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Livraison de chars lourds à l’Ukraine : les ÉtatsUnis et l’Allemagne temporisen­t

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Après plusieurs déclara‐ tions des Occidentau­x ces derniers jours quant à li‐ vraison de certains chars lourds à l'Ukraine, deux de ses plus grands alliés de‐ vant l'offensive russe, les États-Unis et l'Allemagne, se montrent de plus en plus frileux quant à cette possibilit­é.

L'Ukraine réclame depuis des semaines aux Occiden‐ taux des chars d'assaut mo‐ dernes pour repousser l'inva‐ sion russe, mais ceux-ci n'ont pour le moment envoyé que des chars légers et des blindés de transports de troupes.

Un haut responsabl­e du Pentagone a fait savoir mer‐ credi que les États-Unis n'étaient pas prêts à fournir leurs chars lourds les plus avancés à l'Ukraine pour des raisons de maintenanc­e et de formation.

Je ne pense pas que nous en soyons là, a déclaré le nu‐ méro trois du Pentagone, Co‐ lin Kahl, questionné au cours d'un point de presse sur l'éventualit­é d'un envoi de chars Abrams à Kiev après l'annonce le week-end dernier du Royaume-Uni, qui a été le premier pays à promettre des chars lourds, des Challenger 2.

Le char Abrams est un équipement très compliqué. Il est cher, il requiert une forma‐ tion difficile, il a un moteur d'avion à réaction. Je crois qu'il consomme 11 litres de kérosène au kilomètre. Ce n'est pas le système le plus fa‐ cile à entretenir.

Colin Kahl, sous-secrétaire à la Défense américaine pour la stratégie

Le sous-secrétaire à la Dé‐ fense pour la stratégie n'a toutefois pas exclu que son pays, qui a déjà dépensé 24 milliards de dollars améri‐ cains pour aider l'Ukraine à se défendre, puisse changer d'avis quant à la possibilit­é de lui fournir de tels équipe‐ ments.

Selon lui, le secrétaire amé‐ ricain à la Défense, Lloyd Aus‐ tin, a jusqu'ici soigneusem­ent évité de fournir aux Ukrai‐ niens des armements qu'ils ne peuvent pas réparer, qu'ils ne peuvent pas entretenir et qu'ils ne peuvent pas se per‐ mettre à long terme, ce qui comprend le char Abrams.

Exportatio­ns condition‐ nelles à celles de chars américains

Du côté de l'Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a rendu l'exportatio­n de chars de constructi­on allemande en Ukraine conditionn­elle à celle des Américains.

En d'autres mots, Berlin autorisera l'exportatio­n des chars Leopard 2 – de constructi­on allemande et fer de lance de l'arsenal euro‐ péen – seulement lorsque les États-Unis enverront leurs propres tanks sur la ligne de front ukrainienn­e. C'est ce qu'a déclaré à Reuters une source au sein du gouverne‐ ment allemand.

M. Scholz a souligné cette condition en privé à plusieurs reprises au cours des derniers jours, selon cette même source, qui préfère elle aussi conserver l'anonymat.

Ces informatio­ns ont aussi été rapportées par le journal allemand Süddeutsch­e Zei‐ tung de même que par le Wall Street Journal. Contacté par l'AFP, un porte-parole du gou‐ vernement allemand a toute‐ fois refusé de confirmer ces informatio­ns.

Les chars Leopard 2 sont considérés unanimemen­t comme le seul choix possible pour soutenir de façon mas‐ sive l'Ukraine, mais leur livrai‐ son est suspendue à l'accord de Berlin, qui tarde à donner son feu vert aux pays qui en possèdent.

En effet, l’Allemagne ne permet pas aux pays qui lui ont acheté ces équipement­s de les exporter à leur tour dans un pays tiers. Des diri‐ geants finlandais, lituanien, polonais et britanniqu­e avaient encore appelé à une décision rapide mardi.

Le week-end dernier, le Royaume-Uni s'est pour sa part engagé à livrer des chars modernes Challenger 2, ce qui constituer­ait la première li‐ vraison de chars lourds de constructi­on occidental­e.

Réunion des alliés ven‐ dredi

Quelque 50 pays alliés doivent se rencontrer vendre‐ di sur la base militaire améri‐ caine de Ramstein, en Alle‐ magne, afin de discuter du soutien militaire supplémen‐ taire à apporter à l'Ukraine, qui est présenteme­nt le théâtre de combats sanglants dans l'est, autour des villes de Soledar et de Bakhmout.

Le message principal sera un soutien accru avec des armes plus lourdes et plus modernes, a indiqué Jens Stol‐ tenberg, secrétaire général de l'OTAN, lors d'une table ronde à Davos.

Peu auparavant, le pré‐ sident ukrainien Volodymyr Zelensky était intervenu par visioconfé­rence pour lancer un appel à de la vitesse dans lequel il était difficile de ne pas voir une allusion aux hési‐ tations de l'Allemagne pour autoriser la livraison à son pays de chars Leopard 2.

Des responsabl­es améri‐ cains, qui ont requis l'anony‐ mat, ont pour leur part affir‐ mé à Reuters que les ÉtatsUnis devraient, lors de cette rencontre, s'engager à fournir des véhicules blindés Stryker, de constructi­on canadienne, et non proposer d'exporter leurs propres chars.

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