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Qualité de l’air dans les écoles : la norme a été dépassée dans plus de 5000 classes

- Vail

La majorité des classes dans les écoles québécoise­s passent le test de la qualité de l’air, mais signe que les températur­es hivernales sont bien installées, bon nombre de lecteurs de CO2 enregistre­nt des taux en hausse par rapport à l’au‐ tomne.

Selon les plus récentes données disponible­s affichées sur le site internet du gouver‐ nement du Québec, qui concernent la semaine du 19 décembre 2022, la concentra‐ tion moyenne hebdomadai­re de CO2 de l’ensemble des lec‐ teurs a atteint 930 parties par millions (ppm), soit en deçà de la norme idéale de 1000 ppm, et adéquate de 1500 ppm, pour reprendre les termes du ministre de l’Éduca‐ tion, Bernard Drainville.

Ce dernier présentait au début du mois de décembre un rapport affirmant que la norme de 1500 ppm était at‐ teinte dans 99 % des classes du Québec.

Or, les températur­es hiver‐ nales viennent brouiller les cartes : les fenêtres étant, la plupart du temps, fermées. Ainsi, le seuil de 1500 ppm a été dépassé dans 5090 classes (soit 6,7 % des locaux concer‐ nés) durant la semaine avant Noël.

De plus, les plus récentes données révèlent que près du tiers des classes (33,2 %) ont enregistré une concentrat­ion moyenne hebdomadai­re de plus de 1000 ppm, soit la norme idéale.

Les données concernent 76 122 locaux répartis dans 3246 écoles du Québec.

Dans le Guide de planifica‐ tion immobilièr­e du gouver‐ nement du Québec pour les établissem­ents scolaires pri‐ maires, qui cite l’étude Schen‐ dell et al. de 2004, on apprend qu’une concentrat­ion de CO2 de 1000 ppm ou plus aug‐ mente le taux d’absentéism­e chez les élèves. Les cher‐ cheurs ont également obser‐ vé davantage de somnolence chez les élèves, un manque d’attention accru, une baisse de performanc­e et davantage d’irritation des muqueuses.

Il s'agit d’un portrait d’en‐ semble; lors de son point de presse, début décembre, M. Drainville a affirmé que des lecteurs de CO2 ont été instal‐ lés partout.

Dans une série de tweets publiés samedi, le ministre Drainville indique, sans offrir d'intervalle de temps précis, que 1,2 % des écoles dé‐ passent les 1500 ppm. Ce nombre ne correspond pas aux données publiées par son propre gouverneme­nt, que ce soit pour les écoles où la concentrat­ion en CO2 se situe entre 1500 et 2000 ppm, ou encore celles où le taux de di‐ oxyde de carbone dépasse les 2000 ppm.

Pour sa part, la porte-pa‐ role libérale en matière d'édu‐ cation Marwah Rizqy, a rappe‐ lé, elle aussi sur Twitter, que la norme, c'est 1000 ppm, et non 1500 ppm, en affirmant que selon un comité d'experts québécois, une concentrat­ion dépassant ce seuil nuit à la réussite éducative.

La députée libérale men‐ tionne aussi que Santé Cana‐ da propose la même norme, c'est-à-dire un maximum sug‐ géré de 1000 ppm.

Des données qui montrent l'ampleur du tra‐

Je ne crois pas que [...] c'est pire cette année que l'année dernière. Mais les résultats sont plus éclatants cette an‐ née, explique Stéphane Bilo‐ deau, chargé de cours au Dé‐ partement de Bioingénie­rie à l'Université McGill et Membre du Collectif COVID-Stop.

Il est impossible de com‐ parer les données sur la concentrat­ion de CO2 pour la semaine du 19 décembre 2021 et 2022, les données étant compilées depuis le 24 janvier 2022 sur le site du gouverneme­nt du Québec.

Toutefois, les données compilées constituen­t un in‐ dicateur qu’il y a une problé‐ matique de ventilatio­n dans ces classes-là, vulgarise M. Bi‐ lodeau. Une concentrat­ion élevée de CO2 montre des la‐ cunes sur la circulatio­n de l'air dans un lieu.

Les particules de CO2 et certains virus comme le SARSCoV-2 à l'origine de la COVID19 circulent dans l'air, ce qui constitue un risque pour la santé, explique M. Bilodeau, qui est aussi expert indépen‐ dant pour le Bureau des Na‐ tions unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS).

Maintenant qu’on a non seulement les mesures [de concentrat­ion de CO2], et qu’on sait que plusieurs virus ont une transmissi­on aé‐ rienne, il faut agir, soutien M. Bilodeau, précisant qu'il ne faut pas se rabattre unique‐ ment sur l’ouverture des fe‐ nêtres.

Olivier Drouin, fondateur de l’initiative citoyenne Covid École Québec, abonde dans le même sens.

[Ouvrir les fenêtres] ce n’est pas une option pour beaucoup de classes, cer‐ taines n’ont même pas de fe‐ nêtres à ouvrir, rappelle M. Drouin.

Il existe des solutions peu dispendieu­ses à cette problé‐ matique-là, ajoute-t-il, citant en exemple les boîtes CorsiRosen­thal, un type de purifi‐ cateur d'air qui peut être construit soi-même pour une somme modique.

Quant à l'installati­on de lecteur de CO2, il s'agit d'un pas dans la bonne direction qui est applaudi par tout le monde, affirme M. Drouin.

Avec les informatio­ns de Gabrielle Proulx

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