Apple se tourne vers l’intelligence artificielle pour la narration de livres audio
Sans faire trop de bruit, Apple a publié un cata‐ logue de livres audio narrés par l'intelligence artifi‐ cielle (IA), une décision qui risque de faire couler beau‐ coup d’encre en plein dé‐ bat sur les contrecoups de l’IA sur le marché du tra‐ vail.
L’entreprise américaine croit que cette fonctionnalité aidera les autrices et auteurs indépendants qui pourraient ne pas être en mesure de convertir leurs titres en livres audio en raison du coût et de la complexité de la produc‐ tion.
Pour l’instant, seulement quelques livres audio sont lus par des voix générées par l’IA sur la plateforme Apple Books, offerte exclusivement en anglais pour le moment. Les titres peuvent être trou‐ vés en tapant « Al narration » dans la barre de recherche de l’application.
Apple propose quatre voix dans les catégories soprano et baryton : Madison et Jack‐ son (romance et fiction) ; He‐ lena et Mitchell (développe‐ ment personnel et non-fic‐ tion).
La narration numérique Apple Books associe une tech‐ nologie de synthèse vocale avancée à un travail impor‐ tant d’équipes de linguistes, de spécialistes du contrôle qualité et de spécialistes d’in‐ génierie du son pour produire des livres audio de haute qua‐ lité à partir d’un fichier ebook. Apple est depuis longtemps à l’avant-garde de la technolo‐ gie vocale innovante et l’a maintenant adaptée à la lec‐ ture longue durée, en collabo‐ ration avec des maisons d’édi‐ tion, des auteurs et autrices, ainsi que des narrateurs et narratrices , a déclaré Apple
sur son site web.
Une décision qui sou‐ lève plusieurs questions
Bien que le géant justifie sa décision par une volonté d’aider les écrivaines et écri‐ vains indépendants, plusieurs questions restent en suspens, notamment quant à l’avenir des narrations dites hu‐ maines dans ce marché en pleine progression.
Selon des chiffres du quo‐ tidien britannique The Guar‐ dian, l'année dernière, les ventes de livres audio ont bondi de 25 %, rapportant plus de 1,5 milliard de dollars américains (2 milliards de dol‐ lars canadiens). Les spécia‐ listes estiment que le marché mondial pourrait représenter plus de 35 milliards de dollars américains (47 milliards de dollars canadiens) d'ici 2030.
En entrevue avec le média britannique, David Caron, co‐ producteur chez ECW, plus grand éditeur de livres audio du Canada, a rappelé toute l’importance que peut avoir l’effet d’une bonne narration.
Le narrateur ou la narra‐ trice apporte une toute nou‐ velle gamme d'art dans la création de livres audio, et nous pensons que c'est une chose puissante. La narration crée quelque chose qui est différent du livre imprimé, mais qui ajoute de la valeur en tant que forme d'art. Quand on a une écriture vrai‐ ment excellente et une narra‐ tion vraiment talentueuse, on arrive à quelque chose de spécial. Cela vaut la peine d'in‐ vestir dedans, a-t-il déclaré au Guardian.
De plus, plusieurs artistes qui se spécialisent en narra‐ tion risquent de perdre leur gagne-pain si des voix numé‐ riques les remplacent pro‐ gressivement. Mais de l’autre côté, la production d'un livre audio avec une voix humaine peut prendre des semaines et coûter des milliers de dollars aux maisons d’édition. L'at‐ trait de l'IA promet de réduire considérablement ces coûts.
Dans tous les cas, une chose est certaine : la direc‐ tion prise par Apple sera dé‐ terminante pour l’avenir des livres audio. Comme pour d’autres générateurs alimen‐ tés par l’IA, DALL-E 2 et ChatGPT, par exemple, cette technologie ouvre la porte à un monde de possibilités, mais aussi une panoplie de questions éthiques et écono‐ miques.