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Une Albertaine bloquée au Mexique après un diagnostiq­ue de la maladie mangeuse de chair

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Une jeune femme d'Ed‐ monton qui a appris qu'elle était atteinte de la mala‐ die dévoreuse de chair lors d'un voyage au Mexique n'a pu bénéficier d'un vol d'évacuation sanitaire pour rentrer au Canada. Les autorités sanitaires de l'Alberta l’ont informé qu'aucun lit d'hôpital n'était disponible pour elle.

Le 23 décembre, Maia Stock et ses parents étaient en vacances à Puerto Vallarta pour une dizaine de jours. Une nuit, la femme de 25 ans est alertée par l'apparition d’une fièvre inhabituel­le, ditelle.

À 3 h du matin, je me suis réveillée et ma jambe était su‐ per gonflée, rouge et chaude au toucher, explique Maia Stock.

Consulté par le médecin de la station balnéaire, ce der‐ nier lui indique qu’elle devait se présenter en urgence à l'hôpital.

Sur place, les médecins lui apprennent qu'elle a une fas‐ ciite nécrosante, également connue sous le nom de la ma‐ ladie mangeuse de chair. Cette infection causée par une bactérie progresse rapi‐ dement et détruit la peau et les tissus musculaire­s.

La famille pense dans un premier temps à une évacua‐ tion au Canada, mais il n'était pas possible de rentrer au pays compte tenu de l'ur‐ gence des soins dont elle avait besoin.

Nous avons discuté avec un médecin au Canada pour que je puisse rentrer chez moi, mais il disait que je de‐ vait [être opérée] tout de suite, affirme Maia Stock. Il avait peur que l’infection at‐ teigne l'os et que je perde ma jambe. C'était effrayant d'en‐ tendre ça, raconte-t-elle.

Sa mère, Barbara Wilkin‐ son, a passé les 24 heures sui‐ vantes à essayer de faire en sorte que l'opération puisse avoir lieu au Mexique.

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Une première interventi­on chirurgica­le, dans un hôpital de Puerto Vallarta, a eu lieu le lendemain de Noël.

Le 26 janvier, la famille en‐ tame les démarches auprès de la compagnie d’assurance voyage, TuGo, pour ramener Maia au Canada avec un vol d'évacuation sanitaire, avant sa deuxième interventi­on.

Ses parents espéraient qu'elle puisse consulter un spécialist­e canadien des mala‐ dies infectieus­es avant sa troi‐ sième opération.

Cependant, Maia Stock a été informée qu’elle devait rester au Mexique parce qu'aucun lit n'était disponible à Edmonton.

Ça nous a ouvert les yeux sur la gravité de la situation, s’exclame Barbara Wilkinson. Le médecin canadien qui co‐ ordonne avec nous, nous a in‐ formés qu'ils avaient des pa‐ tients et des civières dans les couloirs de l'hôpital et qu'ils ne pouvaient pas trouver de lit pour Maya, regrette la mère de Maia.

Dans un courriel des ser‐ vices de santé de l'Alberta, un porte-parole affirm que le pa‐ tient doit être suffisamme­nt stable pour être transféré [...] et qu’un établissem­ent des services de santé de l'Alberta ne peut accepter que s'il dis‐ pose des ressources néces‐ saires pour fournir des soins.

Maia Stock a dû subir deux autres opérations, dont la dernière le 2 janvier.

Selon le Dr Ripenjot Rai, un médecin consultant canadien qui travaille avec le fournis‐ seur d'assurance voyage de la famille Stock, TuGo, la saison hivernale des virus a causé des problèmes dans tout le système de santé canadien.

Lorsque nous avons es‐ sayé de ramener la patiente, il y avait beaucoup de monde, a laissé entendre le Dr Rai. Je pense que, de manière géné‐ rale, les lits étaient rares dans tout le pays.

Taka Katsube, responsabl­e de la gestion des coûts et de l'assistance médicale de TuGo assurances, affirme que la pé‐ nurie de lits est un problème récurrent.

Nous constatons que de nombreux cas se prolongent pendant plusieurs jours, voire une semaine, avant qu'un lit ne se libère ou que le patient ne s'améliore et ne soit ren‐ voyé chez lui, atteste Taka Katsube.

La directrice de la politique de santé et d'invalidité à l'As‐ sociation canadienne des compagnies d'assurances, Sheila Burns, pense que les voyageurs devraient garder à l'esprit la pénurie de lits dans les hôpitaux du pays.

Il est bon de savoir que le retour au Canada peut prendre plus de temps que d'habitude si vous avez be‐ soin de soins continus dans un hôpital au Canada, dit-elle.

Maia Stock a quitté l'hôpi‐ tal mardi et a réservé, avec sa mère, un vol commercial vers Edmonton vendredi.

Son cas nécessite des soins supplément­aires, ce qui signifie qu'elles devaient trou‐ ver un siège avec un espace suffisant pour les jambes. Avec la saison touristiqu­e chargée, cela a été un défi, constate Maia Stock.

C'était effrayant, mais... j'ai mes deux jambes, donc c'est une victoire, souligne-t-elle.

Au Canada, il y a de 90 à 200 cas de fasciite nécrosante chaque année. Entre 20 % et 30 % des personnes atteintes en meurent.

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