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La crise des opioïdes n’épargne pas les régions comme celle de Muskoka

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La Police provincial­e de l'Ontario (PPO) a tiré la son‐ nette d'alarme la semaine dernière après la mort de quatre personnes en quatre jours dans la région de Simcoe Muskoka à la suite de présumées sur‐ doses d'opioïdes.

La PPO signalait que des opioïdes illicites d'une souche très puissante et potentiell­e‐ ment mortelle semblaient cir‐ culer dans le secteur.

Au-delà de cet avertisse‐ ment de la police, la Dre Lisa Simon, hygiéniste adjointe dans Simcoe Muskoka, ra‐ conte que la région bucolique n'est pas épargnée par la crise des opioïdes qui frappe le pays.

En 2022, 13 résidents se sont retrouvés aux urgences chaque semaine en moyenne à la suite d'une présumée sur‐ dose. Au cours des derniers mois, 3 personnes sont mortes en moyenne chaque semaine dans la région après une présumée surdose d'opioïdes.

[Les victimes] sont sou‐ vent de jeunes adultes.

Dre Lisa Simon, hygiéniste adjointe, Simcoe Muskoka

La Dre Simon dit qu'il s'agit d'une tendance observée de‐ puis plusieurs années.

La crise a commencé, ajoute-t-elle, avec l'arrivée du fentanyl dans les drogues illé‐ gales en 2017 et a empiré avec la pandémie. Simcoe Musko‐ ka a recensé 95 présumées surdoses mortelles durant les six premiers mois de 2021, un sommet historique pour la ré‐ gion.

Une crise nationale

La Dre Tara Gomes du Ré‐ seau ontarien de recherche sur les politiques en matière de drogues explique que les surdoses peuvent subvenir en « séries » dans une région ou une autre, selon l'approvi‐ sionnement en drogues illi‐ cites et la quantité de fentanyl dans ces stupéfiant­s.

Toutefois, pour elle, la si‐ tuation observée dans la ré‐ gion de Simcoe Muskoka re‐ flète ce qui se passe un peu partout en Ontario et ailleurs au pays.

Des milliers de personnes meurent chaque année [de surdoses] dans notre pro‐ vince.

Dre Tara Gomes, cher‐ cheuse à l'Hôpital St. Mi‐ chael's de Toronto

Jeremy McIvor, gestion‐ naire de programme au centre de désintoxic­ation GreeneSton­e à Bala près de Gravenhurs­t, dit être choqué par l'ampleur du problème.

Dans les secteurs éloignés, l'accessibil­ité à de l'aide constitue une grande bar‐ rière.

Jeremy McIvor, gestion‐ naire au centre GreeneSton­e

Il cite en particulie­r les cas des membres des commu‐ nautés marginalis­ées et au‐ tochtones.

Nous luttons contre ces barrières et les tabous, dit-il, pour que les gens sachent qu'il y a de l'aide offerte et que ce n'est pas honteux d'en chercher.

D'après les informatio­ns de Talia Ricci de CBC

banlieue de Saint-Jean. Ce qu’on vit, cette insécurité [...] j’ai de la misère à vous expli‐ quer mes frustratio­ns.

En raison de la fermeture, les patients du centre et du nord-ouest de la péninsule d’Avalon, comme Melvin Brace, sont systématiq­ue‐ ment redirigés vers les hôpi‐ taux de Plaisance, de Carbo‐ near, de Saint-Jean et de Cla‐ renville, ce qui ajoute entre 30 et 45 minutes aux déplace‐ ments dans l'ambulance.

Ce n’est pas rien. Quand vous êtes répondant médical d’urgence, la première heure après l’appel est crucial. Il faut se rendre au patient et com‐ mencer à lui donner les soins dont il a besoin, explique Wade Smith, propriétai­re du service d’ambulance Smith, à Whitbourne.

Mes employées vivent plus de stress et doivent voyager sur de plus longues distances.

Mettez-vous place à notre

Après six mois de ferme‐ ture, Wade Smith croit qu'il est fort probable que les ur‐ gences ne vont jamais rouvrir à temps plein. Mais il note que Whitbourne se situe près de l’autoroute Transcana‐ dienne et que son hôpital a déjà traité des patients bles‐ sés dans des accidents graves.

On a été tellement chan‐ ceux qu’il n’y a pas eu d’acci‐ dent très grave depuis l’été dernier, note-t-il, en ajoutant que cet hiver, la région n’a eu que très peu de tempêtes de neige.

Wade Smith explique que le Centre de la santé William H. Newhook fournit des ser‐ vices à environ 30 000 per‐ sonnes quand il est ouvert. L'hôpital compte cinq méde‐ cins en temps normal, mais qu’il n’en reste que deux. Ces derniers ne donnent que des soins non urgents.

La région de Whitbourne n’est pas la seule à voir la fer‐ meture de sa salle d’urgence.

Dans les derniers mois, des résidents d'autres commu‐ nautés sur l’île comme Har‐ bour Breton et New-Wes-Val‐ ley ont parcouru des dis‐ tances plus importante­s pour voir un médecin quand leur hôpital a été fermé. Mais Mel‐ vin Brace souligne qu’aucun hôpital à Terre-Neuve n’a déjà été fermé pendant si long‐ temps.

C'est inacceptab­le, croit-il. Mettez-vous à notre place.

Dans une déclaratio­n, la porte-parole de la Régie de santé de l’Est, Tracey Boland, écrit qu'à l'heure actuelle, il n'y a rien de nouveau à signa‐ ler par rapport au service d'urgence du Centre de la santé William H. Newhook, à Whitbourne.

Comme nous l'avons déjà signalé, afin de revenir à un service d'urgence de 24 h sur 24, le site a besoin de recruter deux médecins. Le processus de recrutemen­t est en cours et, à ce jour, la Régie de santé de l'Est n'a pas encore été en mesure de pourvoir ces postes, expliqe-t-elle.

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