Radio-Canada Info

La pédiatrie sociale au service de centaines de migrantes du chemin Roxham

-

Davide Gentile, Daniel Boily Lorsqu'elle a traversé la frontière canadienne par le chemin Roxham l’an der‐ nier, Géraldine Bertrand a ressenti un profond soula‐ gement.

Quand je suis arrivée là, j'étais en paix, je me sentais en sécurité, c'était la première fois dans ma vie que j'avais cette sensation là, raconte-telle.

C'était le plus beau jour de ma vie, j'ai dormi comme un enfant, dit-elle avec émotion.

Partie d’Haïti, elle a traver‐ sé l’Amérique latine avant de passer 10 mois au Mexique. Un parcours semé d'em‐ bûches et de souvenirs diffi‐ ciles à partager.

Demandeuse d’asile, Géral‐ dine concentre son énergie sur l’accoucheme­nt de son bébé avec l’accompagne­ment du Centre de pédiatrie sociale de Saint-Laurent/Au coeur de l’enfance.

Trouver un logement avant de parler grossesse

À l’emploi du CIUSSS du Nord-de-l’île-de-Montréal, la sage-femme Amélie Lamarche entend chaque semaine le ré‐ cit de nombreuses migrantes.

Ce sont des femmes qui traînent un bagage extraordi‐ nairement lourd, lourd par leur histoire, par leur parcours migratoire, par leur situation au pays, souligne Mme La‐ marche. Personne ne désire quitter son pays parce que ça va bien.

La coordinatr­ice de la cli‐ nique en périnatali­té au Centre de pédiatrie sociale de Saint-Laurent/Au coeur de l'enfance, Virginie Cadet, constate combien le contexte a changé en l’espace de trois ans.

Si je fais un parallèle entre une maman accueillie ici en 2019 demandeuse d'asile et une maman qu'on accueille en 2022, on a une grande dif‐ férence dans la lourdeur de la situation et l'intensité de ser‐ vice qu'on doit lui offrir af‐ firme Mme Cadet.

La maman de 2022 qui nous arrive, elle est encore à l’hôtel, la priorité devient de trouver un appartemen­t. Elle n’a pas de meuble, elle dort au sol, on doit chercher un matelas, et on n’a pas encore eu le temps de parler accou‐ chement, de ce nouveau pays ! souligne la coordonnat­rice.

Et cela sans compter les mois d’attente pour obtenir de la fonction publique fédé‐ rale un permis de travail ou l’accès au programme fédéral de santé intérimair­e (PFSI), ajoute Mme Cadet.

Depuis la fin 2021, les arri‐ vées de demandeurs d’asile à la frontière ont augmenté de façon significat­ive, à tel point que le réseau de la santé de la région de Montréal s’est doté d’un mécanisme régional de coordinati­on des femmes en‐ ceintes demandeuse­s d’asile afin d’assurer un suivi et une prise en charge.

Selon les données obte‐ nues par Radio-Canada, de mars à novembre 2022, envi‐ ron 640 femmes enceintes ont été référées par ce méca‐ nisme.

Un stress financier

Lorsqu’elles sont prises en charge, les demandeuse­s d’asile obtiennent gratuite‐ ment un accompagne­ment périnatal.

Pour la plupart, les frais d’accoucheme­nt d’environ 3500 $ seront assumés par un programme fédéral (PFSI) ou la RAMQ, mais environ 20 % d’entre elles ne disposent d’aucune couverture.

C’est sûr que ça génère pour elles une anxiété moné‐ taire, explique la sage-femme Amélie Lamarche.

Cette dernière cite un cas récent où une patiente a quit‐ té l’hôpital après l’accouche‐ ment parce qu’elle n’avait pas les moyens de rester trois, quatre jours à l’hôpital.

Un suivi post-accouche‐ ment

Lors de notre passage au Centre de pédiatrie sociale, un jeune couple ayant fui le Ko‐ weït était présent pour un sui‐ vi avec leur nouveau-né.

Ils m'ont beaucoup aidé à savoir comment m'occuper de lui, ils m'ont aussi offert une aide matérielle, explique Sarah Mahmoud Ab-Hassan.

Son conjoint était très re‐ connaissan­t.

Cet endroit est une bouée de sauvetage! exprime Moha‐ med El Sayed. Chacun donne le meilleur de lui-même.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada