Le projet de complexe aquatique à Charlesbourg « au point mort »
Bientôt deux ans après avoir annoncé la construc‐ tion d’un complexe aqua‐ tique dans le nord de Char‐ lesbourg, la Ville de Québec n’a toujours pas identifié le terrain où celui-ci verra le jour. De plus, aucun échéancier ni budget n’a encore été présenté. La deuxième opposition à l’hôtel de ville déplore le peu d’avancement du pro‐ jet et exige des réponses de la part de l’administration Marchand.
Au printemps 2021, le maire de Québec d’alors, Ré‐ gis Labeaume, avait fait part de l’intention de la Municipali‐ té de construire d’ici 5 ans un complexe aquatique dans le secteur de la rue de la Faune.
Évalué à 20 millions $, le fu‐ tur centre devait comprendre au moins deux bassins, des équipements spécialisés, des équipements ludiques et des salles de formation.
Vingt mois après le dévoi‐ lement du projet et une élec‐ tion municipale plus tard, la Ville de Québec n’est toujours pas fixée sur l’emplacement du futur complexe.
Le projet de construction d’un centre aquatique dans le nord de la ville est toujours en cours d’analyse, notamment en ce qui a trait à l’identifica‐ tion d’un terrain propice et aux subventions gouverne‐ mentales qui permettraient la réalisation du projet, indique la Municipalité dans un cour‐ riel envoyé à Radio-Canada.
Pour l’instant, aucun échéancier n’est disponible et aucun budget n’a été projeté ni réservé pour le projet, pré‐ cise-t-elle.
Du surplace
Le chef de la deuxième op‐ position et conseiller spécial auprès des élus d’Équipe prio‐ rité Québec, Patrick Paquet, juge que le projet devait être rendu à un stade plus avancé.
Dans le plan directeur aquatique qui a été déposé en mai 2021, on avait identifié un projet de 20 millions $. Puis là, deux ans plus tard, on n'a pas plus de détails. Moi, je trouve qu'on devrait être ren‐ du beaucoup plus loin que ça dans le processus. [...] Tout est au point mort, déplore-t-il.
J'ai comme l'impression que ce projet-là a comme été mis en dessous de la pile et qu’il fait du surplace depuis deux ans.
Patrick Paquet, chef d’Équipe priorité Québec
M. Paquet soutient qu'il y a un manque flagrant de pis‐ cines intérieures dans le nord de la ville.
La présidente du Conseil de quartier Notre-Dame-desLaurentides, Sarah Demers, admet elle aussi être surprise et déçue par l'état d’avance‐ ment du dossier.
En mai 2021, c'était assez clair que ça allait être dans le coin de la rue de la Faune et tout d'un coup, on n'a plus d'emplacement, on n'a plus d'idées de quand est-ce que ça va arriver. Donc, c'est déce‐ vant un peu parce qu'on avait vraiment hâte de pouvoir avoir une piscine dans le nord de Charlesbourg puisque c'est un coin absolument non des‐ servi par une piscine inté‐ rieure malheureusement, dé‐ plore Mme Demers en entre‐
vue à Radio-Canada.
Accessibilité
Sur les 27 piscines inté‐ rieures qu’on retrouve sur le territoire de l’agglomération de Québec, on en compte 2 qui sont situées dans l’arron‐ dissement de Charlesbourg, mais aucune au nord du bou‐ levard Louis-XIV.
Les gens qui habitent dans notre quartier doivent des‐ cendre assez bas dans la ville pour pouvoir accéder à un cours de natation pour leurs jeunes enfants. C’est quand même important d'apprendre à nager à cet âge-là, pour la sécurité, fait valoir Sarah De‐ mers.
Au moment d’annoncer le projet de complexe aquatique en 2021, la Ville de Québec avait fait savoir qu’elle comp‐ tait solliciter l’appui financier des municipalités voisines ain‐ si que des gouvernements fé‐ déral et provincial.
C’est la raison pour la‐ quelle le Conseil de quartier Notre-Dame-des-Laurentides a sollicité une rencontre avec son représentant à l’Assem‐ blée nationale, le député ca‐ quiste de Chauveau, Syl‐ vain Lévesque.
De son côté, Équipe priori‐ té Québec a l’intention, lors de la prochaine séance du conseil municipal prévue le 7 février, de présenter un avis de proposition afin de de‐ mander la tenue d’un comité plénier sur le projet de com‐ plexe aquatique.
Je pense qu'il y a des gens qui sont qualifiés, autant au niveau de notre division des loisirs et des sports qu’au ni‐ veau de notre division [...] de la gestion des immeubles [...] pour regarder l'inventaire, ve‐ nir identifier le terrain qui va être approprié pour cette nouvelle construction-là et faire la planification des coûts, un peu comme ç’a été fait pour le nouveau poste de po‐ lice, dont la construction sera terminée prochainement, ex‐ plique Patrick Paquet.
C’est le conseiller munici‐ pal Éric Ralph Mercier, un élu d’Équipe priorité Québec, qui déposera l’avis de proposi‐ tion. Le secteur de la rue de la Faune, qui était envisagé par l’administration Labeaume pour la construction du com‐ plexe aquatique, est situé dans le district des Monts, que représente M. Mercier.
Équipe priorité Québec prévoit aussi de déposer un avis de proposition deman‐ dant à la Ville d’inclure, à l’inté‐ rieur de son prochain Pro‐ gramme décennal d’immobili‐ sations (PDI), des informa‐ tions détaillées sur les projets que la Municipalité pense me‐ ner à terme dans un horizon de deux ou trois ans. Une sorte de Programme triennal d’immobilisation, ou PTI, à l’in‐ térieur du PDI, précise Patrick Paquet.
Fiches fourre-tout
Sa formation politique re‐ proche à l’administration Mar‐ chand de regrouper ses pro‐ jets d’investissements à l’inté‐ rieur de fiches fourre-tout. C’est le cas, dit-il, du projet de complexe aquatique.
Celui-ci apparaît dans le Programme décennal d’im‐ mobilisations 2023-2032, mais uniquement dans la fiche du Plan directeur aquatique.
La fiche ne mentionne pas d’échéancier ni de budget as‐ socié au projet, auquel on ré‐ fère dans des termes plutôt vagues : Le plan directeur de 2021 inclut la construction éventuelle d’un complexe aquatique.
Au lieu d'avoir des fiches qui sont très précises [sur des projets en particulier], on va avoir une fiche dans laquelle on inclut tout. On inclut les jeux d'eau, les piscines exté‐ rieures, les piscines inté‐ rieures… On inclut tellement de choses, et dans un mon‐ tant qui est global, qu'on n'est pas capable de s’y [retrouver]. Pour le commun des mortels, là, c'est impossible, dénonce Patrick Paquet.
Il n'y a aucune cachette
Durant les séances du co‐ mité plénier portant sur le PDI 2023-2032, avant la pé‐ riode des Fêtes, les partis d’opposition et les journa‐ listes avaient justement inter‐ pellé Bruno Marchand et son équipe sur les difficultés à suivre l’évolution de certains projets. Le maire n’y voyait aucun enjeu de transparence.
On fait périodiquement des rapports sur les sommes dépensées, les estimés. Quand il y a des surprises, on vous les communique. Il n’y a aucune cachette, avait-il assu‐ ré lors d’une mêlée de presse, le 1er décembre.
Avec la collaboration de Jean-François Nadeau