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Québec s’inquiète des taux d’échec de l’épreuve uniforme de français

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Les plus récents résultats de l'examen de français écrit de 5e secondaire dans les écoles publiques préoc‐ cupent le gouverneme­nt de François Legault.

Selon le quotidien La Presse, les taux de réussite de l'épreuve uniforme de 2022 du ministère de l'Éducation du Québec sont en baisse presque partout par rapport à 2019. Au centre de services scolaire de Montréal, par exemple, la moyenne est pas‐ sée de 68,5 % à 58,6 %.

Le ministre responsabl­e de la langue française, Jean-Fran‐ çois Roberge, se dit inquiet. Il a réagi lundi à l'émission montréalai­se Tout un matin, sur ICI Première.

Je pense que tous les Qué‐ bécois doivent s'inquiéter chaque fois qu'un indicateur sur le français est négatif, que ce soit la langue parlée à la maison, la langue maternelle, la langue parlée au travail, la maîtrise de la langue par les élèves québécois. [...] On doit réagir.

Jean-François Roberge, mi‐ nistre responsabl­e de la langue française

M. Roberge, qui a occupé la fonction de ministre de l'Éducation de 2018 à 2022, montre du doigt la pandémie de COVID-19 en évoquant une crise sans précédent. Il prend aussi sa part de res‐ ponsabilit­é, mais à demi-mot.

Je pense qu'on a fait tout ce qu'on pouvait faire au gou‐ vernement et dans les écoles, s'est défendu le député de Chambly au micro de Patrick Masbourian. Mais est-ce qu'on a été parfait? Je ne pense pas qu'aucun gouver‐ nement, aucune nation [ne l'a été], a-t-il souligné.

L'épreuve uniforme de français a été suspendue en 2020 et en 2021 en raison de la COVID-19. Depuis, sa pon‐ dération est passée de 50 % à 20 % de la note finale, si bien que les échecs à l'examen du ministère ont des consé‐ quences moins graves qu'avant.

Ainsi, 87,1 % des élèves ont réussi leur cours de français de 5e secondaire en 2022, et ce, même si les résultats à l'épreuve uniforme du MEQ ont, d'après les statistiqu­es obtenues par La Presse, bais‐ sé de manière significat­ive de‐ puis trois ans dans tous les centres de services scolaires, à l'exception de six d'entre eux.

Pour la suite, M. Roberge s'en remet aux équipes-écoles et à son collègue ministre Ber‐ nard Drainville, qui a pris sa relève à l'Éducation après les élections générales de l'au‐ tomne dernier. Ce dernier a d'ailleurs fait savoir lundi ma‐ tin qu'il était préoccupé par ces résultats à la baisse.

Le français est un enjeu qui nous tient à coeur. Je suis conscient des effets de la pan‐ démie sur la réussite des jeunes et nous travaillon­s sur cet enjeu spécifique qu'est la réussite du français à l'école, a-t-il tweeté.

Rendre l'examen encore plus difficile?

Tout comme Jean-François Roberge, Suzanne-Geneviève Chartrand estime elle aussi que la hausse des taux d'échec à l'épreuve uniforme du MEQ était prévisible.

Enseignant­e à la retraite et porte-parole des forums Par‐ lons éducation, cette spécia‐ liste en didactique du français observe que la qualité de la langue a fait les frais de la pandémie.

Les adolescent­s de 4e et de 5e secondaire ont passé presque deux ans à ne pas lire de livres, à ne pas lire de textes, à ne pas en discuter, à capter des informatio­ns sur le web – ce qui est très différent de lire – et à ne pas écrire de textes où ils doivent dévelop‐ per une pensée, a-t-elle rap‐ pelé à Tout un matin.

Mme Chartrand estime pourtant que le test du minis‐ tère, qu'elle critique depuis 25 ans, devrait être encore plus difficile. Je l'ai toujours traité de passoire et de fumis‐ terie, dit-elle, parce qu'il ment à la population en disant que, quand on l'a réussi, on est bon en français.

Cet examen-là ne prouve absolument pas à la popula‐ tion que les élèves qui l'ont réussi sont [...] capables d'écrire et de lire correcte‐ ment.

Suzanne-Geneviève Char‐ trand, spécialist­e en didac‐ tique du français et porte-pa‐ role des forums Parlons édu‐ cation

L'enseignant­e à la retraite croit qu'une partie de la solu‐ tion passe par l'applicatio­n des normes linguistiq­ues plus sévères dans les autres ma‐ tières. Selon elle, la qualité du français devrait faire l'objet d'une attention plus grande en mathématiq­ue, en science, en histoire, etc.

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