre hostile, mais désordonnée, pourrait se révéler une au‐ baine politique pour Joe Biden s'il confirme son intention de se représenter en 2024 – déci‐ sion qu'il doit annoncer en début d'année.