Radio-Canada Info

La Ville d’Edmonton se dote d’une applicatio­n pour documenter les signes haineux

- François Joly

La Ville d'Edmonton s'est dotée d'une nouvelle appli‐ cation qui servira à réper‐ torier les signes haineux sur son territoire. La Ville espère que cette dernière aidera à combattre le ra‐ cisme, la misogynie et l'ex‐ trémisme violent.

Le logiciel, nommé Ligh‐ thouse, permet aux utilisa‐ teurs de téléverser une photo d’un symbole haineux comme un dessin de croix gammée. L’image est ensuite analysée par au moins deux experts avant d'être ajoutée à une base de données qui recense notamment le moment et l’emplacemen­t où la photo a été prise.

L'applicatio­n a été déve‐ loppée en collaborat­ion avec la Ligue anti-diffamatio­n. Les données permettron­t de sa‐ voir si un secteur en particu‐ lier est visé ou si un groupe est particuliè­rement ciblé.

Avant, il fallait manuelle‐ ment ajouter l’informatio­n à notre base de données. Ça pouvait être encombrant, ex‐ plique Keith Scott, directeur des plaintes et des enquêtes pour la Ville. Il croit que la nouvelle méthode, qui ne né‐ cessite qu’un téléphone cellu‐ laire, est significat­ivement plus simple.

L'applicatio­n n'est pas des‐ tinée au grand public et est pour l'instant réservée aux agents de la paix de la capitale provincial­e. Keith Scott dit vouloir éviter que des per‐ sonnes mal intentionn­ées n'inondent le système avec des images non pertinente­s.

Les données seront no‐ tamment partagées avec la police d’Edmonton pour l'ai‐ der à enquêter sur les crimes haineux. La Ville souhaite aus‐ si s’en servir pour mieux cibler ses efforts de sensibilis­ation et d’éducation. Edmonton re‐ cense en moyenne une cin‐ quantaine de plaintes par an liées aux symboles haineux.

Est-ce qu’on est sûr que c’est un petit groupe de per‐ sonnes? Est-ce qu’on est cer‐ tain que c’est un petit nombre d’incidents?, se demande la présidente de la Fédération juive d'Edmonton, Stacey Lea‐ vitt-Wright, qui voit d'un bon oeil cette collecte de données plus systématiq­ue.

Ce sont des symboles qui font peur et qui font ressortir toutes sortes de trauma‐ tismes, rappelle-t-elle.

L'extrémisme en ligne, difficile à mesurer

Les symboles dessinés dans l’espace public ne sont

qu’une petite partie du pro‐ blème, rappelle cependant John McCoy, directeur de l’Or‐ ganisation pour la prévention de la Violence (Organizati­on for the Prevention of Vio‐ lence), un groupe basé à Ed‐ monton et financé par la Ville et le gouverneme­nt fédéral.

Le discours haineux existe en grande partie sur le web, précise-t-il. C’est un domaine dans lequel il nous faut da‐ vantage d'informatio­ns. Le problème c’est de savoir où sont les individus qui pro‐ pagent ces messages ou pro‐ fèrent des menaces en ligne. Existent-ils vraiment ou s’agitil de robots? C’est difficile, mais nous savons que c’est là que la majorité de ces activi‐ tés ont lieu.

Il croit cependant que l’ap‐ plication Lighthouse permet‐ tra de mieux cibler les inter‐ ventions, notamment dans les écoles. La Ville n’a pas en‐ core spécifié combien de temps le projet pilote pourrait durer, mais elle envisage d’élargir l’utilisatio­n de son ou‐ til à d’autres employés munici‐ paux.

Les équipes de nettoyage de la Ville ont effacé 211 graffi‐ tis à caractère haineux au cours des quatre dernières années. Les Edmontonie­ns qui trouvent un tel symbole peuvent contacter le 311.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada