Maisonneuve-Rosemont : à peine 30 % des postes d’infirmières comblés la nuit
Après une nuit où l'ur‐ gence de l'Hôpital Maison‐ neuve-Rosemont, dans l'est de Montréal, n'a pas accepté de nouveaux pa‐ tients, à l'exception des cas graves et des personnes dé‐ jà admises, l'une des res‐ ponsables assure que les gestionnaires « font leur possible », mais qu'un grave manque de person‐ nel force le recours au temps supplémentaire obligatoire (TSO).
En entrevue à Tout un ma‐ tin, sur les ondes d'ICI Pre‐ mière, la Dre Martine Leblanc, directrice générale adjointe des programmes de santé physiques généraux et spécia‐ lisés au CIUSSS de l'Est-del'Île-de-Montréal, a reconnu l'existence d'une situation ex‐ trêmement difficile, en plus d'ajouter le qualificatif ten‐ due.
La pénurie de maind'oeuvre frappe très fort, dans l'Est, a-t-elle ajouté, avant d'affirmer que pour les quarts de nuit, à peine 30 % des postes à l'urgence sont assu‐ rés par du personnel, alors que cette proportion aug‐ mente quelque peu, à près de 40 %, pour les quarts de soir.
La pression sur les équipes est trop élevée; nous, on ne demande pas mieux que d'ar‐ rêter le temps supplémen‐ taire obligatoire. Ce n'est pas un mode de gestion que l'on privilégie; malheureusement, c'est pratiquement devenu monnaie courante, en raison de la pénurie de maind'oeuvre.
Les infirmières, on les en‐ tend; elles sont en détresse. Dre Martine Leblanc Toujours selon la Dre Le‐ blanc, pour éviter le recours au TSO, les gestionnaires de l'hôpital ont proposé un plan de contingence aux infir‐ mières. Malheureusement, ce plan n'a pas été jugé comme acceptable [...] par les infir‐ mières, qui voulaient en dis‐ cuter, a-t-elle déclaré.
La Dre Leblanc a cepen‐ dant indiqué qu'en raison de certaines mesures de réamé‐ nagement des charges de tra‐ vail, le taux d'occupation de l'Hôpital Maisonneuve-Rose‐ mont, ainsi que de l'hôpital voisin de Santa Cabrini, est passé sous les 110 %, ce qui permet, dit-elle, d'alléger la pression sur les infirmières et les services d'urgence.
Pour la responsable, la so‐ lution à long terme consiste à embaucher davantage d'infir‐ mières pour travailler à l'ur‐ gence; la Dre Leblanc admet toutefois, du même souffle, que cette tâche ne sera pas facile.
C'est sûr qu'actuellement, on n'a pas bonne presse, et ça n'attire pas les gens, a recon‐ nu mardi la Dre Leblanc, tou‐ jours sur les ondes d'ICI Pre‐ mière. En ce moment, les gens n'ont pas le goût de rejoindre nos équipes, mais il faut trou‐ ver le moyen de renverser ça.
Cette longue pente à re‐ monter s'explique ainsi non seulement par la pénurie de personnel, mais aussi, estime la Dre Leblanc, par le fait que la capacité d'accueil de l'Hôpi‐ tal Maisonneuve-Rosemont n'est pas suffisante pour le nombre de patients qui s'y rendent pour y être soignés. La responsable parle ainsi d'un enjeu historique, et d'une pression clinique très forte.
Dimanche, lors de son pas‐ sage à Tout le monde en parle, le ministre Dubé parlait d'un sous-investissement en santé, dans l'est de Montréal.
Une situation « inte‐ nable » pour les gestion‐ naires
La Dre Leblanc n'a par ailleurs pas voulu indiquer si la gestionnaire visée par une lettre cosignée par une cen‐ taine d'infirmières, et dont le départ est réclamé par ces dernières, sous menace de démissions en groupe, sera li‐ mogée.
Les signataires dénoncent un climat de travail toxique et des agissements qui contri‐ buent à générer [...] des condi‐ tions de travail inhumaines.
On ne peut pas dire qu'on met actuellement des ges‐ tionnaires dans des situations qui sont tenables, ces per‐ sonnes font leur possible avec les éléments dont elles dis‐ posent, a-t-elle déclaré, avant d'invoquer à nouveau la question de la pénurie de main-d'oeuvre.
Quant à l'autogestion des horaires, une mesure évo‐ quée par le ministre Christian Dubé pour résoudre une par‐ tie de la crise qui touche les infirmières d'un peu partout au Québec, cette mesure se‐ rait presque déployée à 100 % à l'Hôpital Maisonneuve-Ro‐ semont, assure la Dre Le‐ blanc.
Mais vous comprendrez que s'il n'y a que 30 % des postes couverts, quand bien même je ferais de l'autoges‐ tion d'horaire, je n'y arriverai
pas, parce que l'écart est trop important.
Christian Dubé fera le point mardi
Dans une déclaration transmise par le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, on indique là aussi que les conditions actuelles à Mai‐ sonneuve-Rosemont sont in‐ tenables et que des discus‐ sions ont eu lieu avec les ges‐ tionnaires responsables du personnel de l'hôpital, et plus précisément les infirmières rattachées à l'urgence.
Tout le monde doit avoir le même objectif : prendre soin de notre monde et s'assurer que les patients qui sont pré‐ sentement à l'urgence soient en sécurité, mentionne-t-on encore du côté du cabinet mi‐ nistériel.
Une source au fait du dos‐ sier a ajouté que le ministre avait rencontré le respon‐ sable du CIUSSS de l'Est-del'Île-de-Montréal, auquel est rattaché l'hôpital Maison‐ neuve-Rosemont, ainsi que des dirigeants du ministère de la Santé, lundi, avant la réduc‐ tion des services offerts à l'ur‐ gence.
Une autre rencontre de‐ vait avoir lieu mardi matin, pour évaluer comment la nuit s'est déroulée.