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Une station-service Irving abandonnée dérange, à SaintMaxim­e-du-Mont-Louis

- Guillaume Whalen

Catherine Champagne Poi‐ rier, une citoyenne du sec‐ teur de L’Anse-Pleureuse, à Saint-Maxime-du-MontLouis, demande à l'entre‐ prise pétrolière Irving Oil d'entretenir son bâtiment abandonné depuis près de 20 ans.

L'ancienne station-service est située au coin de la route 132 et de la 198, me‐ nant à Murdochvil­le.

À son avis, elle représente une nuisance pour la commu‐ nauté d'un point de vue es‐ thétique. Habitant en HauteGaspé­sie depuis trois ans, elle déplore le fait que le bâtiment est devenu la cible des van‐ dales au cours des deux der‐ nières années.

Selon cette citoyenne, alors que des résidents s'éver‐ tuent à revitalise­r le secteur, la compagnie laisse sa pro‐ priété à l'abandon.

Je n’avais pas connaissan­ce que le bâtiment appartenai­t à Irving, raconte Cathe‐ rine Champagne Poirier. Je croyais que c’était entre les mains d’un citoyen qui en ar‐ rachait. J’ai été assez frustrée d’apprendre que ça incombait à une riche multinatio­nale qui ne s’en préoccupe pas.

Cette espèce de bunker vandalisé incarne une sorte de verrue sur notre territoire. Ça n’a pas sa place. Ça devrait être minimaleme­nt entrete‐ nu.

Catherine Champagne Poi‐ rier, citoyenne de L'Anse-Pleu‐ reuse

Devant l'inaction de la pé‐ trolière en matière de net‐ toyage, Catherine Cham‐ pagne Poirier dit avoir pris le taureau par les cornes. Elle a écrit personnell­ement à Ir‐ ving Oil en novembre dernier.

La citoyenne a demandé si elle pouvait nettoyer ellemême le bâtiment. Elle a sug‐ géré d'y peindre une murale et d'assumer une partie des coûts du projet. Cette idée lui est inspirée d’initiative­s de ci‐ toyens du secteur qui sou‐ haitent rendre des bâtiments abandonnés plus attrayants en y peignant des fresques colorées.

Par courriel, rapporte-telle, Irving Oil lui a refusé l'ac‐ cès au bâtiment, tout en re‐ connaissan­t que le site aban‐ donné pouvait constituer une nuisance pour la municipali­té.

J’étais déçue et un peu choquée puisque ça m’appa‐ raissait tout d’abord comme de la mauvaise foi. Je com‐ prends finalement qu’ils veulent simplement limiter les dépenses reliées à l’entretien, estime-t-elle.

Catherine Champagne Poi‐ rier demeure consciente du fait que la question des assu‐ rances doit être considérée pour limiter les risques d’acci‐ dent sur les lieux. Ils veulent éviter les poursuites si jamais une ventilatio­n tombe quel‐ qu'un, par exemple, avance la citoyenne de L’Anse-Pleu‐ reuse, un secteur qui compte moins d'une centaine de ci‐ toyens.

Ils ont été très courtois et sympathiqu­es. Je n’ai rien à dire sur la personne avec qui j’ai parlé, qui s’est toujours montrée très polie. Je ne veux pas qu’on pense que je suis en vendetta personnell­e contre Irving Oil.

Catherine Champagne Poi‐ rier, citoyenne de L'Anse-Pleu‐ reuse

Irving Oil lui a toutefois mentionné par courriel son intention de détruire le bâti‐ ment en 2024 ou même avant.

Catherine Champagne Poi‐ rier se dit satisfaite de cette réponse, qu'elle juge encoura‐ geante. Elle aimerait toutefois une entente signée de la part de la compagnie lui assurant qu'elle respectera cet engage‐ ment. Je ne sais pas s’ils m’ont répondu ainsi pour se débar‐ rasser de moi, lance-t-elle, pour justifier les raisons pour lesquelles elle souhaite une sorte de contrat avec l'entre‐ prise.

La Néo-Gaspésienn­e a éga‐ lement interpellé le conseil municipal de Saint-Maximedu-Mont-Louis pour connaître les recours dont la Municipali­té dispose.

Un règlement en urba‐ nisme à moderniser, dit la Municipali­té

Claude Bélanger, le maire de la municipali­té d'un millier d'habitants environ, se dit en accord avec Catherine Cham‐ pagne Poirier. Il souhaite que la compagnie pétrolière entre‐ tienne son bâtiment.

À cet égard, le conseil mu‐ nicipal de Saint-Maxime-duMont-Louis travaille depuis cet automne à mettre à jour le règlement d'urbanisme, qui date d'environ 40 ans, afin de se donner les pouvoirs d'agir.

Notre règlement en urba‐ nisme ne nous permet pas lé‐ galement de faire grandchose avec ce bâtiment parce qu’il n’est pas considéré comme étant insalubre ou présentant un risque pour la sécurité des gens, explique Claude Bélanger.

En vertu du plan d'urba‐ nisme actuel, ajoute-t-il, il fau‐ drait s'assurer que le bâti‐ ment abandonné ait perdu plus de la moitié de sa valeur pour que la Municipali­té puisse le démolir. Selon le maire, le bâtiment a une va‐ leur estimée à 40 000 $, mais il ignore si l'ancienne stationser­vice valait plus que ce montant lorsqu'elle était ac‐ tive.

Le conseil municipal veut entrer en contact avec la com‐ pagnie pétrolière pour lui faire part de ses préoccupat­ions, sans toutefois se lancer dans des poursuites judiciaire­s contre Irving Oil, dont le siège social est situé au NouveauBru­nswick. Il souhaite l'inciter à s'occuper de son bâtiment.

Au moment de publier ce texte, Irving Oil n'avait tou‐ jours pas répondu à notre de‐ mande d'entrevue.

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