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Un accueil partagé pour le plan contre la pénurie de logements de la Ville de Rimouski

- Marguerite Morin

La Ville de Rimouski a pré‐ senté jeudi soir son plan pour lutter contre la pénu‐ rie de logements qui sévit actuelleme­nt sur son terri‐ toire. L’accueil de ce plan est partagé au sein des or‐ ganismes communauta­ires de la région.

Le Comité logement du Bas-Saint-Laurent, qui défend le droit au logement abor‐ dable, émet pour sa part des réserves quant à ce plan.

Selon le porte-parole du Comité, Alexandre Cadieux, Rimouski s’engage dans la même voie qu’au début des années 2000 alors qu’elle de‐ vait aussi composer avec un taux d’inoccupati­on des loge‐ ments bas.

On a favorisé la construc‐ tion sur le marché privé et six ou sept ans plus tard on at‐ teint un certain équilibre, mais on est revenu à la case départ en 2019 et 2020 , af‐ firme M. Cadieux.

On est devant le même problème et on applique la même solution… Rendezvous en 2030, on va encore faire face au même problème!

Alexandre Cadieux, porteparol­e du Comité logement du Bas-Saint-Laurent

Le Comité aurait voulu que Rimouski pose plus de gestes pour développer da‐ vantage de logements so‐ ciaux comme l’instaurati­on d’une politique d’inclusion dans les nouveaux projets ré‐ sidentiels ou de réserver des terrains pour ce type de pro‐ jets.

M. Cadieux trouve égale‐ ment regrettabl­e que le Comi‐ té n’ait pas été consulté lors de l’élaboratio­n de ce plan par la Ville.

Un excellent plan

Pour la présidente de l’or‐ ganisme Serviloge, Fran‐ cine Saint-Cyr, la Ville de Ri‐ mouski est sur la bonne voie avec ces nouvelles mesures.

On voit ça d’un très bon oeil et c’est vraiment une bonne orientatio­n que vient de prendre la Ville de Rimous‐ ki pour, à long terme, s’assu‐ rer de répondre à la demande de logement social et abor‐ dable.

Francine Saint-Cyr, prési‐ dente de l’organisme Servi‐ loge

Dans son plan d’action, Ri‐ mouski propose entre autres d’allonger le crédit de taxes foncières pour les projets de logements sociaux ou abor‐ dables de plus de 20 unités. Ce crédit passerait de 5 à 35 ans.

Sans cet appui, divers pro‐ jets communauta­ires ne pourraient pas aller de l’avant, comme celui de l’organisme Serviloge au couvent des soeurs du Saint-Rosaire.

C’est essentiel pour viabili‐ ser le projet, explique Mme Saint-Cyr. Il faut faire en sorte que les coûts des loyers permettent de couvrir les frais d’exploitati­on d’un projet im‐ mobilier de 44 logements ou de 47 logements, mais sans trop augmenter le prix [des loyers]. Le congé de taxes aide beaucoup à diminuer les coûts de loyer.

Le président de l’orga‐ nisme La Logerie, Rodrigue Joncas, qui est également conseiller municipal à la Ville de Rimouski, a participé à l’élaboratio­n de ce plan vu son rôle au sein de l’équipe muni‐ cipale.

Il n’y avait pas d’urgence pour une ville de rendre un crédit de taxe sur 35 ans, mais on s’est ajusté en fonction des nouveaux programmes [de fi‐ nancement] mis en place par le gouverneme­nt et l’outil pour faire ça c’est le crédit de taxes , explique M. Joncas.

Alexandre Cadieux du Co‐ mité logement du Bas-SaintLaure­nt salue aussi cette me‐ sure. C’est un excellent début, mais on peut continuer et al‐ ler plus loin , dit-il.

Selon lui, ce crédit de taxe devrait être réservé pour des organismes promoteurs qui développer­ont à des fins nonlucrati­ves, ce qui n’est pas pré‐ vu dans le plan de la Ville.

Un registre municipal des baux absent du plan

Ce nouveau plan relance également le débat sur l’ins‐ tauration d’un registre munici‐ pal des baux.

Un tel registre rendrait pu‐ blics les prix des loyers sur le territoire de la Ville de Ri‐ mouski. Le registre des baux est présenté comme une ma‐ nière plus transparen­te et centralisé­e pour les locataires d’obtenir le loyer payé par les précédents occupants d’un lo‐ gement.

Une telle mesure ne figure pas dans le plan présenté par la Ville jeudi soir.

Le maire de Rimouski, Guy Caron, juge que cette respon‐ sabilité incombe au gouverne‐ ment provincial puisque le Tri‐ bunal administra­tif du loge‐ ment, qui gère les plaintes liées aux logements, est sous sa compétence.

La Ville de Rimouski n’a pas de levier et au bout du compte, j’aurais à embaucher des gens pour une procédure sur laquelle on n’aurait au‐ cune capacité, aucun pouvoir , explique M. Caron.

De son côté, Alexandre Ca‐ dieux croit que la Ville aurait pu aller de l’avant avec une telle mesure. D’autres villes au Québec se sont intéressée­s à ce mécanisme qui vise à ré‐ duire les augmentati­ons de loyer.

Je sais qu’il y a des villes comme Trois-Rivières où des avis juridiques ont été de‐ mandés et il y a des cabinets d’avocats indépendan­ts qui viennent de se prononcer en disant que oui, les villes ont juridictio­n et ont le droit léga‐ lement d’instaurer ce genre de registre et ça aurait été une avenue très intéressan­te à explorer, indique le porteparol­e du Comité logement du Bas-Saint-Laurent.

M. Cadieux a par ailleurs interpellé la députée de Ri‐ mouski, Maïté Blanchette-Vé‐ zina, à ce sujet.

Avec les informatio­ns de Sophie Martin et de Jean-Phi‐ lippe Guilbault.

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