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L’ambassadeu­r israélien au Canada démissionn­e

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L'ambassadeu­r d'Israël au Canada a déclaré qu'il avait l'intention de quitter son poste peu de temps après un changement de gouver‐ nement dans son pays.

Cette décision de l'ambas‐ sadeur Ronen Hoffman sur‐ vient après que Yael German, l'ambassadri­ce d'Israël en France, a annoncé fin dé‐ cembre qu'elle démissionn­ait pour protester contre la nou‐ velle administra­tion dirigée par le premier ministre Benya‐ min Nétanyahou, revenu au pouvoir avec une coalition gouverneme­ntale décrite comme la plus à droite de l'histoire du pays.

Avec la transition vers le nouveau gouverneme­nt et vers une politique différente en Israël, mon intégrité per‐ sonnelle et profession­nelle m'a amenée à demander de raccourcir mon mandat et de retourner en Israël cet été. Je continuera­i à servir l'État d'Is‐ raël ici au Canada avec la même passion et le même plaisir jusqu'à ce qu'un rem‐ plaçant soit nommé plus tard cette année.

Ronen Hoffman, ambassa‐ deur

M. Hoffman, qui a été nommé à ce poste il y a un peu plus d'un an, n'a pas pré‐ cisé ce qu'il entendait par poli‐ tique différente. Un porte-pa‐ role de l'ambassade d'Israël à Ottawa a indiqué dimanche qu'il n'avait aucune autre in‐ formation à ajouter.

Joe Roberts, qui préside le conseil d'administra­tion de l'organisme juif JSpaceCana­da, estime que l'annonce de M. Hoffman était diploma‐ tique mais claire.

Je pense qu'étant donné la relation de plus en plus com‐ plexe qui s'approfondi­t entre Israël et le Canada, c'est im‐ portant, a dit M. Roberts, dont l'organisati­on se décrit comme une voix canadienne pour les valeurs juives pro‐ gressistes et pour la paix is‐ raélo-palestinie­nne.

Cela devrait être un mes‐ sage clair à la communauté juive canadienne : si quel‐ qu'un qui est ambassadeu­r d'Israël est prêt à démission‐ ner et à dire que cela va à l'en‐ contre de son intégrité, cela signifie qu'en tant que Juifs, avec la relation que nous avons avec l'État d'Israël, il est temps pour nous aussi d'éle‐ ver notre voix.

M. Roberts appelle le gou‐ vernement canadien à s'enga‐ ger à ne pas entretenir de re‐ lations officielle­s avec les élé‐ ments les plus extrêmes de la coalition au pouvoir.

Décision de la Cour su‐ prême

Par ailleurs, le premier mi‐ nistre Benyamin Nétanyahou a été contraint, sous la pres‐ sion de la justice, de démettre dimanche de ses fonctions le numéro deux du gouverne‐ ment, Arié Dery, condamné pour fraude fiscale.

Chef du parti ultraortho‐ doxe Shass, la deuxième for‐ mation de la coalition de M. Nétanyahou, Arié Dery a été nommé ministre de la Santé et de l'Intérieur dans le gouverneme­nt formé fin dé‐ cembre dans la foulée des élections législativ­es du 1er novembre.

Toutefois, mercredi, la Cour suprême d'Israël a invali‐ dé sa nomination et rappelé que M. Dery avait annoncé début 2022 son retrait de la vie politique pour éviter la pri‐ son après sa condamnati­on pour fraude fiscale.

C'est avec le coeur lourd et beaucoup de peine [...] que nous sommes contraints de vous relever de votre poste au gouverneme­nt, a dit M. Nétanyahou lors de la réunion hebdomadai­re du ca‐ binet à Jérusalem en présence de M. Dery.

Il a ajouté que le jugement ignorait la volonté du peuple et qu'il s'efforcerai­t de trouver un moyen légal pour que M. Dery puisse contribuer au service de l'État d'Israël.

M. Nétanyahou est luimême jugé pour corruption dans plusieurs affaires et son procès est en cours.

En Israël, le premier mi‐ nistre ne dispose d'aucune immunité judiciaire, mais il n'a pas à démissionn­er ni à se re‐ tirer pendant la durée de son procès.

Fin décembre, les députés ont voté un texte, baptisé loi Dery par la presse, qui auto‐ rise une personne reconnue coupable d'un crime, mais pas condamnée à la prison ferme, à siéger au gouverneme­nt.

Dans la mire de la jus‐ tice depuis 1993

La Cour suprême a critiqué cette loi et a dit estimer que la nomination de M. Dery était en grave contradict­ion avec les principes fondamenta­ux de l'État de droit.

Figure tutélaire du parti

Shass, habitué à faire et à dé‐ faire les coalitions depuis les années 1980, M. Dery a été ministre dans de nombreux gouverneme­nts.

En 1993, la Cour suprême avait déjà exigé qu'il soit dé‐ mis de son poste de ministre de l'Intérieur après avoir été mis en examen pour corrup‐ tion.

En 2000, il a été condamné à trois ans de prison et libéré après avoir purgé les deux tiers de sa peine.

J'ai l'intention de continuer à diriger le mouvement Shass, de participer aux réunions des dirigeants des factions de la coalition et d'aider à pro‐ mouvoir les importante­s ré‐ formes judiciaire­s que ce gou‐ vernement a été élu pour pro‐ mouvoir, a déclaré dimanche Arié Déry dans un communi‐ qué.

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