Coudre son identité, entre tradition et modernité
Les machines à coudre neuves bourdonnent. Dix adolescents s’affairent à rendre hommage à un sur‐ vivant des pensionnats leur tenant à coeur. Le plus récent laboratoire de cou‐ ture de l’organisme de l'Ou‐ taouais, J’aime les Premiers Peuples, installé à Kitigan Zibi, est en pleine ébulli‐ tion.
Le programme Sew & Sew, mis sur pied par l’organisme dirigé par la Montebelloise Jo‐ sée Lusignan depuis 10 ans, est implanté dans une dou‐ zaine de communautés au‐ tochtones d’un bout à l’autre du pays, du nord du Labrador au Nunavut, en passant par le nord de la Saskatchewan.
Grâce à des partenaires tels Calvin Klein, Tommy Hilfi‐ ger et Janome, ce programme permet aux élèves des écoles ciblées d’avoir accès à tout le matériel de couture néces‐ saire afin de renouer avec un savoir-faire traditionnel, voire de pousser leurs talents de créateurs plus loin.
Depuis septembre dernier, l’école Kitigan Zibi Kikinamadi‐ nan accueille le plus gros labo‐ ratoire de Sew & Sew, et le premier à proximité d’un grand centre urbain et acces‐ sible autrement que par avion.
Les laboratoires qu’on ins‐ talle sont toujours en fonc‐ tion de la population étu‐ diante, soutient la présidente et cofondatrice de J’aime les Premiers Peuples, Josée Lusi‐ gnan. Ici, à Kitigan Zibi, on a un laboratoire avec 20 ma‐ chines [...], qui sont assez ré‐ sistantes pour coudre les peaux, coudre du matériel très, très robuste pour faire des tentes, etc. On fournit à l’école le nombre de machines qui sont requises et ensuite, chaque année, on fournit aus‐ si tout le tissu et les acces‐ soires nécessaires pour soute‐ nir le programme de couture.
Apprentissage et réap‐ propriation culturelle
D’aussi loin qu’il se rap‐ pelle, Maxie Meness a tou‐ jours vu sa mère et sa grandmère maternelle coudre, no‐ tamment des régalias ou d’autres vêtements cérémo‐ niels que les membres de sa famille portent lors des powwows, par exemple.
J’ai toujours été fasciné par ce qu’elles arrivaient à créer, alors c’est cool que je puisse apprendre à coudre moi aus‐ si. J’aime l’idée de pouvoir pro‐ duire un vêtement que je pourrais porter. J’aime savoir que si j’en ai envie, j’aurai dé‐ veloppé les habiletés pour le faire, soutient l’adolescent de 16 ans.
Créer des régalias, c’est pour moi une manière in‐ croyable d’exprimer notre culture. Si j’avais à concevoir la mienne, elle serait pleine de petits détails, d’éléments complexes qui représentent bien qui je suis.
Maxie Meness, étudiant de cinquième secondaire à Kiti‐ gan Zibi
Kelly Diabo écoute Maxie en souriant. Cette dernière enseigne la couture aux élèves du secondaire de l’école Kitigan Zibi Kikinamadi‐ nan, discipline qui s’inscrit dans le cursus de ses cours d’études autochtones et d’arts.
Traditionnellement, nous avons toujours conçu et cou‐ su nos propres vêtements, rappelle-t-elle. C’est une tâche qui peut être fastidieuse, mais qui peut aider à développer la patience chez les élèves. En pratiquant la couture, ils peuvent intégrer les histoires et tout ce que leurs proches leur ont transmis. Cette ap‐ propriation de soi permet également une réappropria‐ tion de leur culture.
Tous les élèves n’ont pas la même motivation à coudre, mais ils semblent néanmoins trouver dans cette matière obligatoire une façon d’expri‐ mer leurs émotions ou ce qu’ils ont retenu des cours de Kelly Diabo.
Une courtepointe pour Tony
Ses 10 étudiants de cin‐ quième secondaire travaillent à l’élaboration d’une courte‐