Les services de soins en santé mentale pour les jeunes submergés à Ottawa et à Gatineau
Les services de soins en santé mentale continuent d’être submergés à Ottawa et à Gatineau, tant au ni‐ veau de certains hôpitaux que des organismes com‐ munautaires.
L’unité des services ex‐ ternes du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’On‐ tario (CHEO) avait atteint sa pleine capacité, en date de vendredi, selon le directeur de la santé mentale de ce même hôpital pour enfants, David Murphy.
Si vous m’aviez demandé cela il y a deux semaines – même il y a six ans... la situa‐ tion aurait été la même, af‐ firme David Murphy. Je pense que la raison principale est que nous n'avons tout sim‐ plement pas assez de capacité communautaire, ajoute-t-il.
Il ne s’agit plus d’une aug‐ mentation subite, et ce, de‐ puis un certain temps. C’est notre réalité depuis de nom‐ breuses années.
David Murphy, directeur de la santé mentale, CHEO
N’empêche, la pandémie de COVID-19 a entraîné une augmentation des troubles alimentaires, explique M. Murphy, tout en exacer‐ bant les symptômes chez les jeunes aux prises avec ces troubles et dont la situation s’était améliorée avant la pan‐ démie.
Selon lui, des investisse‐ ments dans des domaines comme la psychothérapie, le counseling, la thérapie fami‐ liale et les services de crise contribueraient grandement à réduire la pression que le CHEO subit depuis des an‐ nées.
Nous devons simplement renforcer la capacité dans notre collectivité pour que les enfants ne se retrouvent pas dans nos services d’urgence, renchérit David Murphy.
Nous devons veiller à ce que les enfants [et] les jeunes qui vivent une crise aient une solution de rechange plutôt que de se rendre à une ur‐ gence déjà surchargée, pour‐ suit le directeur de la santé
mentale du CHEO.
Même constat à Gati‐ neau
De l'autre côté de la rivière, la situation n'est guère plus reluisante. Le Centre de pé‐ diatrie sociale de Gatineau té‐ moigne du même phéno‐ mène.
Selon la médecin de famille au Centre, Dre Anne-Marie Bureau, beaucoup d'enfants se sont récemment retrouvés dans des situations particuliè‐ rement difficiles, voire même l'itinérance pour certains, qui portent ainsi un coup dur sur leur santé mentale.
Elle propose différentes pistes de solutions, dont la mise en place des soins de proximité pour encadrer les enfants dans leur développe‐ ment.
Jeunesse, j'écoute
Par téléphone : 1 800 6686868 Par texto : envoyer le mot PARLER au 686868
Tel-Aide Outaouais
Outaouais : 819 775-3223 Ottawa et les environs : 613 741-6433 Sans frais : 1 800 567-9699
Les services communau‐ taires aussi surchargés
Des intervenants du milieu communautaire s’entendent pour dire que la pandémie de
COVID-19 n’a pas contribué à réduire la vague d’enfants et de jeunes qui vivent avec des problèmes en santé mentale.
C’est un peu comme une tempête parfaite, décrit Moni‐ ca Armstrong, directrice des services de santé mentale au Bureau des services à la jeu‐ nesse d’Ottawa.
Le système n’était pas très robuste au départ. Et après, on a une augmentation de la demande et ensuite, on reçoit des jeunes [dont les pro‐ blèmes sont] plus complexes, explique-t-elle.
Bien que le retour à une vie plus normale et l’assou‐ plissement des restrictions sa‐ nitaires ont aidé certains en‐ fants, il en reste beaucoup d’autres qui éprouvent encore des difficultés, souligne Mme Armstrong.
Elle affirme que les membres de son personnel au Bureau des services à la jeunesse d’Ottawa continuent de voir des enfants qui souffrent d’anxiété et de dé‐ pression après plusieurs an‐ nées d’imprévisibilité et de perte.
Nous en verrons les effets pendant des années, je crois
Monica Armstrong, direc‐ trice des services de santé mentale, Bureau des services à la jeunesse d’Ottawa
La ligne téléphonique de crise de l’organisme – qui fonctionne 24 heures sur 24,
7 jours sur 7 – reçoit un nombre beaucoup plus im‐ portant d’appels en lien à des pensées suicidaires. Ces der‐ niers représentaient environ 12 % de tous les appels en 2018-2019, comparative‐ ment à environ 28 % au‐
jourd’hui.
Ligne de crise 24/7 du Bureau des services à la jeunesse d’Ottawa
Pour les résidents d’Otta‐ wa et de l’est de l’Ontario :
613 260-2360
1 877 377-7775 (numéro sans frais pour l’est de l’Onta‐ rio)
Source : Bureau des ser‐ vices à la jeunesse d'Ottawa
Tout comme David Mur‐ phy du CHEO, Mme Arm‐ strong est d’accord pour dire qu’il faut accroître le finance‐ ment et la capacité du sys‐ tème.
Malgré tout, les orga‐ nismes d’aide en santé men‐ tale arrivent à trouver des fa‐ çons innovantes pour atté‐ nuer la pression sur le sys‐ tème, affirme Monica Arm‐ strong.
Elle cite en exemple le ser‐ vice de clavardage et de ligne de crise du Bureau des ser‐ vices à la jeunesse d’Ottawa, ainsi que sa clinique sans ren‐ dez-vous, où les enfants et les familles peuvent venir pour une seule visite ou pour obte‐ nir d’autres services au be‐ soin.
Avec les informations de Natalia Goodwin de CBC News et de Rebecca Kwan