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Santé sexuelle : la fermeture d’une clinique privée de Gatineau inquiète

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Fin décembre 2022, la Cli‐ nique santé sexualité du Plateau, à Gatineau, a fer‐ mé ses portes de manière définitive. Une fermeture qui engendre des répercus‐ sions multiples sur les éta‐ blissement­s spécialisé­s en santé sexuelle dans la ré‐ gion.

Alors que la clinique privée spécialisé­e en santé sexuelle a fermé ses portes sans véri‐ table annonce, plusieurs pa‐ tients se sont retrouvés dans l'embarras. En conséquenc­e, d'autres établissem­ents du genre à Gatineau ont consta‐ té une augmentati­on de la de‐ mande pour certains services.

C’est notamment le cas de la clinique des femmes de l’Outaouais, qui a vu le nombre d’appels entrants augmenter, et ce, pour toutes sortes de services. Concer‐ nant les tests Pap, la de‐ mande a triplé selon la direc‐ trice de la clinique, Patricia La‐ Rue.

On essaie de s’ajuster, d'of‐ frir le service, de dégager du temps aux infirmière­s, mais ça a été une demande non planifiée et très subite, dé‐ plore-t-elle.

Le test Pap consiste en un prélèvemen­t de cellules du col de l’utérus afin de détecter les éventuels signes avant-cou‐ reurs d’un cancer de l’organe. Selon Mme LaRue, il est im‐ portant de faire ce test au moins tous les trois ans.

Toutefois, les établisse‐ ments ne sont pas nombreux à l’offrir dans la région, à en croire la directrice de la cli‐ nique. Habituelle­ment, ce sont les médecins de famille qui offrent les services de test

Pap pour leurs patientes, mais comme plusieurs femmes dans la région de l’Outaouais [n’en ont pas], elles restent [sans solutions].

Si la clinique des femmes offre le service, ses moyens sont toutefois limités face à l’augmentati­on de la de‐ mande provoquée par la fer‐ meture de la clinique du Pla‐ teau. De nombreuses femmes se trouveraie­nt ainsi orphe‐ lines de ce service dans la ré‐ gion de l’Outaouais.

Pour celles ayant accès à ce service, les délais pour ac‐ céder aux résultats s'élèvent à environ six mois actuelle‐ ment, selon Mme LaRue.

Des conséquenc­es pour la clientèle homosexuel­le

Ça a été une réaction de surprise, lance de son côté Alain Faubert, intervenan­t au‐ près des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH). Il confie avoir appris la nouvelle par l’intermédia­ire d'un client qu’il avait recommandé à l’éta‐ blissement, alors que cette décision était inattendue.

Lui-même visiteur habituel de la clinique, il explique que la fermeture a laissé les pa‐ tients devant réaliser leurs tests de dépistage, telle que la prophylaxi­e préexposit­ion (PPrE), sans indication­s concernant la poursuite de leurs démarches.

Si le Centre local de ser‐ vices communauta­ires (CLSC) a, par la suite, pris la relève, rien n’était vraiment structuré lors de la fermeture de la cli‐ nique privée du Plateau, ce qui a, selon M. Faubert, en‐ gendré beaucoup d’insécurité pour les usagers.

Les clients de la clinique se sont retrouvés seuls avec leurs interrogat­ions, affirme-til, sans savoir où aller ni vers qui se tourner, d’autant plus que ce type de services n’est pas offert par tous les profes‐ sionnels de santé. Souvent, les médecins de famille ne sont pas intéressés [par la PPrE], puisque cela rentre dans une spécialité, précise ainsi M. Faubert.

Si l’offre de service dans ce secteur n’est donc pas néces‐ sairement universell­e selon l'intervenan­t, il constate tout de même une collaborat­ion grandissan­te entre les diffé‐ rentes entités, ce qui permet d’améliorer la prévention et les différents outils afin de lut‐ ter contre les infections trans‐ missibles sexuelleme­nt.

Selon M. Faubert, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l'Outaouais serait d'ailleurs à travailler sur la formation d'une équipe dé‐ diée au renouvelle­ment des prescripti­ons pour la PPrE.

Par ailleurs, la Clinique san‐ té sexualité du Plateau dispo‐ sait d'un endocrinol­ogue qui travaillai­t auprès des per‐ sonnes transgenre­s. Dans le secteur de Gatineau, il ne reste à ce jour plus qu'un seul spécialist­e du genre, celui-ci se trouvant à Buckingham.

Avec les informatio­ns de Nelly Albérola

présidente de la Société médi‐ cale du Nouveau-Brunswick, la Dre Michèle Michaud, qui appuie néanmoins l'augmen‐ tation du nombre de postes d'infirmière­s praticienn­es dans la province.

Mais une plus grande col‐ laboration avec les médecins est essentiell­e pour contrer la crise en santé, estime le groupe Infirmière­s prati‐ ciennes du Nouveau-Bruns‐ wick.

On n’a jamais déclaré que les infirmière­s praticienn­es sont interchang­eables avec les médecins.

Chantal Ricard, du groupe Infirmière­s praticienn­es du Nouveau-Brunswick

Les infirmière­s prati‐ ciennes n'essaient pas non plus d'empiéter sur le travail des médecins. Les deux four‐ nissent un grand nombre de mêmes services et de types de soins. Mais comme nos collègues ont mentionné, nous sommes certaineme­nt complément­aires. Et nous voulons être là, dans l'équipe, et fournir les soins nous autres aussi, estime Mme Ri‐ card.

Chantal Ricard espère donc qu'avec une meilleure collaborat­ion, les patients en sortiraien­t gagnants.

D’après un reportage de Mathilde Pineault

dans les dernières années. Il faut travailler sur la rétention de personnel. Il faut qu'ils re‐ viennent, ces gens-là. Mais il faut qu'ils aient les conditions. Il faut baisser leur charge de travail. Il faut baisser cette pression-là. Ils supportent à bout de bras toute la pression des enfants. Ça n'a aucun sens, a ajouté Karine Ferland.

Dans sa réponse envoyée en fin de journée, le CIUSSS a dit avoir ajouté du personnel.

Pour nous aider à ré‐ pondre à l’augmentati­on de la demande, nous avons procé‐ dé dans les dernières se‐ maines à l’ouverture de 10 postes, en surplus de l’équipe actuelleme­nt en place. Ces nouvelles res‐ sources sont arrivées à la fin du mois de décembre, a dé‐ voilé Mélissa Bradette.

Des délais dénoncés

De son côté, la Commis‐ sion des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) dénonce les délais de traitement depuis des an‐ nées.

L'organisati­on rappelle que des délais peuvent accentuer la situation de vulnérabil­ité des enfants concernés.

Dans certains cas, la situa‐ tion peut s'aggraver pendant le délai d'attente.

C'est ça qui est très préoc‐ cupant dans les circons‐ tances, c'est que ce délai peut causer qu'on échappe des cas, des enfants, des dossiers. Et effectivem­ent, si on dit que les enfants sont notre priorité au Québec, il ne faut pas en échapper une à ce momentlà. C'est un peu ça la mission que la Direction de la protec‐ tion de la jeunesse s'est vue confier par la loi. Et présente‐ ment, c'est très difficile pour eux d'atteindre cet objectif, a affirmé pour sa part PhilippeAn­dré Tessier, président de la CDPDJ.

Selon le CIUSSS, des me‐ sures peuvent être prises du‐ rant la période d'attente.

D'autres programmes et services de la première ligne en jeunesse peuvent être dé‐ ployés pendant cette période d'attente dans certaines fa‐ milles afin d'agir plus rapide‐ ment, dans l'attente de l'éva‐ luation, a conclu la porte-pa‐ role du CIUSSS.

Des intervenan­ts volon‐ taires sont aussi venus en renfort à la DPJ régionale.

D'après un reportage d'Annie-Claude Brisson

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