Le cinéma et les journalistes de guerre
À l’occasion de la diffusion de Whiskey Tango Foxtrot sur ICI Télé (dimanche 15 janvier, à 0 h 30), penchonsnous sur ces films qui mettent en vedette des journalistes de guerre.
C’est un métier difficile, in‐ tenable diraient même plu‐ sieurs, car être correspondant ou correspondante de guerre, cela revient à voyager dans les coins les plus violents de la planète et à témoigner de l’horreur, sans pouvoir inter‐ venir. Évidemment, le cinéma a aussi fait une place à cette profession. Voyons comment.
La femme paumée dans Whiskey Tango Foxtrot (Glenn Ficarra et John Re‐ qua, 2016)
Passé sous le radar lors de sa sortie en salle, Whiskey Tango Foxtrot (traduisible en alphabet international par l’acronyme WTF, qui veut bien dire ce que vous pensez) est pourtant un film sincère, ori‐ ginal et intelligent. Dans le rôle d’une journaliste sans en‐ vergure envoyée en Afghanis‐ tan, où elle doit s’improviser reporter de guerre pendant trois ans (récit inspiré par l’his‐ toire vraie de Kim Barker), Ti‐ na Fey y fait pour beaucoup.
On la connaissait drôle, on la découvre sentimentale et d’une humanité folle, loin des clichés.
L’horreur comme seule compagne dans Sympathie pour le diable (Guillaume de Fontenay, 2019)
Guillaume de Fontenay a dû attendre 14 ans avant de pouvoir réaliser son film. L’at‐ tente en valait toutefois la peine.
Coscénarisé par Guillaume et Vigneault et Jean Barbe, Sympathie pour le diable est une claque, d’une intensité folle.
Notre guide au coeur du monstrueux siège de Sarajevo en 1992 et de ce conflit fratri‐ cide devant lequel la commu‐ nauté internationale a long‐ temps tergiversé est le jour‐ naliste de guerre Paul Mar‐ chand (joué par Émile Schnei‐ der), qui ne parviendra jamais à se remettre de cette plon‐ gée dans la folie des hommes.
Le film illustre comment ce que l’on regarde finit par nous affecter bien plus profondé‐ ment que l’on pense.
La culpabilité comme récompense, dans Eyes of War (Danis Tanovic, 2009)
Mark et David sont deux photographes de guerre, mais si l’un revient du Kurdistan blessé, l’autre sera porté dis‐ paru. Sobre, émouvant et ren‐ dant compte avec puissance de ce que la guerre fait aux êtres humains,
le film repose aussi beau‐ coup sur l’interprétation de Colin Farrell, hanté, intense, bouleversante et qui, par sa droiture, rend un bel hom‐ mage à ce métier complexe de photographe de guerre.
Risquer sa vie, dans Un‐ der Fire (Roger Spottis‐ woode, 1983)
En 1979, au Nicaragua, en pleine guerre civile, un photo‐ graphe et deux de ses col‐ lègues doivent se cacher, car l’armée les recherche.
De la romance, du danger et de la tension : voilà les in‐ grédients sentis de ce film, qui en profite pour égratigner la politique étrangère améri‐ caine et se remettre en ques‐ tion l’effet réel des images de la guerre.
Gene Hackman et Nick Nolte, valeurs sûres, portent le tout sur leurs solides épaules.
La charge politique, dans Salvador (Oliver Stone, 1986)
Ex-membre de l’armée et scénariste, Oliver Stone gagne ses galons de réalisateur en 1986 avec ce film (qu’il finalise la même année que Platoon).
Dès les débuts, l’engage‐ ment politique ne lui fait pas défaut. Son film, qui suit un journaliste et son ami en pleine recherche d’une pri‐ meur dans un Salvador en pleine guerre civile, dénonce sans ambages la tyrannie de la dictature en place, mais aussi la part de responsabilité des États-Unis dans le conflit, jusqu’à un dénouement parti‐ culièrement émouvant.
Whiskey Tango Foxtrot à voir sur ICI Télé, dimanche 15 janvier à 0 h 30.
La bande-annonce (source: YouTube):