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Les Barbares de La Malbaie : cinéma, hockey et masculinit­é

- Helen Faradji

Nous avons rencontré Phi‐ lippe-Audrey Larrue SaintJacqu­es et Justin LeyrollesB­ouchard, héros de ce film acide et tendre, voir sur ICI Télé le vendredi 27 janvier, à 23 h 05.

Une ancienne gloire de la LNH incapable d’admettre sa déchéance, son jeune cousin résolu à devenir agent de joueur, un road-trip jusqu’à Thunder Bay pour le cham‐ pionnat canadien : bienvenue dans l’univers à la fois tendre, vulgaire et drôle des Barbares de La Malbaie, réalisé par Vincent Biron (Prank).

Nous avons rencontré les deux (anti)héros de cette folle aventure, Philippe-Audrey Larrue St-Jacques et Justin Leyrolles-Bouchard.

Philippe-Audrey, Yves, ce joueur de hockey insup‐ portable, est votre premier rôle au cinéma. Mais quelle place occupe cet art dans votre vie? Philippe-Audrey Larrue St-Jacques :

Ça va être drôle comme réponse, mais tout ça vient d’une énorme solitude quand j’étais enfant.

Je n’étais pas populaire à l’école primaire, je ne sortais pas parce que, quand j’allais dans le parc, je me faisais niai‐ ser. Donc, j’écoutais des films.

Mais comme j’étais en ban‐ lieue, et que c’était le temps des dépanneurs clubs-vidéos avec huit films, c’était limité! Heureuseme­nt, mes parents enseignaie­nt au cégep, où il y avait un club plus cinéphile, et là, j’ai pu écouter plus que Les tortues Ninja. Et au même moment, un cinéma s’est construit à Dorion, et j’y pas‐ sais mes fins de semaine com‐ plètes. Le cinéma a toujours fait partie de ma vie, d’aussi loin que je me souvienne! Je suis plus un cinévore, je dirai; je regarde tout, sans discrimi‐ nation, et j’ai autant de plaisir devant les Avengers que de‐ vant Andreï Roublev!

Justin, on vous a vu dans Pieds nus dans l’aube, dans L'effet secondaire, et dans Les Barbares : qu’est-ce qui motive vos choix de rôles? Justin Leyrolles-Bou‐ chard :

D’abord, c’est le scé‐ nario. J’ai lu celui des Barbares avant l’audition, ce qui est rare. Et puis, c’est aussi l’origi‐ nalité.

Jean-Philippe, dans Les Barbares, c’est vraiment un rôle unique, on n’en voit pas souvent dans les films au Québec : un jeune ado qui prend en considérat­ion un adulte, qui a un rêve et ne lâche rien, même si tout le monde le décourage et qu’il vient d’un milieu qui n’est pas exceptionn­el, où personne n’a vraiment réussi.

C’est ce que je cherche, et qui est le fun, parce qu’on n’est pas dans les clichés, ça permet de vraiment créer hors des sentiers battus. C’est vraiment le rôle que j’ai eu le plus de plaisir à faire.

Ces deux cousins sont aussi deux modèles mascu‐ lins polarisant­s, en même temps qu’ils mènent un ré‐ cit qui pose la question de comment devenir un homme. Comment les voyez-vous? PALSJ :

Pour moi, ces deux gars sont vraiment comme le yin et le yang. Pour J.P., ça ar‐ rive combien de fois dans la vie qu’on te dise : « Non, tu n’y arriveras pas, ça ne marchera pas », et que tu y ailles malgré tout? Ça le rend très hé‐ roïque, plus que Yves.

J.P., c’est le héros discret, du genre que ça ne paraît pas, mais il gère une multinatio‐ nale! C’est la réussite mo‐ deste. Il vient d’un milieu né pour un petit pain, et consciemme­nt ou non, il re‐ fuse de rester dans cette idée. Yves, c’est le contraire : il n’est pas né pour un petit pain, mais sa vie, c’est un petit pain.

Il n’a jamais lutté pour rien, il a tout eu gratuit, par chance ou par hasard, mais il a tout gaspillé. C’est un antihéros complet. Je pense que ce sont deux portraits d’hommes qu’on trouve facilement dans la vie aussi.

JLB : La différence, c’est qu’Yves, quand il jouait dans la ligue de hockey junior ma‐ jeur, il a touché au rêve, c’était la vedette. C’est vrai, c’est le contraire de J.P., qui est dans l’ombre, alors que son cousin déplace de l’air constammen­t.

L’image du yin et du yang marche vraiment bien, et c’est ce qui rend les deux person‐ nages attachants et qui fait qu’ils forment un bon duo.

Et l'on peut voir tout le tra‐ jet de J.P. comme une méta‐ phore, je pense : au début, il se lance, c’est excitant, et plus il avance, plus il réalise que la vie, ce n’est pas tout le temps comme on l’imagine, ça peut être décevant. Il finit par réali‐ ser qu’être un adulte, c’est dif‐ ficile, et il grandit à travers ça.

C’est, pour vous deux, un premier rôle majeur au cinéma. Avez-vous l’impres‐ sion que ça vous aappris quelque chose sur votre métier? JLB :

Je ne sais pas trop. Philippe-Audrey, lui, a fait le Conservato­ire, il est profes‐ sionnel, méthodique. Alors que moi, je n’ai pas fait d’école. Dans Pieds nus dans l’aube, c’était la première fois que je jouais, et je m’amusais surtout. C’était beaucoup de l’instinct. Là, c’était la première fois que c’était plus profes‐ sionnel, et oui, on avait du fun, mais c’était difficile aussi!

Je pense que ça m’a fait réaliser ça : oui, pour moi, c’est le plus beau métier du monde, mais c’est difficile!

PALSJ :

Pour moi, c’est la notion de sacrifice qui m’a sauté aux yeux. On en parle peu, mais elle est omniprésen­te.

Déjà, pour devenir comé‐ dien, c’est énormément de sa‐ crifices. Au début, par rapport au confort, parce qu’on ne fait pas beaucoup d’argent quand on commence. Puis, on est toujours confronté à l’incerti‐ tude, sans parler du fait que, sauf quand on est très chan‐ ceux, ça prend beaucoup de temps avant de pouvoir obte‐ nir un vrai premier rôle. Et une fois que tu l’as, tu réalises que c’est énormément de tra‐ vail en amont avant de ren‐ trer dans une bulle de travail d’un mois ou plus, avec des horaires impossible­s, nonstop, et dans laquelle tu mets ta vie en suspens, comme les 50 personnes qui travaillen­t sur la production. On devient une communauté de gens qui sacrifient énormément pour porter au plus haut un projet. Je crois qu’on ne mesure pas, en voyant un film, si médiocre soit-il, l’investisse­ment total, physique et sentimenta­l des gens qui l’ont fait. Les Bar‐ bares m’a vraiment fait réali‐ ser ça : le sacrifice n’arrête ja‐ mais!

Le public québécois et les films de hockey, c’est une histoire compliquée! Lequel est votrepréfé­ré? JLB :

Je n’ai jamais vu Les Boys! (rires)

PALSJ : Hein! Faut que tu écoutes le 1 et le 2 !

Personnell­ement, j’ai ado‐ ré Demain des hommes et le documentai­re Junior, qui a beaucoup servi à préparer Les Barbares, d’ailleurs.

Et je dois dire que j’ai ré‐ écouté récemment Maurice Richard, de Charles Binamé, et le hockey d’antan est vrai‐ ment bien mis en valeur en plus de bien jouer avec le mythe.

Moi aussi, j’ai vrai‐ ment aimé Demain des hommes.

Et Pee-wee 3D, aussi. Je me souviens de l’avoir vu en‐ fant et de m’être dit : « Wow, c’est bien cool, ça donne le goût d’aller jouer dans la ruelle avec les amis. »

Ça vend du rêve un peu, mais à 10 ans, j’ai trippé!

JLB : Les Barbares de La Mal‐ baie, sur ICI Télé le vendre‐ di 27 janvier, à 23 h 05.

La bande-annonce (source : YouTube)

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