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France : Macron dévoile son plan pour sauver un système de santé en souffrance

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Réorganisa­tion du travail à l'hôpital, accélérati­on du recrutemen­t d'assistants médicaux... Le président français Emmanuel Ma‐ cron a dévoilé vendredi ses réponses pour « sortir de ce jour de crise sans fin » dans lequel s'est enfoncé le système de santé en France.

Je sais l'épuisement per‐ sonnel et collectif, ce senti‐ ment parfois de perte de sens qui s'est installé, le sentiment au fond de passer d'une crise à l'autre, a déclaré M. Macron en présentant ses voeux aux soignants dans le Centre hos‐ pitalier Sud Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes, en ban‐ lieue parisienne, où il a visité les urgences pédiatriqu­es.

Pour répondre aux difficul‐ tés du système de santé en souffrance, il a assuré vouloir aller beaucoup plus vite, beaucoup plus fort et prendre des décisions radicales.

Première mesure : faire passer le nombre d'assistants médicaux de 4000 à 10 000 d'ici 2024.

Rappelant que la forma‐ tion de nouveaux médecins allait prendre du temps et qu'il faudrait donc une décen‐ nie pour changer le système, il a prévenu qu'il faudrait vivre dans les années qui viennent avec cette pénurie de soi‐ gnants.

Un système « hyper ri‐ gide »

Il a donc annoncé des so‐ lutions pour pallier ce manque par d'autres moyens, en dégageant du temps de médecin face aux patients [...] notre défi collectif à court terme.

Dès la fin de 2023, tous les patients avec une maladie chronique sans médecin trai‐ tant s'en verront proposer un.

Deuxième mesure : réorga‐ niser le travail à l'hôpital d'ici au 1er juin pour le rendre plus attractif.

On doit tout faire pour garder les soignants [à l'hôpi‐ tal]. Ce qui veut dire qu'on doit ensemble travailler à une meilleure organisati­on du temps de travail.

Emmanuel Macron, pré‐ sident de la France

M. Macron a par ailleurs déploré une hyper-rigidité dans l'applicatio­n des 35 heures et un système qui ne marche qu'avec des heures supplément­aires.

Pour remettre les soi‐ gnants davantage aux ma‐ nettes, il a expliqué qu'un tan‐ dem administra­tif et médical, sur la base d'un projet, serait instauré à la tête de chaque hôpital. Il a aussi annoncé la sortie de la tarificati­on à l'acte à l'hôpital dès le prochain budget de la Sécurité sociale, au profit d'un financemen­t sur objectifs de santé pu‐ blique.

Il faut que le service rede‐ vienne l'unité organique et humaine pour pouvoir orga‐ niser les choses, a-t-il dit.

Aux yeux d'Emmanuel Ma‐ cron, les tourments du sys‐ tème de santé ne sont pas qu'une question de moyens, sachant qu'en trois ans le budget santé avait augmenté de 50 milliards d'euros, un rat‐ trapage nécessaire.

Parmi les autres mesures annoncées, le lancement du chantier de la rémunérati­on du travail de nuit à l'hôpital, alors qu'une infirmière n'est par exemple rémunérée qu'un euro de plus de l'heure la nuit que pendant la jour‐ née.

Ses annonces étaient très attendues, alors que le sys‐ tème est à bout de souffle, de l'aveu même du gouverne‐ ment, avec des urgences dé‐ bordées et un manque criant de soignants, sur fond de triple épidémie hivernale de COVID-19, grippe et bronchio‐ lite.

Des médecins mécon‐ tents

Dans un rare communiqué commun, l'ordre et les syndi‐ cats de médecins ont esquis‐ sé jeudi, à la veille des déci‐ sions politiques, leur ligne rouge en affirmant s'opposer à une médecine à plusieurs vi‐ tesses qui ne respectera­it pas leur rôle de chef d'orchestre du système.

Les médecins libéraux ont manifesté par milliers jeudi à Paris, point d'orgue d'une grève qui a débuté au lende‐ main de Noël pour réclamer le doublement de la consulta‐ tion, de 25 à 50 euros.

Le ministre de la Santé s'est dit jeudi prêt à augmen‐ ter cette consultati­on, mais en échange d'efforts pour permettre aux Français d'ac‐ céder plus aisément à un mé‐ decin, et certaineme­nt pas à hauteur des 50 euros deman‐ dés.

Emmanuel Macron a dit vendredi vouloir mieux rému‐ nérer les médecins qui as‐ surent la permanence des soins. Le président a enfin de‐ mandé qu'on puisse conti‐ nuer à supprimer toutes les tâches inutiles assignées aux soignants.

FO-Santé, deuxième syndi‐ cat de la fonction publique hospitaliè­re, avait appelé avant cette visite à une grève illimitée à partir du 10 janvier pour protester contre l'inac‐ tion du gouverneme­nt.

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