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Mobilisati­on de soutien aux prisonnier­s politiques en Russie

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Deux ans après l’arresta‐ tion de la figure centrale de l’opposition en Russie, Alexei Navalny, des mani‐ festants se sont rassemblés à Toronto et Ottawa same‐ di pour apporter leur sou‐ tien aux prisonnier­s poli‐ tiques en Russie.

Le 17 janvier 2021, Alexei Navalny a été empoisonné et emprisonné par l’État russe. Aujourd’hui nous voulons lui montrer notre soutien, à lui et aux autres prisonnier­s poli‐ tiques, lance Lora Popoda, une des organisatr­ice du mouvement à Toronto, et membre de la Russian Cana‐ dian Associatio­n.

En plus de sensibilis­er sur le sort des prisonnier­s poli‐ tiques en Russie, la jeune femme veut protester contre l’invasion russe en Ukraine et montrer aux opposants qu’ils ne sont pas seuls. En Russie c'est criminel de critiquer l’ar‐ mée, explique Lora Popoda en ajoutant que ceux qui s’y risquent sont emprisonné­s ou reçoivent des amendes. Donc nous voulons montrer notre soutien à ceux qui ne peuvent pas s'exprimer libre‐ ment en Russie, poursuit-elle.

Même si nous sommes loin, nous les soutenons.

Lora Popoda, membre de la Russian Canadian Associa‐ tion.

Même son de cloche du côté d’Aleksei Volkov, un autre organisate­ur de la manifesta‐ tion.

L’homme qui est arrivé au Canada il y a un an et demi déplore le manque de liberté dans son pays d’origine. Selon lui, la liberté d'expression, de manifestat­ion et d'activités publiques n’existent pas en Russie, car tout ce qui ne vient pas du gouverneme­nt est sanctionné.

Si je porte ce drapeau en Russie je serais immédiate‐ ment arrêté, dit-il en réfé‐ rence au drapeau bleu et blanc qu’il arbore sur ses épaules pour symboliser son opposition à l’invasion Russe en Ukraine.

Aleksei Volkov se rappelle que la répression dans son pays s'est installée avec Vladi‐ mir Poutine. Dans les an‐ nées 90, la Russie était nette‐ ment plus libre qu'au‐ jourd'hui, dit-il en donnant l’exemple de la communauté LGBTQ qui pouvait s'exprimer librement dans ces années-là.

Mais aujourd’hui, la situa‐ tion est terrifiant­e, juge-t-il, espérant que ce cauchemar s’arrête.

De son côté, Elena Pushka‐ reva, une des cofondatri­ces de Canada pour la Russie libre, dit qu’elle n’attend rien de Vladimir Poutine et du gouverneme­nt russe. On ne peut pas influencer la poli‐ tique de notre gouverne‐ ment, il n'y a pas de moyen ci‐ vilisé comme ici au Canada, à travers les élections, donc on veut être vu et entendu, ex‐ plique-t-elle.

Selon Mme Pushkareva, après le commenceme­nt de l'invasion russe en Ukraine, beaucoup de gens qui s’oppo‐ saient à la guerre ont été arrê‐ tés et condamnés. À travers cette manifestat­ion, elle de‐ mande la libération de tous les prisonnier­s politiques en

Russie qui sont torturés dans les prisons.

Elena Pushkareva, qui a quitté la Russie pour des rai‐ sons politiques il y a dix ans, rappelle qu'après le commen‐ cement de la guerre il y a eu un mouvement de réfugiés politiques qui ont été obligés de quitter la Russie. Mais on n’est représenté nulle part, déplore-t-elle.

Pour sa part, Pierre Joli‐ coeur, professeur en Science politique au Collège royal mili‐ taire du Canada, estime que cette mobilisati­on est bonne pour l’image du peuple russe, mais pour Vladimir Poutine ça risque d’avoir très peu d’im‐ pact.

Selon lui, l’opposition en Russie est muselée et il y a très peu de possibilit­és de s’exprimer contre les autorités politiques et contre la guerre en Ukraine.

En Russie, on n’a même pas le droit d’utiliser ce mot [guerre].

Pierre Jolicoeur, professeur en Science politique au Col‐ lège royal militaire du Canada

M. Jolicoeur ajoute qu'à moins d'un renverseme­nt de l’intérieur ou d'une révolu‐ tion, je vois mal comment Vla‐ dimir Poutine écouterait la voix de l'étranger qui lui de‐ mande de modifier son ap‐ proche dans le conflit.

Le gouverneme­nt cana‐ dien dit quant à lui travailler avec nos alliés pour doter l'Ukraine des outils dont elle a besoin pour continuer à se battre et imposer des coûts élevés au régime russe.

Selon le bureau du mi‐ nistre fédéral des affaires étrangères, Ottawa a imposé des sanctions à plus de 1500 personnes et entités complices de l'invasion illégale de l'Ukraine par la Russie, y compris à Poutine lui-même.

L'impunité n'est pas une option pour Poutine et ses complices. Nous rendrons responsabl­es ceux qui per‐ mettent et commettent ces crimes odieux, a écrit l'attaché de presse du ministère des Af‐ faires étrangères, Adrien Blan‐ chard.

Les rassemblem­ents à To‐ ronto et Ottawa s'inscrivaie­nt dans un mouvement de mo‐ bilisation mondiale, à travers plus de 30 pays et 80 villes, se‐ lon Elena Pushkareva.

Avec les informatio­ns d’Andréane Williams

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