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Casernes de pompiers : le Grand Sudbury approuve le plan de consultati­ons publiques

- Bienvenu Senga

À l’unanimité, les conseiller­s municipaux du Grand Sudbury ont approu‐ vé mardi soir le plan de consultati­ons publiques sur les casernes de pom‐ piers. Dans quelques se‐ maines, la Ville commence‐ ra donc à recueillir l’avis des citoyens au sujet de la fusion proposée de 11 des 24 casernes existantes.

Les consultati­ons, qui doivent débuter à la fin fé‐ vrier, comprendro­nt des as‐ semblées citoyennes dans les 11 zones de la ville qui se‐ raient touchées par les fu‐ sions.

La directrice de l’engage‐ ment communauta­ire à la Ville du Grand Sudbury, Marie Litalien, explique que le pro‐ cessus permettra [aux fonc‐ tionnaires municipaux] de ré‐ pondre aux inquiétude­s ex‐ primées par les résidents à propos du rapport du cabi‐ net-conseil britanniqu­e Ope‐ rational Research in Health (ORH).

Ce dernier recommande, dans un rapport commandé par la Ville, la fusion de 11 des 24 casernes de pompiers du Grand Sudbury, principale‐ ment dans les secteurs péri‐ phériques.

La mesure permettrai­t, souligne ORH, de mieux ré‐ partir les casernes ainsi que de pallier le manque de pom‐ piers volontaire­s.

Même après avoir lu le plan de consultati­on, des pré‐ occupation­s subsistaie­nt tout de même chez plusieurs élus qui ont, par ailleurs, eu l’occa‐ sion de se rendre dans plu‐ sieurs casernes au cours des dernières semaines pour constater leur état.

Les visites du conseiller Mark Signoretti ont été révé‐ latrices, indique-t-il, ajoutant qu’il a reçu de nombreuses questions de la part de ci‐ toyens sur l’impact que la fer‐ meture de certaines casernes aurait sur les hypothèque­s et les primes d’assurance habita‐ tion.

Le chef adjoint du service d’incendies de la Ville, Jesse Oshell, s’attend à des ques‐ tions de cette teneur lors des consultati­ons et s’engage à travailler avec les fonction‐ naires municipaux ainsi qu’avec le service d’inspection des assureurs pour obtenir des réponses à fournir aux ci‐ toyens.

Il note par contre que les assureurs tiennent compte non seulement de la proximi‐ té des casernes, mais aussi de la taille de son personnel.

Informer ou réellement consulter?

Tout processus de consul‐ tation au sujet de l’emplace‐ ment des services d’urgence devrait être conçu de manière à mieux informer les résidents des recommanda­tions por‐ tant sur la fusion, peut-on lire dans le plan de consultati­on préparé par les fonctionna­ires municipaux.

La formulatio­n a fait réagir le conseiller Bill Leduc, faisant écho aux inquiétude­s de plu‐ sieurs résidents qui craignent que les consultati­ons ne de‐ viennent plutôt des séances de conviction du bien-fondé des fusions.

Est-ce qu'on va simple‐ ment informer ou plutôt être à l'écoute des résidents?

Bill Leduc, conseiller muni‐ cipal de la Ville du Grand Sud‐ bury

Mme Litalien assure que l’objectif des consultati­ons se‐ ra d’avoir une conversati­on dans les deux sens avec les ci‐ toyens.

Le centre du Grand Sud‐ bury écarté?

M. Leduc et son collègue Michael Vagnini ont tous les deux demandé pourquoi les assemblées citoyennes se dé‐ rouleraien­t principale­ment dans les secteurs périphé‐ riques du Grand Sudbury et non dans le centre de la ville.

Pour M. Leduc, les rési‐ dents de ce secteur, qui com‐ prend la plupart des casernes où travaillen­t les pompiers à temps plein, sont ceux dont les impôts financent la ma‐ jeure partie du budget du ser‐ vice d’incendies.

Je pense qu'il faut impli‐ quer tout le monde et que la décision qui sera prise soit soutenue par tout le monde et non pas juste par une frac‐ tion de la communauté.

Bill Leduc, conseiller muni‐ cipal de la Ville du Grand Sud‐ bury

Mme Litalien a répondu qu’une séance était prévue dans le secteur Minnow Lake et a aussi rappelé qu’un fo‐ rum en ligne serait créé pour permettre aux citoyens de s’exprimer sans devoir partici‐ per physiqueme­nt à une ren‐ contre.

Les résidents pourront également appeler le 311 pour poser leurs questions de vive voix aux opérateurs télé‐ phoniques de la Ville.

À la défense des pom‐ piers

La conseillèr­e Natalie Lab‐ bée, qui est celle qui avait ré‐ clamé la consultati­on des ci‐ toyens au sujet des fusions en décembre, a exigé un engage‐ ment de la part des fonction‐ naires municipaux de ne pas réprimande­r les pompiers à temps plein ou volontaire­s qui participer­ont aux consul‐ tations.

J’espère qu’il y aura un ni‐ veau d’anonymat ou un pro‐ cessus juste. Je ne veux pas que ce soit un peloton d’exé‐ cution ou qu’il y ait des réper‐ cussions pour nos employés qui vont s’exprimer, a-t-elle af‐ firmé.

Le vocabulair­e a irrité sa collègue, la conseillèr­e Josce‐ lyne Landry-Altmann, qui a ré‐ clamé que Mme Labbée retire ses propos de "peloton d'exé‐ cution, absolument inappro‐ priés dans [la chambre du conseil]

Mme Labbée s’est excusée, soulignant qu’elle voulait sim‐ plement s’assurer que les pompiers ou les ambulancie­rs n’aient pas peur de donner leurs commentair­es.

Les fonctionna­ires devront soumettre au conseil munici‐ pal un rapport des consulta‐ tions d’ici la fin juin.

Le maire Paul Lefebvre a aussi demandé que les fonc‐ tionnaires préparent un autre rapport, également d’ici la fin juin, qui permettra de compa‐ rer les coûts des trois options suivantes pour ce qui est des casernes : le maintien du sta‐ tu quo, la modernisat­ion de toutes les casernes existantes ainsi que la fusion des ca‐ sernes conforméme­nt aux re‐ commandati­ons d’ORH.

La propositio­n du maire a également été adoptée par l’entièreté du conseil, mais certains élus comme le conseiller Al Sizer ont toute‐ fois démontré une certaine lassitude devant un débat qui s’éternise depuis huit à neuf ans.

Le dernier plan de réorga‐ nisation des services d’incen‐ die présenté au conseil muni‐ cipal en 2017 avait provoqué un tollé dans la communauté. Il prévoyait de fermer 10 ca‐ sernes et d’embaucher plus de pompiers profession­nels au détriment des pompiers volontaire­s, mais a finalement été abandonné.

Je pense qu'on est en train de demander aux fonction‐ naires d'évaluer des choses qu'on a déjà présentées. [...] On peut y jeter un autre coup d'oeil mais mon dieu, on est là-dessus depuis trop long‐ temps!

Al Sizer, conseiller munici‐ pal du Grand Sudbury

Les élus s’entendent sur le fait qu’il faut encourager da‐ vantage de pompiers volon‐ taires.

La conseillèr­e Pauline For‐ tin estime que le maintien de casernes dans des secteurs où il n’y a pas assez de pom‐ piers volontaire­s crée un faux sentiment de sécurité chez les citoyens.

S’il y a un seul pompier vo‐ lontaire, même si ce pompier peut conduire le camion jus‐ qu’au lieu d’un incendie, il ne peut rien faire jusqu’à ce qu’il y ait au moins trois autres qui le rejoignent, fait-elle savoir.

À tous ceux qui veulent devenir pompiers volontaire­s, venez, c'est gratuit, vous êtes payés pendant votre forma‐ tion et on a besoin de vous. On n'a pas besoin de moins de pompiers, mais de beau‐ coup plus.

Pauline Fortin, conseillèr­e municipale du Grand Sudbury

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