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Des prestation­s financière­s jugées insuffisan­tes pour les donneurs vivants

- Louis-Philippe Arsenault

Donner un rein est déjà un don de soi. Les donneurs doivent passer plusieurs se‐ maines, voire des mois, en convalesce­nce sans revenu d'emploi. Le gouverneme­nt fédéral offre des presta‐ tions de l'assurance-em‐ ploi, mais certains jugent qu'elles ne sont pas assez élevées pour subvenir à leurs besoins.

Les prestation­s d'assu‐ rance-emploi fédérale offrent 55 % du salaire au donneur jusqu'à la concurrenc­e de 638 $ par semaine. Depuis le 20 décembre, cette prestation est passée d'un maximum de 15 semaines à 26 semaines.

Mélanie Dupont s'apprête à donner l'un de ses reins à son conjoint, Vincent Boulay, à la fin du mois de janvier. Elle juge que les montants offerts sont insuffisan­ts. À 55% de mon salaire avec le coût de la vie, c'est pas beaucoup, croitelle.

Pour éviter de contracter une maladie, le couple s'Isole depuis la fin du mois de dé‐ cembre. Mme Dupont devra donc vivre avec les presta‐ tions d'assurance-emploi pour un minimum de trois mois en comptant la conva‐

lescence postopérat­oire.

Trouver d'autres sources de revenus

D'autres programmes au Québec existent pour dédom‐ mager les donneurs. Les tra‐ vailleurs ont droit à deux jour‐ nées payées pour faire un don d'organes ou de tissus.

Transplant Québec peut aussi offrir aux donneurs une compensati­on allant jusqu'à 5715 $, mais en raison de son salaire jugé trop élevé, Mme Dupont affirme n'avoir droit qu'à 60 $ supplément­aires par semaine.

Le couple de Beaucerons s'est ainsi tourné vers une campagne de financemen­t en ligne pour s'assurer une sécu‐ rité financière. Ils ont pu ré‐ colter un peu plus de 7500 $ jusqu'à maintenant.

Plus de prestation­s pour favoriser les dons vivants

Selon eux, les gouverne‐ ments auraient tout à gagner à augmenter les prestation­s aux donneurs vivants, dont les organes sont à l'origine d'environ 30 % des greffes au pays.

M. Boulay croit aussi que l'État pourrait faire des écono‐ mies. Ça [pourrait] sauver énormément d'argent au gouverneme­nt parce que les traitement­s de dialyse que je fais coûtent environ 60 000 $ par année tandis qu'une greffe coûte environ 25 000 $.

Le taux de réussite est aussi plus élevé que lorsqu'un organe provient d'un don‐ neur décédé et l'attente est moins longue, selon Vincent Boulay, qui recevra le rein de sa conjointe. On parle d'un an et demi d'attente, alors qu'avoir un rein d'un donneur décédé, cela peut prendre en moyenne quatre ans, sou‐ tient-il.

En Nouvelle-Zélande, de‐ puis 2017, les personnes qui donnent un organe de leur vi‐ vant sont dédommagée­s à 100 % pour leur perte de sa‐ laire engendrée par la chirur‐ gie.

Avec la collaborat­ion de Magalie Masson

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