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Baisse des prix de l’immobilier l’an dernier, une première depuis 2008

- Vincent Rességuier

L’automne dernier a été très calme dans le secteur de l’immobilier, du jamais vu en 21 ans de carrière pour le courtier immobilier Marc Lefrançois.

Les acheteurs potentiels ont déserté le marché, ana‐ lyse-t-il, refroidis par la hausse des taux hypothécai­res, l’in‐ flation et les prix vertigineu­x.

Un contexte qui contraste avec les records enregistré­s pendant la pandémie et qui explique cette tendance an‐ nuelle à la baisse pour la pre‐ mière fois depuis la crise fi‐ nancière de 2008.

Il n’y a simplement plus de clients, tout le monde a décidé de faire une pause de l'immobilier.

Marc Lefrançois, courtier chez Royal LePage L’étude de Royal LePage, publiée ce vendredi 13 janvier, montre que la baisse des prix a été amorcée dans les grands centres que sont Toronto (-4,6 %), Vancouver (-3,5 %), Halifax (-3,3 %), ou Ottawa (-2,7 %).

Notamment grâce à une activité économique soute‐ nue, les marchés de l’Alberta et du Québec sont épargnés par l’érosion des prix, avec des hausses, entre autres, à Calga‐ ry (+3,9 %) et à Montréal (+2,2 %).

M. Lefrançois remarque par ailleurs un phénomène de cascade, avec un décalage de quatre à six mois dans les marchés secondaire­s. Par exemple, Sherbrooke (+12 %) ou Trois-Rivières (+11 %) pour‐ raient subir un ralentisse­ment significat­if dans les prochains mois.

Cette synthèse s’appuie sur l’examen de données de ventes de propriétés relevées par le franchiseu­r immobilier à l’échelle nationale dans 62 des plus grands marchés du pays.

Les prix toujours à un sommet

Malgré tout, le montant des transactio­ns demeure bien plus élevé qu’avant la pandémie. Le prix médian des propriétés s’est établi à 757 100 $ au quatrième tri‐ mestre 2022, soit une hausse de 13,8 % par rapport à dé‐ cembre 2020 et une hausse de 17,2 % par rapport à dé‐ cembre 2019.

Même si les Canadiens semblent bouder le secteur de l’immobilier, il ne faut pas s’attendre à une chute vertigi‐ neuse des prix. Royal LePage prévoit une baisse globale de 1 % en 2023, mais avec une lé‐ gère tendance à la hausse qui va s'amorcer à partir du 3e tri‐ mestre.

Plusieurs facteurs sont à considérer, en particulie­r le faible niveau de l'inventaire sur le marché, couplé à un fort taux d’immigratio­n, sans oublier le niveau de l'emploi qui demeure élevé, de même que l’épargne des ménages.

Dans bien des cas, les acheteurs attendent que le marché retrouve des stan‐ dards acceptable­s. L’écono‐ miste à la Banque Nationale Darren King prend pour exemple le sud de l’Ontario, où les prix ont bondi de 80 % par endroits avant d’entamer une lente décroissan­ce qui peut atteindre 25 %.

Les copropriét­és, un in‐ vestisseme­nt qui demeure solide

Cette baisse globale reflète surtout le recul de la valeur marchande des maisons uni‐ familiales détachées, dont le prix médian a diminué de 3,7 % pour atteindre 781 900 $.

Le marché des coproprié‐ tés se porte bien mieux puisque le prix médian s’éta‐ blit à 561 600 $, soit une hausse de 1,4 %.

La tendance devrait se poursuivre, selon Marc Le‐ françois. La génération vieillis‐ sante des boomers aban‐ donne progressiv­ement les résidences unifamilia­les pour se tourner vers les coproprié‐ tés, pour des raisons de santé ou de confort. Et comme son poids démographi­que est im‐ portant, la pression sur les prix va demeurer forte.

Les yeux rivés sur le taux directeur

Le courtier immobilier pré‐ voit que le marché va rester calme quelques mois encore, jusqu’au moment où les taux d'intérêt vont se stabiliser ou même diminuer. Les profes‐ sionnels de l’immobilier vont d’ailleurs surveiller de près les annonces de la Banque du Ca‐ nada.

Une première baisse du taux directeur sera imman‐ quablement considérée comme un nouveau départ pour de nombreux acheteurs potentiels, qui rongent leur frein après sept hausses consécutiv­es en 2022. Le taux directeur a été fixé à 4,25 % en décembre dernier alors qu’il était de 0,25 % au mois de mars.

Un constat que partage l’économiste Darren King, qui a vu un ralentisse­ment gra‐ duel de la demande pour les prêts hypothécai­res depuis un an.

L’activité a été maintenue quelques mois en 2022, ex‐ plique-t-il, par les personnes qui avaient déjà négocié un taux d'intérêt intéressan­t et qui se dépêchaien­t d’acheter. Mais depuis, c’est le calme plat, et il espère un réveil en 2023.

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