Danielle Smith revient sur sa promesse de gracier les contrevenants aux règles sanitaires
La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, est revenue sur sa pro‐ messe de gracier les per‐ sonnes qui ont contrevenu aux règles sanitaires visant à endiguer la COVID-19. Elle dit maintenant vouloir lais‐ ser la justice suivre son cours.
Notre système de justice fonctionne de telle façon que le ministère de la Justice est indépendant et que les procu‐ reurs de la Couronne sont in‐ dépendants, a dit Mme Smith, jeudi, lorsque des journalistes lui ont demandé pourquoi elle n'avait pas donné suite à son engagement envers les contrevenants.
Elle affirme qu'elle de‐ mande régulièrement aux procureurs, au fur et à me‐ sure que de nouveaux cas ap‐ paraissent, s'il est dans l'inté‐ rêt public de poursuivre et s'il y a une probabilité raison‐ nable de condamnation.
Dans une déclaration écrite, le ministère de la Jus‐ tice semble toutefois nuancer les propos de Danielle Smith.
La première ministre a dis‐ cuté des poursuites avec le procureur général et le procu‐ reur général adjoint, a déclaré le porte-parole du ministère, Jason Maloney. Cependant, elle n'a jamais parlé avec un procureur de la couronne d’une affaire judiciaire en par‐ ticulier.
Le bureau de la première ministre n'a pas répondu aux demandes de clarifications.
Le NPD albertain veut une enquête pour ingé‐ rence
Le porte-parole de l’oppo‐ sition officielle en matière de Justice, Irfan Sabir, demande une enquête indépendante, car, selon lui, les derniers pro‐ pos de la première ministre indiquent qu’il y a eu une ten‐ tative d’ingérence.
Danielle Smith s'immisce dans les affaires du service des poursuites judiciaires de la Couronne, cherche des in‐ formations sur un cas précis et se demande si des accusa‐ tions sont dans l'intérêt du public, ce qui constitue certai‐ nement une ingérence, dit le député du Nouveau parti dé‐ mocratique (NPD).
Les actions de [Da‐ nielle] Smith minent le prin‐ cipe de l'État de droit, et il est inquiétant de voir qu'elle ne le comprend pas.
Irfan Sabir, porte-parole de l’opposition officielle en ma‐ tière de Justice
Danielle Smith est revenue sur la scène politique en pro‐ mettant d’agir contre ce qu’elle considère des abus commis par le gouvernement contre les droits et libertés des citoyens, notamment à cause des règles sanitaires vi‐ sant à lutter contre la pandé‐ mie et ses accusations por‐ tées contre ceux qui ne les ont pas respectées.
Une volte face critiquée
Juste après son assermen‐ tation, elle a promis de gracier les contrevenants comme le prédicateur Arthur Pawlowski, condamné à 18 mois de pro‐ bation et 23 000 $ pour avoir, entre autres, violé les règles sanitaires. Les sanctions im‐ posées à Arthur Pawlowski ont toutefois été annulées par la cour d’appel de la pro‐ vince.
Mes amis ont voté pour qu’elle gagne [la course à la chefferie], car ils voulaient que les poursuites judiciaires et la persécution des Canadiens cessent dans notre province, dit-il.
Elle a promis que l'amnis‐ tie viendrait. Cela n'est jamais arrivé, ajoute-t-il, en compa‐ rant Danielle Smith à un Ken‐ ney 2.0, en référence à l’ancien premier ministre de la pro‐ vince.
Arthur Pawlowski fait tou‐ jours face à des accusations concernant le barrage du
Coutts.
Duane Bratt, politologue à l’Université Mount Royal, dit que le double discours de Da‐ nielle Smith semble être un calcul politique pour tenter de séduire l'ensemble de l'électo‐ rat qui adhère aux règles sani‐ taires et au principe de l'État de droit, tout en tentant de préserver sa base qui com‐ pare ces règles à de la persé‐ cution.
C’est ce qui arrive quand on essaie d'apaiser deux groupes différents, on n’en apaise aucun, dit-il.
Qu'est-ce qui est le plus grave? L'ingérence politique dans le système judiciaire ou le fait de mentir sur l'ingé‐ rence dans le système judi‐ ciaire, se demande le polito‐ logue.