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Santa Cruz et la Californie passent en mode nettoyage

- Mathieu Gohier

L’heure est au nettoyage en Californie après le pas‐ sage d’une neuvième ri‐ vière atmosphéri­que. Les dégâts sont considérab­les. Ces tempêtes ont non seulement causé des inon‐ dations, mais aussi de nom‐ breuses pannes de courant et des dommages aux in‐ frastructu­res. Qu’à cela ne tienne, les Californie­ns rencontrés ne voudraient vivre nulle part ailleurs.

En Californie, le nom Santa Cruz évoque normalemen­t un paradis du surf et des plages légendaire­s. Mais depuis trois semaines, cette ville est tout le contraire d’une carte pos‐ tale.

La plage est jonchée de troncs d’arbre et d’autres dé‐ bris que d’immenses vagues ont laissés sur leur passage. L’eau a aussi fait beaucoup de dégâts dans les rues les plus près de la mer.

On croise Tony Borba près de la plage, bière dans une main et pelle dans l’autre, en pleine corvée de nettoyage. Il est venu s’installer ici il y a cinq ans et jamais il n’aurait imaginé une telle catastroph­e.

La mer est venue jusque dans notre quartier. Des troncs d’arbre plus gros que moi flottaient à quelques coins de rue, raconte-t-il.

Les dommages sont im‐ portants, mais rien pour lui faire regretter son choix d’être venu vivre dans l’un des coins les plus prisés de la Californie.

Normalemen­t, on a une grosse tempête en janvier et c’est fini. (...) Mais des fois, c’est le prix à payer pour vivre dans un si bel endroit.

À quelques kilomètres de là, dans la banlieue d’Aptos, Gary Carr tient le même dis‐ cours pendant qu’il coupe des branches de l’immense pin rouge qui s’est abattu sur son VUS.

Le comté de Santa Cruz demeure à ses yeux un en‐ droit extraordin­aire où vivre.

Je n’appelle pas ça le chan‐ gement climatique, j’appelle ça la météo. Les dernières an‐ nées nous n’avions pas d’eau, et là on en a eu. Ce cycle existe depuis toujours, croit-il.

L’homme se compte quand même chanceux puisque l’arbre qui s’est effon‐ dré a épargné sa maison.

L’arbre ne s’est pas cassé, il est tombé. Les racines sont sorties de terre. Il a brisé une partie de la clôture et, en tom‐ bant, a entraîné les fils élec‐ triques et fait sauter le trans‐ formateur.

Jeannie Holmes, une voi‐ sine, se joint à la discussion. Elle se réjouit d’avoir retrouvé le courant peu de temps après la panne.

Les équipes sur le terrain ont été incroyable­s, autant celles de la compagnie élec‐ trique que les émondeurs, re‐ late-t-elle.

Le domicile de la retraitée s’en tire sans dommage, un soulagemen­t pour elle.

J’étais à l’extérieur durant les Fêtes et je me sentais im‐ puissante, loin de ma maison, indique Jeannie Holmes.

Le blues des Californie­ns

Au-delà des appels à la prudence, les autorités locales ont passé la fin de semaine à exhorter les Californie­ns à te‐ nir bon. Après trois semaines d’intempérie­s historique­s et d’inondation­s à répétition, la fatigue des sinistrés est pal‐ pable.

Près de la plage, Isabelle Flores prend quelques mi‐ nutes pour sortir de son petit dépanneur qui a pignon sur rue près de la plage et pour raconter ce qu’elle a vécu.

Je suis épuisée. Toute cette eau en dedans et à l’exté‐ rieur… laisse-t-elle tomber dans un soupir.

Même son de cloche à une vingtaine de minutes de route plus au nord, dans les mon‐ tagnes de la petite ville de Fel‐ ton.

Melissa Santangelo s’ex‐ cuse alors que les larmes lui montent aux yeux quand elle nous raconte sa dernière se‐ maine.

Les arbres brisés la privent d’électricit­é depuis près d’une semaine et les commerces du village commencent à man‐ quer de propane, essentiel pour cuisiner quand le cou‐ rant manque.

Avant, le bruit de la pluie me relaxait, maintenant ça me cause de l’anxiété. J’essaie de lâcher prise, mais c’est vrai‐ ment difficile. Je n’ai jamais rien vu de tel en 23 ans ici, nous confie la femme.

Malgré les inondation­s, les glissement­s de terrain ou les pannes de courant, tous ici te‐ naient à nous dire à quel point ils aiment leur coin de la Californie. Même si depuis le début de l’année, le rêve cali‐ fornien a été éprouvé.

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