Radio-Canada Info

Manque de lits aux urgences : un Estrien attend couché au sol

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Un homme de Val-desSources a vécu une mésa‐ venture vendredi dernier alors qu’il s’est rendu à l'ur‐ gence du CHUS-Fleurimont. Après plusieurs heures d'attente, ce dernier n'en pouvait plus et a demandé de s’étendre, mais le per‐ sonnel au triage a refusé de lui fournir une civière. Entre deux résultats d'exa‐ men, l’homme s'est retrou‐ vé à attendre, couché au sol.

Sa soeur, Georgette Proulx, ne blâme personne, mais elle trouve cette situation anor‐ male. Elle qui a travaillé plus de 40 ans à l'hôpital de Fleuri‐ mont.

Le frère de Mme Proulx est ainsi resté au sol une tren‐ taine de minutes, alors qu’il attendait depuis presque 6 h assis dans la salle d'attente.

Cette dernière raconte qu'il s'est étendu, car il était au bout de ses forces. Il n'arrivait plus à tolérer ses nausées en plus d’éprouver des difficulté­s à respirer.

Il s’est couché par terre. Il s'est tourné, il a vomi. C'est là qu'on est venu s'en occuper, mentionne Mme Proulx. Il au‐ rait fallu d’abord qu'on valide avec moi quelle était la néces‐ sité d’avoir une civière, mais on ne m'a même pas laissé parler, on m'a juste dit qu'il n'y en avait pas.

L'homme de 65 ans, qui combat une leucémie, se re‐ met à peine d'une pneumo‐ nie. À son arrivée au triage, il a été catégorisé comme étant un cas de code trois.

À un moment donné j’ai demandé ce que ça voulait dire. On m’a dit qu’il faut qu’il soit vu en dedans de 30 mi‐ nutes, mais ça fait 5 h 30 et il est assis sur une chaise. Ça donne quoi de mettre une cote à 3 ou à 4 ? déplore Mme Proulx.

Une fois son frère pris en charge, tout est rentré dans l’ordre. L’infirmière à la retraite se demande toutefois ce qu’il se passe dans les urgences. Elle croit qu'une réflexion s'impose et elle veut que l'his‐ toire de son frère résonne.

Quand il a dit : ‘’ je vais me coucher par terre ‘’ je lui ai au moins donné mon manteau. On a pas de couverture, on a pas de débarbouil­lettes, on a accès à absolument rien du tout.

Georgette Proulx

Le CIUSSS de l'Estrie-CHUS n'a pas souhaité accorder d'entrevue à Radio-Canada di‐ manche, notamment pour préciser la procédure en cas de manque de civières. Par écrit, l'établissem­ent indique qu'un suivi sera fait directe‐ ment auprès du patient et qu'il est possible pour une personne qui n'est pas satis‐ faite des services et des soins reçus de communique­r avec le commissair­e aux plaintes et à la qualité de services.

Le président du Comité des usagers du CHUS, Claude Lemoine, tentera de faire la lumière sur cet incident.

Est -ce qu'on doit se rendre compte qu'un usager a besoin d'une civière. Je pense que la réponse c'est oui. […] Peut-être qu'on peut en récupérer une d'urgence, mais imaginez le scénario: si un employé part de l'urgence, monte au 10 e, qu'il revient avec la civière, la personne, probableme­nt un préposé, n'est pas à son travail. C'est très complexe.

Claude Lemoine, ex-méde‐ cin et président du Comité des usagers du CHUS

D’après le reportage de Fanny Geoffrion

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