L’exploitation de l’hélium suscite à nouveau l’intérêt en Alberta
Une pénurie mondiale d’hélium stimule les pro‐ jets d’exploration de ce gaz noble dans le sud de l’Al‐ berta.
L’entreprise Global Helium, qui a déjà plusieurs permis d’exploration en Saskatche‐ wan et au Montana, aux États-Unis, vient d’acquérir le droit d’explorer plus de 8000 hectares de terrain dans le sud de l’Alberta.
Selon le président du conseil d’administration de l’entreprise, Brad Nichol, de l'hélium est déjà présent dans la zone à un taux de concen‐ tration et à un débit qui rendent son exploitation ren‐ table.
Nous pensons qu’il y a un potentiel inexploité en Alber‐ ta et nous allons le poursuivre activement, souligne-t-il.
La compagnie n’est pas seule sur les rangs. Une demidizaine d’entreprises ont des projets d’exploration et de production d’hélium en grande majorité dans le sudest de la province.
À 200 km à l’est de Calgary, l’entreprise Royal Helium construit une usine de purifi‐ cation d’hélium qui devrait entrer en service au prin‐ temps 2023.
Il y a une forme de ruée sur l’hélium de la part de so‐ ciétés d’exploration. Ces der‐ nières années, une dizaine d’entreprises sont apparues en Saskatchewan et en Alber‐ ta, constate Andrew David‐ son, le PDG de cette compa‐ gnie de Saskatoon.
L’hélium est une vaste res‐ source en Alberta qui n’a ja‐ mais été vraiment exploitée.
Andrew Davidson, PDG de Royal Helium
Une pénurie mondiale tenace
Andrew Davidson croit que ce nouvel engouement est dû à la pénurie mondiale d’hélium causée par une pro‐ duction trop faible pour sou‐ tenir une demande crois‐ sante.
Les États-Unis se sont pro‐ gressivement départis de leur réserve stratégique d’hélium. La vente a artificiellement dé‐ précié le prix du gaz pendant plusieurs années et découra‐ gé l’exploitation privée de la ressource.
La Russie devait ouvrir une très grande usine pour com‐ bler le vide de production, mais des incendies ont retar‐ dé sa mise en service.
L’hélium est vraiment sous-exploité [mondialement] depuis des années, voire des décennies.
Brad Nichol, président du conseil d'administration de Global Helium
La demande, elle, ne cesse de s’accroître, note M. Nichol. Le gaz est très utilisé dans le milieu médical pour l’imagerie à résonance magnétique, mais il est aussi de plus en plus demandé pour la fabrica‐ tion de semiconducteurs et d’autres pièces de nouvelles technologies.
Cette pénurie a créé une hausse substantielle du prix de l’hélium, ce qui attire beau‐ coup de monde, souligne An‐ drew Davidson. Le prix de vente de la production de son usine en construction est de 450 $ US le millier de pieds cubes, un prix très, très élevé et pourtant en dessous du marché , dit-il.
Il estime que, si la produc‐ tion était prête aujourd’hui, elle pourrait se vendre plus du double.
La Saskatchewan, plus attractive depuis toujours
Ce n'est toutefois pas la première fois que des exploi‐ tants s'intéressent aux ré‐ serves albertaines. Par le pas‐ sé, ce n'est toutefois pas l’Al‐ berta qui a été la terre de choix des investisseurs en hé‐ lium, mais plutôt la Saskat‐ chewan. D’un point de vue géologique, il est prouvé que la Saskatchewan a des concentrations du gaz noble plus importantes, et la pro‐ vince s’est dotée d’incitatifs pour attirer des exploitants.
On peut aussi louer de très vastes sections de terrain à un très faible coût, explique Brad Nichol. En Alberta, au contraire, dit-il, une entreprise d’hélium entrait en compé‐ tition avec des entreprises de gaz naturel et de pétrole conventionnel pour de plus petites sections de terres.
En 2020, le gouvernement albertain s’est doté d’un sys‐ tème de redevances pour l’hé‐ lium, ce qui l'a rendu compé‐ titif par rapport à celui de la Saskatchewan.
Nous n’avons pas encore beaucoup de joueurs dans le domaine, mais dès que nous encourageons l’investisse‐ ment, nous contribuons à mettre en valeur notre his‐ toire énergétique. Cela montre aux gens à l’extérieur de l’Alberta que nous avons beaucoup à offrir, se félicite la ministre du Commerce, de l’Immigration et du Multicul‐ turalisme, Rajan Sawhney.
Du potentiel, mais des obstacles
Brad Nichol précise toute‐ fois qu’il ne s’agit pas d’une in‐ dustrie facile. L’hélium est souvent piégé en profondeur, ce qui nécessite des forages plus coûteux que ceux de gaz naturel, par exemple.
Il ajoute que l’accès à des capitaux importants à long terme est aussi un obstacle pour de nombreuses entre‐ prises débutantes.
L’Agence de réglementa‐ tion de l'énergie de l’Alberta projette ainsi que le nombre de forages pourrait passer de seulement 2 puits actifs en 2021 à 31 en 2031. L’augmen‐ tation est là, mais le total est bien loin des plus de 5000 puits de gaz et de pé‐ trole forés dans la province l'année dernière.
Brad Nichol espère toute‐ fois que la pénurie d’hélium mettra en lumière le potentiel de cette industrie.