Le PDG de l’agence fédérale de cybersécurité met en garde contre TikTok
Les Canadiens doivent se méfier des applications qui pourraient laisser leurs données personnelles entre de « mauvaises mains », affirme le diri‐ geant du Centre canadien pour la cybersécurité.
Cet appel à la vigilance a lieu alors que le média social TikTok – dont la société mère ByteDance est basée en Chine – fait face à des alléga‐ tions selon lesquelles l’appli‐ cation aurait espionné ses uti‐ lisateurs.
Sami Khoury, le directeur du Centre canadien pour la cybersécurité, conseille aux utilisateurs de se poser cer‐ taines questions au moment d’autoriser une application à accéder à nos données.
Pourquoi une application doit-elle accéder à l'ensemble de ma liste de contacts ? Pourquoi a-t-elle besoin d'ac‐ céder à mon calendrier, à mon courrier électronique, à mes enregistrements télépho‐ niques, à mes [textos] ?
Sami Khoury, directeur du Centre canadien pour la cy‐ bersécurité
Dans certains cas, vos don‐ nées atterrissent dans un en‐ droit qui ne respecte pas les mêmes principes d'État de droit et de respect des droits humains qu’ici , a-t-il dit à CBC News.
L’organisme pour lequel M. Khoury travaille relève du Centre de la sécurité des télé‐ communications (CST). C’est la Défense nationale qui cha‐ peaute le tout.
TikTok sur le radar du CST
TikTok a été accusé de col‐ lecte intrusive de données, notamment par l'organisme de surveillance de l'Union eu‐ ropéenne. Celle-ci enquête sur ce qu'elle appelle les trans‐ ferts par TikTok de données personnelles vers la Chine.
Le CST a déclaré que les Canadiens ayant des informa‐ tions commerciales sensibles sur leurs appareils devraient être particulièrement pru‐ dents au moment d’autoriser une application à accéder à leurs données.
Certaines plateformes sont des plateformes respon‐ sables où vous n'avez poten‐ tiellement pas à vous inquié‐ ter que les données tombent entre les mains d'un État-na‐ tion. Mais d'autres plate‐ formes sont trop proches de cette ligne, a dit M. Khoury.
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré le mois der‐ nier que le CST a un oeil sur TikTok.
Jusqu'à présent, le CST n'a pas émis d'avis contre l'utilisa‐ tion de l'application, il donne plutôt des conseils généraux aux Canadiens sur les bonnes pratiques en matière de cy‐ bersécurité sur les médias so‐ ciaux.
M. Khoury a déclaré que le CST était en train de mettre à jour ces conseils.
À la fin de l'année dernière, le sénateur républicain Marco Rubio a présenté un projet de loi visant à interdire totale‐ ment TikTok aux États-Unis.
D'ailleurs, les États-Unis ont déjà interdit aux em‐ ployés fédéraux d'utiliser l'ap‐ plication sur les appareils fournis par le gouvernement, invoquant des problèmes de sécurité nationale. Un nombre croissant d'universi‐ tés américaines ont égale‐ ment interdit l'utilisation de l’application sur les appareils et réseaux appartenant aux établissements d’enseigne‐ ment.
Evan Koronewski, un porte-parole du CST, a déclaré qu'il surveille de près ce que font les États-Unis et d'autres alliés.
Nous continuons à sur‐ veiller la situation et à infor‐ mer le gouvernement du Ca‐ nada sur les conseils les plus pertinents en matière de cy‐ bersécurité, a-t-il dit.
Cela inclut la collaboration avec nos partenaires fédéraux du Secrétariat du Conseil du trésor et de Services partagés Canada pour s'assurer que les systèmes d'information et les réseaux du gouvernement demeurent sécurisés et proté‐ gés, a ajouté M. Koronewski.
ByteDance nie avoir partagé des données avec la Chine
Dans une déclaration, un porte-parole de TikTok a insis‐ té sur le fait que le Parti com‐ muniste chinois n'a aucun contrôle sur ByteDance, que l’entreprise n'a jamais fourni les données des utilisateurs canadiens au gouvernement chinois et qu'elle ne le ferait pas si on le lui demandait.
Nous continuons d'entre‐ tenir une relation construc‐ tive avec le gouvernement ca‐ nadien, nous protégeons la sécurité et la vie privée des utilisateurs canadiens et nous nous engageons à répondre à toutes les questions que les fonctionnaires peuvent avoir, a déclaré le porte-parole de TikTok.
Du côté du Centre cana‐ dien de cybersécurité, M. Khoury et son directeur as‐ socié, Rajiv Gupta, restent du‐ bitatifs et recommandent la prudence.
Je désactive tout dans toutes les applications que j'utilise, parce que c'est ma personnalité, a expliqué M. Gupta.
Avec les informations de Catharine Tunney, CBC News