Magie au clair de lune : se faire jouer des tours
Woody Allen déploie ses tours de magie, à voir sur ICI Télé le dimanche 29 jan‐ vier, à 23 h 25.
Un rythme d’un par année (oui, même depuis qu’il est devenu persona non grata)… Les films de Woody Allen ont beau se suivre et souvent se ressembler, ils n’en restent pas moins aussi stimulants que réconfortants. La joie de la nouveauté et la force des habitudes bien acquises : la combinaison définit presque l’idée de plaisir au cinéma.
Une distribution impec‐ cable
Quarante-cinquième film, donc, d'Allen, qui porte le joli titre suranné de Magie au clair de lune (Magic in the Moonlight). Comme d’habi‐ tude, la distribution en jette. Tout le monde veut (ou vou‐ lait..) faire son passage chez Woody, et cette fois, ce sont Colin Firth, Emma Stone, Mar‐ cia Gay Harden, Jacki Weaver, Ute Lemper, Eileen Atkins ou Catherine McCormack qui ont tiré le numéro chanceux.
À eux la plongée dans le passé belle comme une carte postale (dans la Provence des années 20). À eux les frou‐ frous et les costumes d’une impeccable élégance. À eux, les dialogues affreux, sales et méchants dits dans une langue de velours. À eux la ro‐ mance, l’au-delà, les trucs et secrets de magicien.
Abracadabra rences et réfé‐
Car c’est dans cet univers d’illusions et de charlatanisme que Woody Allen s’est plu à planter le décor de cette his‐ toire charmante, dans la‐ quelle un célèbre illusionniste est mandaté pour prouver que Sophie, une jeune Améri‐ caine, qui prétend communi‐ quer avec les esprits, n’est qu’écran de fumée et astuces manipulatrices.
Autant d’éléments que l’amateur allenien aura bien sûr reconnus : prestidigita‐ tion, comme dans Scoop, averse pour surprendre des amants sur le point de l’être, comme dans Match Point, confrontation entre l’émotivité américaine et la nonchalance britannique comme dans Escrocs, mais pas trop (Small Time Crooks)… Mais autant d’élé‐ ments qui pullulent aussi au‐ tour de ce formidable person‐ nage de magicien misan‐ thrope et snob (Colin Firth) qu’Allen dote d’un esprit re‐ doutable, de répliques assas‐ sines, mais aussi d’une senti‐ mentalité attachante et d’un romantisme jamais gnan‐ gnan.
Une émotion inatten‐ due
Une dernière cerise sur le sundae? Magie au clair de lune n’a peut-être pas la den‐ sité des grands Woody Allen (de Manhattan à Jasmine French), mais il n’en reste pas moins profondément tou‐ chant. Car il n’est pas bien dif‐ ficile d’y voir aussi, derrière le ton primesautier et sympa‐ thique, un cinéaste d’un cer‐ tain âge en train de s’interro‐ ger sur la mort, l’au-delà et la possibilité qu’existe un autre monde qui nous échappe. La touche Allen, en somme.