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Québec lance un grand chantier pour protéger le français

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Le gouverneme­nt Legault, qui a réformé la loi 101 lors de la dernière législatur­e, ne s'arrêtera pas là. Le mi‐ nistre Jean-François Ro‐ berge annonce le déploie‐ ment d'une nouvelle « of‐ fensive » pour stopper le déclin de la langue de Vi‐ gneault sur le territoire québécois.

Le député de Chambly avait convié les médias ven‐ dredi matin pour présenter le grand chantier qu'il lancera en 2023 dans le but d'inverser la tendance, réitérant l'appel au réveil national qu'il avait lancé avant les Fêtes. Les Québé‐ cois, dit-il, sont à la croisée des chemins.

De toute urgence, il faut améliorer la qualité et la maî‐ trise du français; et de toute urgence, il faut assurer sa vita‐ lité dans toutes les sphères de la société, a lancé le ministre en point de presse.

L'initiative présentée par M. Roberge vendredi prévoit notamment la création d'un groupe d'action pour l'avenir de la langue française. Le co‐ mité sera composé d'une de‐ mi-douzaine de ministres, qui se réuniront environ aux deux semaines, dans un pre‐ mier temps, du moins.

M. Roberge pourra ainsi compter sur les services de ses collègues Christine Fré‐ chette, Mathieu Lacombe, Pascal Déry, Bernard Drainville et Martine Biron. Son prédé‐ cesseur, Simon Jolin-Barrette, ne fera pas partie du groupe – mais il pourra s'y joindre à l'occasion, a mentionné le mi‐ nistre.

L'offensive prévoit en outre une démarche de consultati­on auprès d'experts et de citoyens, ainsi que la création d'un tableau de bord qui permettra de suivre l'évo‐ lution de la situation linguis‐ tique au Québec.

Le tout devrait déboucher sur un plan d'action qui sera déposé au plus tard à l'au‐ tomne 2023.

Une campagne publicitai­re de grande envergure devrait par ailleurs être lancée dans les prochains mois pour que tout le monde prenne conscience de la situation ac‐ tuelle de la langue française. Elle s'étalera sur plusieurs an‐ nées, a spécifié le ministre.

Des indicateur­s pour surveiller l'évolution de la situation

Le dernier événement du genre, souligne-t-on en cou‐ lisse, remonte aux États géné‐ raux présidés par Gérald La‐ rose au début des années 2000. La situation a pourtant empiré depuis.

Pour éviter que la même chose se reproduise, le groupe souhaitera donc se donner de nouveaux indica‐ teurs, a indiqué vendredi le ministre de la Langue fran‐ çaise, et ce, au-delà des infor‐ mations de recensemen­t fournies aux cinq ans par le fédéral.

L'urgence de la situation commande des mises à jour plus rapides, selon lui. On va, de manière complément­aire, se chercher d'autres indica‐ teurs en fonction du plan, a expliqué M. Roberge. On veut un plan d'action qui est clair, et on veut être capables de mesurer les effets.

Ces indicateur­s, qui seront intégrés dans un tableau de bord, permettron­t au gouver‐ nement de se fixer un échéancier pour chacun des objectifs qui apparaîtro­nt dans son plan d'action, a pré‐ cisé M. Roberge.

D'entrée de jeu, ce dernier a toutefois exclu la possibilit­é d'étendre la loi 101 au collé‐ gial, jugeant que ce dossier était déjà clos.

Ralentir, arrêter, puis inverser le déclin

L'usage du français décline au Québec, selon les plus ré‐ centes données présentées par Statistiqu­e Canada. Tous les indicateur­s sont en baisse.

Le gouverneme­nt Legault souhaite que sa nouvelle of‐ fensive puisse mobiliser la po‐ pulation, afin que celle-ci ne tienne pas l'avenir du français pour acquis. Cette mission fait d'ailleurs partie du mandat qu'a reçu Jean-François Ro‐ berge au lendemain des der‐ nières élections, a expliqué le principal intéressé, vendredi.

Le premier ministre m'a confié l'automne dernier un mandat important, [soit] celui de prendre tous les moyens nécessaire­s pour ralentir, ar‐ rêter, puis inverser le déclin de la langue française qu'on voit depuis trop longtemps, a rappelé le ministre.

M. Roberge s'inquiète no‐ tamment que seulement 48 % des Montréalai­s utilisent le français comme langue parlée à la maison. Mais il ne s'agit pas uniquement d'un pro‐ blème métropolit­ain, sou‐ ligne-t-il. Le recul du français est observable dans tous les grands indicateur­s et dans toutes les régions, dont l'Ou‐ taouais.

À la grandeur du Québec, les statistiqu­es sont inquié‐ tantes.

Jean-François Roberge, mi‐ nistre de la langue française

Présent lors de l'annonce, le ministre Lacombe s'est aus‐ si inquiété que les jeunes semblent se détourner de la culture d'ici. Selon un rapport publié l'été dernier, le Québec a généré 4,6 milliards d’écoutes de chansons sur les services en ligne en 2021, dont seulement 9 % d’artistes de la province.

Et là-dessus, il y en a beau‐ coup qui étaient des conte‐ nus anglophone­s, a-t-il relevé. Donc on a beaucoup, beau‐ coup de travail à faire à ce ni‐ veau-là.

Plus tôt cette semaine,

François Legault avait confié à Patrice Roy dans une entre‐ vue accordée en exclusivit­é à Radio-Canada que son gou‐ vernement poserait de nou‐ veaux gestes à saveur linguis‐ tique au cours de son man‐ dat, notamment dans le do‐ maine l'immigratio­n.

Un commissair­e à la langue française devrait être choisi par l'Assemblée natio‐ nale dans la foulée de l'adop‐ tion de la loi 96, l'an dernier. La nomination a toutefois été repoussée, l'opposition ayant en coulisse manifesté son désaccord sur l'identité du candidat retenu par le gou‐ vernement.

La Coalition avenir Québec (CAQ) multiplie les annonces en marge du caucus de pré‐ session qu'il a officielle­ment entamé jeudi à Laval. Bernard Drainville a notamment pré‐ senté les sept priorités aux‐ quelles il entend s'attaquer en Éducation.

La CAQ a également fait savoir jeudi soir que le pré‐ sident de son aile jeunesse, Victor Pelletier, se présentera à l'élection complément­aire qui aura lieu bientôt dans la circonscri­ption montréalai­se de Saint-Henri–Sainte-Anne, représenté­e jusqu'au 1er dé‐ cembre dernier par l'ex-cheffe libérale Dominique Anglade.

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