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La grippe aviaire continue de préoccuper des éleveurs en Alberta

- Stéphanie Rousseau

Des éleveurs de volaille en Alberta demeurent préoc‐ cupés face aux risques de contaminat­ion de la grippe aviaire en 2023. Selon l’Agence canadienne d’ins‐ pection des aliments (ACIA), en date du 17 jan‐ vier, « il y avait un total de 60 lieux infectés en Alber‐ ta, 14 lieux sont toujours sous quarantain­e [...] et 46 lieux ont pris les me‐ sures nécessaire­s pour re‐ prendre leurs activités nor‐ males ».

L’agence spécifie qu’il y a actuelleme­nt deux zones de contrôle primaire en Alberta. Ces zones sont établies dans les 10 kilomètres autour d'un lieu infecté afin de prévenir la propagatio­n de l'influenza aviaire. Les déplacemen­ts des oiseaux, de leurs produits et des objets exposés aux oi‐ seaux ne peuvent pas avoir lieu sans autorisati­on.

Maria Leslie, la gérante aux affaires publiques pour l’orga‐ nisme Alberta Chicken Produ‐ cers, qui représente des pro‐ ducteurs de volailles, se ré‐ jouit qu’aucun nouveau foyer d’éclosion n’ait été trouvé de‐ puis novembre, mais sait que les mois à venir pourraient s’avérer moins roses. Nous fai‐ sons preuve d’une abondance de précaution. Nos fermiers fonctionne­nt avec des proto‐ coles serrés de biosécurit­é.

Elle affirme que 1,4 million d’oiseaux sauvages ou d’éle‐ vages ont été euthanasié­s en Alberta en raison de la mala‐ die.

On ne veut pas spéculer sur ce qui s’en vient pour 2023 parce que même en 2022, on n'aurait jamais pu prévoir ce qui est arrivé en Alberta. Le risque d’une recrudesce­nce de la grippe aviaire est encore une réalité, nous sommes dans un couloir pour les oi‐ seaux migratoire­s, ajoute-telle.

Le professeur en écono‐ mie de la santé de la Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Calgary, Guillaume Lhermie, dit que le retour des oiseaux migra‐ toires au printemps devrait faire augmenter le nombre de cas. L’hiver est tranquille, mais puisque la grippe aviaire suit les flux migratoire­s, il est pro‐ bable qu’il y ait un retour de flamme au printemps.

Guillaume Lhermie estime qu'il est assez probable qu’il y ait des foyers d’éclosions « parce que, notamment en Amérique du Sud, il y a eu plu‐ sieurs cas déclarés en Équa‐ teur, au Pérou, au Venezuela et même avec une infection humaine en Bolivie ».

L'Alberta note que le virus de la grippe aviaire semble cir‐ culer principale­ment dans le sud de la province depuis dé‐ cembre.

La mortalité associée à la grippe aviaire H5 chez les ber‐ naches du Canada et quelques canards barboteurs se poursuit dans les rivières, les réservoirs et les étangs partiellem­ent gelés du sud de l'Alberta. [...] Des oies mortes fraîches ou congelées ont été vues sur la glace près des ri‐ vières Oldman et Saskatche‐ wan Sud, avec des concentra‐ tions près de Lethbridge, Coaldale, Taber, Bow Island et Medicine Hat.

Des protocoles de biosé‐ curité à respecter

Un éleveur qui représente des éleveurs d’oeufs d’incuba‐ tion de la province, Jeff Noten‐ bomer, s’avoue inquiet. La grippe aviaire est en circula‐ tion dans la nature depuis des années, mais la souche qui cir‐ cule est terrible. Elle tue les oi‐ seaux sauvages, ce qui n’arri‐ vait pas avant, et ça se trans‐ met dans nos élevages très fa‐ cilement.

Il dit que les éleveurs sont attentifs à respecter les proto‐ coles de biosécurit­é.

Pas un seul marteau, tour‐ nevis, de la paille, de la sciure ou des grains ne peuvent en‐ trer sans [être] nettoyé ou traité et il reste toujours un risque.

Jeff Notenbomer, éleveur Une fois que le virus circule dans un élevage, la transmis‐ sion est très rapide. Un trou‐ peau d’oiseaux peut avoir dis‐ paru en 4 jours et pour nous qui produisons des oeufs d’in‐ cubation, cela prend 18 mois pour retourner à la normale, c’est un long processus.

L'espoir d'un vaccin

Le professeur Guillaume Lhermie croit qu’un vaccin pouvait venir améliorer la si‐ tuation en 2023. C’est une stratégie pour laquelle l’Eu‐ rope pousse énormément. Il y a deux laboratoir­es qui déve‐ loppent un vaccin contre le vi‐ rus influenza pour limiter les pertes, mais aussi limiter les ruptures d’approvisio­nne‐ ment et les euthanasie­s mas‐ sives faites pour prévenir la disséminat­ion de la maladie.

On sait aujourd’hui que c’est très difficile de maîtriser la contagiosi­té de la maladie avec seulement des mesures de biosécurit­é, une alterna‐ tive crédible, c’est la vaccina‐ tion. Les vaccins sont atten‐ dus probableme­nt pour l’au‐ tomne 2023.

Guillaume Lhermie, profes‐ seur en économie de la santé, Université de Calgary

Jusqu’à maintenant, Otta‐ wa a versé 64,8 millions de dollars aux éleveurs cana‐ diens en indemnités en ré‐ ponse à la grippe aviaire. Tous les intervenan­ts rappellent que la grippe aviaire n’est pas dangereuse pour l’homme.

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